Ces collégiens entretiennent la mémoire d’un vétéran de la Seconde Guerre mondiale depuis un an

Par Émilie MICHEL

Don Reynolds, vétéran américain de la Seconde Guerre mondiale, est décédé en mai 2020. Aujourd’hui encore, des liens solides perdurent entre un collège de Saint-Lô (Manche) et sa famille, qui a même fait un don important à l’établissement scolaire.

« Don disait : Ne pleure pas parce que c’est fini, réjouis-toi parce que c’est arrivé. » Même la mort n’a pas réussi à rompre les liens tissés par Don Reynolds avec ses amis normands.

Le vétéran américain de la Seconde Guerre mondiale est décédé en mai 2020 aux États-Unis. À Saint-Lô (Manche), des collégiens du Bon-Sauveur lui rendent aujourd’hui hommage dans une exposition qu’ils présentent aux seize classes de l’établissement. Ils ont aussi organisé une collecte au profit de l’Unicef « parce que Don était un homme généreux ».

Portés par « la vie exemplaire » de l’Américain, les voici dépositaires de sa mémoire. « Connaître ce qu’il a vécu, ça nous donne envie de prendre exemple sur lui », explique une élève de la 3e Don-Reynolds.

Un don de 20 000 dollars au collège

Parce que son amitié avec les Saint-Lois avait beaucoup compté pour leur père, Laurie et Mark, deux des quatre enfants de Don, ont fait un don de 20 000 dollars au Bon-Sauveur, pour « qu’on continue de faire vivre sa mémoire. On l’aurait fait de toute façon », souligne Sylvain Chevallier, professeur d’anglais.

Les liens perdurent entre le collège et la famille Reynolds. Les vingt-trois élèves ont écrit une lettre, en anglais, à Laurie. « Elle nous a répondu à tous ! » Une collégienne, Louise, continue même de correspondre avec elle.

En décembre 2020, « avant les vacances de Noël, on a fait un zoom avec Laurie et Mark », souligne Mathis, un autre élève. « On leur a présenté en anglais un diaporama qu’on avait fait sur leur père », ajoute Louna. « Laurie a été très très émue », se souvient Mathis.

Une amitié qui avait commencé en 2009

C’est lors du décès du vétéran que le Bon-Sauveur a réalisé à quel point cette amitié par-delà l’océan était importante dans la vie de Don Reynolds, qui en parlait régulièrement, comme durant une interview captée pour l’Americans in Wartime Museum.

Au printemps 2020, son fils m’a écrit pour me demander d’envoyer un message qu’il puisse lire à son père. Quand j’ai envoyé un deuxième e-mail, j’ai appris que Don était décédé. La famille m’a demandé de témoigner pour la cérémonie mise en ligne, sur Internet, en hommage à Don. J’ai envoyé une vidéo », relate Sylvain Chevallier.

C’est lui qui, le premier, avait été en contact avec le vétéran. C’était en 2009, l’année du 65e anniversaire du D-Day. « J’étais en relation avec l’American Battle Monument. J’avais demandé si un vétéran souhaitait rencontrer des élèves du Bon-Sauveur. Don s’était proposé. Il n’était pas là pour faire le héros. Ce qui l’intéressait, c’était le lien avec les élèves »,se souvient l’enseignant. Cela fut le début d’une longue et belle amitié.

Un cadeau pour l’anniversaire du vétéran

Par la suite, à chaque fois qu’il faisait avec ses élèves un « travail sur le devoir de mémoire », Sylvain Chevallier contactait le vétéran. « On a fait plusieurs Skype, avec les élèves, durant toutes ces années. »


Don Raynolds, ici avec son épouse Sally. (Photo : DR)

Don Reynolds aurait aimé revenir en Normandie pour le 75e D-Day mais des problèmes de santé ne le lui permettaient pas. « J’ai pris l’initiative de jumeler une classe avec lui, durant l’année 2018-2019 », poursuit Sylvain Chevallier.

Les échanges, sur la Seconde Guerre mondiale ou même sur la politique américaine, étaient toujours passionnants avec cet « homme plein d’humour, intelligent, curieux de tout ». L’amitié creusait son sillon.


Extrait du poème « Rappelle-toi Don » écrit par Teeyah, une élève de la 3e Don-Reynolds du collège du Bon-Sauveur à Saint-Lô. (Photo : Ouest-France)

Les élèves de la 3e Don-Reynolds ont tant travaillé sur son histoire, de l’enfant issu de migrants hongrois à l’adolescent, brillant en cours comme sur les terrains de sport, au soldat engagé dans l’Adsec (Section logistique) qui débarqua le 21 juin 1944 à Utah Beach… que c’est un peu comme s’ils l’avaient connu.

Comme l’a écrit la jeune Teeyah dans un poème : « Souviens-toi de Don, comme l’ami parfait qu’on aurait aimé rencontrer. Mais dis-toi que là où il est, il reposera toujours en paix. »
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