La tragédie de l'Indianapolis, le plus grand naufrage de l'histoire de l'US Navy

La tragédie de l'Indianapolis, le plus grand naufrage de l'histoire de l'US Navy
L'histoire de l'USS Indianapolis reste peu connue. C'est pourtant la tragédie la plus meurtrière de l'histoire de l'US Navy : torpillé par un sous-marin japonais le 30 juillet 1945, le navire coule en quelques minutes. 900 survivants, qui attendent des jours durant des secours, vont mourir de déshydratation, d'hypothermie et ... dévorés par des requins affamés

L'USS Indianapolis est un croiseur lourd de l'US Navy rentré en service au début des années 1930. Il est aujourd'hui encore célèbre, c'est pour deux raisons : sa dernière mission et les circonstances folles de son naufrage, qui reste à ce jour le plus meurtrier de l'histoire de la marine militaire américaine. Après avoir livré le 28 juillet 1945, sur l'île de Tinian, les composants de la bombe atomique qui sera lancée sur Hiroshima, le navire se dirige vers l'île de Guam puis vers celle de Leyte. Malgré les demandes répétées du Capitaine, le navire ne reçoit aucune escorte, et ce depuis plusieurs jours.

Le 29 juillet, la mer est calme, le croiseur vogue à plus de 17 nœuds, direction Leyte. Aucun navire ennemi n'est détecté et l'activité japonaise se fait plutôt calme depuis plusieurs semaines. Pourtant, peu après minuit, une torpille japonaise frappe l'Indianapolis à l'avant, sur tribord : plus de 20 mètres de coque sont enfoncés et un réservoir de plus de 13 000 litres de carburant s'enflamme. La colonne de feu monte à plusieurs dizaines de mètres de hauteurs.

Le sous-marin de la Marine impériale japonaise, le I-58, tire alors une seconde torpille, qui frappe d'autres réservoirs de carburant ainsi que les magasins de poudre : la réaction en chaîne se déclenche et sous sa puissance, l'USS Indianapolis est presque coupé en deux. Le croiseur commence à couler presque immédiatement, la coque étant déchirée à plusieurs endroits. En moins de 12 minutes, le navire coule, emportant avec lui plus de 300 marins, qui disparaissent avec l'Indianapolis.

Sur les 1196 hommes initialement à bord, environ 900 se jettent à la mer. Leur calvaire ne faisait que commencer : cet événement est toujours considéré, aujourd'hui encore, comme la pire attaque de requin de toute l'histoire. Les embarcations de secours ne sont pas assez nombreuses. Mais un danger plus important guette : les requins, très présents dans la mer des Philippines. Et les marins vont leur faciliter la tâche : pour éviter de s'éloigner les uns les autres, ils forment des groupes de plusieurs dizaines, voir centaines de survivants.

Les requins, attirés par le bruit des explosions, le naufrage du navire et le sang dans l'eau, affluent rapidement. Ce sont en grande majorité des requins de type longimane, une espèce très agressive qui s'en prend à l'humain. Bientôt, des centaines arrivent : les premières victimes sont les marins déjà morts. Puis les blessés et les isolés deviennent les nouvelles proies. Enfin, les requins s'en prennent aux survivants de l'Indianapolis, allant les attaquer près de la surface !

Les marins, qui n'ont aucun refuge, sont une proie facile. Certains sont tellement terrorisés qu'ils sont paralysés, incapables même de manger ou de boire avec les maigres rations qu'ils avaient récupérées de leur navire. Ils ne peuvent pas manger de conserve de viande : un groupe de survivants commet cette erreur et devant l’afflux soudain de requins, doit jeter la ration. Dès lors, en plus des requins, les hommes commencent très vite à ressentir des symptômes d'hypothermie et de déshydratation.

Les survivants ne voient arriver aucune aide ni secours, alors même que la Navy est au courant du désastre : le renseignement de la marine avait intercepté un message du I-58 qui annonce à sa hiérarchie avoir coulé un cuirassé américain, sur la même route que l'USS Indianapolis. Mais le message est ignoré, la Navy pensant à pièce pour attaquer une possible flotte de secours.

Au fil des jours, de nombreux survivants vont succomber à la chaleur et à la soif. D'autres meurent après avoir bu de l'eau de mer, étant empoisonnés par le sel. Finalement, aux environs de 11h le 2 aout, au quatrième jour dans l'eau, l'espoir revient : un avion est aperçu. C'est un Lockheed Ventura en mission de reconnaissance. L'équipage aperçoit les survivants et demande en urgence un soutien. Un hydravion arrive très vite : un PBY Catalina largue des rations, des canots et tout ce qui peut aider les survivants. Le pilote, le lieutenant Adrian Marks, témoin d'attaques de requins, atterrit dans l'eau, contre les ordres de ses supérieurs, et vient en aide aux blessés et aux hommes isolés. Il va sauver 56 personnes.

Un peu après minuit, le destroyer USS Cecil J. Doyle arrive finalement sur place et vient en aide aux derniers survivants : sur près de 900 marins ayant quitté l'Indianapolis, il ne reste que 317 hommes. Les attaques de requins auraient couté la vie à plus de 150 survivants. Il s'agit encore aujourd'hui de la pire catastrophe maritime de l'histoire navale américaine.

Source : smithsonianmag.com / photo d'illustration
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