Le Bob Semple, le pire char de la Seconde Guerre mondiale, fabriqué ... en tôles
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Le Bob Semple, le pire char de la Seconde Guerre mondiale, fabriqué ... en tôles
En 1940, la Nouvelle-Zélande, pays situé au sud-est de l'Australie, ne possède aucune force blindée, ni même d'armement lourd motorisé. Sous la menace d'une possible invasion japonaise, les forces militaires décident de se doter d'un char. Le résultat sera incongru et décevant, le nouveau char étant notamment fabriqué avec des tôles !
Le ministre du travail, Bob Semple, travaille en personne sur ce projet, se basant sur une évolution d'un bulldozer Caterpillar américain déjà réalisée aux États-Unis. Il s'adjoint les services de T.G.Beck, un ingénieur des travaux publics. L'entreprise PWD, installée dans la ville de Temuka, propose sa flotte de 81 D8 Caterpillar, des bulldozer à chenille. L'idée est que l'armée en prenne possession, et qu'ils soient modifiés en urgence en cas d'invasion japonaise. Les modifications sont en effet très minimes : suspension évoluée, commandes de pilotage modifiées et blindage supérieur supplémentaire.
Le premier prototype est produit dès juin 1940, sans même la publication du moindre plan officiel, alors même que la France rend les armes en Europe face à l'Allemagne. Le blindé porte mal son nom : au-dessus de la caisse, la structure originale a été retirée et remplacée par des plaques de manganèse ondulées, des tôles, qui sont attachées à des extensions en acier !
Semple estime qu'un canon peut y être installé, mais il est encore trop tôt pour cela : le poids supplémentaire oblige même les ingénieurs a changer toute la boite de vitesse ! Et pire encore : la Nouvelle-Zélande ne possède aucun canon de 37 mm, pourtant un canon de petit calibre qui s'avère être le minimum que doit recevoir un blindé moderne.
Il est donc décidé d'y installer plusieurs mitrailleuses, au nombre de 6, de type Bren .303 : une de chaque côté, une à l'arrière, une dans la tourelle et deux positionnées vers l'avant, dans la coque. L’équipage, pour gérer cet armement qui n'est pas commandable à distance, nécessite 7 membres, qui sont très à l'étroit ! Il est malgré tout difficile d'imaginer assez de personnel formé pour cela !
Comment imaginer le déploiement opérationnel de ce char ? Il est obligatoire qu'il soit blindé, alors même que la Nouvelle-Zélande ne possède pas de blindage ! Les premiers essais, qui ont lieu au Burnham Camp en décembre 1940, sont catastrophiques : même sans blindage, le char ne se déplace qu'à moins de 10 km/h et il est presque inconduisible hors des sentiers et des routes ! Et l'équipage doit entrer et sortir par une petite porte, difficilement accessible ! Malgré tout, sans aucun autre choix possible, il est décidé de produire trois prototypes réels !
La production débute au Railway Workshops d'Addington en janvier 1941. En moins de 30 jours, le premier prototype de la série est prêt ! Et chose incroyable, il reçoit un blindage de 8 mm sur le devant du char, récupéré on ne sait où ! L'ondulation des plaques, qui donne l'impression que le char n'est affublé que de simples tôles, permettrait d'arrêter les balles de fusil antichar ennemi jusqu'à 20 mm. On produit également des remorques spécifiques, qui permettent de charger et décharger les blindés en quelques minutes !
Le second char est terminé en mars 1941. Les deux prototypes qui viennent d'être fabriqués sont présentés lors d'un défilé à Christchurch le 26 avril. Mais la population, loin d'être parcourue par la fibre patriotique, voit dans le char une plaisanterie, persuadée que les vrais blindés suivront ! C'est à cette époque que ce petit blindé est surnommé le ‘Bob Semple’s Tank’.
Après de nouveaux essais et malgré quelques qualités, comme la résistance de la caisse ou la possibilité de les déployer rapidement, les blindés sont de nouveau testés en octobre 1941 au Burnham Camp, devant le Major General Puttick, le chef d'état-major.
La carrière du char connait une évolution dans la seconde moitié d'octobre 1941 lorsque l'armée britannique envoie plusieurs chars de type Valentine, bien mieux blindés et plus performants, quoi que déjà obsolètes en Europe et en Afrique du Nord, dans l'optique de la défense de l'île. Pourtant, les deux Bob Semple’s Tank sont officiellement acceptés par l'armée, qui retire immédiatement les tourelles, jugées inutiles car n'ayant pas de canons. Le temps d'une possible invasion est alors passé : les Britanniques fournirent des chars Valentine et des chenillettes Bren Carrier allaient être produites directement en Nouvelle-Zélande.
Après quelques essais, il est décidé de renvoyer les Bob Semple’s Tank, sans leur blindage, à leur affectation de bulldozers civils et d'arrêter la production ! Le premier véhicule, le pré-prototype resté à Auckland, aurait été mis en service sur le théâtre du Pacifique ... comme bulldozer
Même s'il est aujourd'hui facile de se moquer, Robert Semple et son équipe ont proposé à la Nouvelle-Zélande et au monde le visage d'une nation alors presque sans défense mais pourtant capable de développer sa propre force blindée, tout en montrant une détermination à se battre et à résister à l'ennemi japonais. La Nouvelle-Zélande, même si elle avait dû se battre avec ce matériel totalement dépassé et à 1000 lieux des blindés de son époque, n'aurait ainsi jamais renoncé à la défense de son territoire face à la dictature du Japon
Source : tanks-encyclopedia.com
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