LA SANDALETTE DE PLOUHA
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -29%
DYSON V8 Origin – Aspirateur balai sans fil
Voir le deal
269.99 €

Anne-Sarah Kertudo, juriste aveugle et sourde, milite pour le droit des personnes handicapées

Aller en bas

Anne-Sarah Kertudo, juriste aveugle et sourde, milite pour le droit des personnes handicapées  Empty Anne-Sarah Kertudo, juriste aveugle et sourde, milite pour le droit des personnes handicapées

Message par Admin Dim 10 Oct - 23:54

« On perçoit le handicap comme une perte de chance de réussir », regrette Anne-Sarah Kertudo. Aveugle et sourde, elle s'engage contre la stigmatisation des personnes invalides.

Anne-Sarah Kertudo, juriste aveugle et sourde, milite pour le droit des personnes handicapées  Sans6560

Anne-Sarah Kertudo, juriste, bataille pour l’émergence d’un nouveau regard sur le handicap. (©Anne-Sarah Kertudo)
Par Rédaction Île de France Publié le 10 Oct 21 à 19:42

Tête haute et yeux bleus clairs grand ouverts, Anne-Sarah Kertudo prend un café en terrasse, place de la Nation à Paris, pas découragée par la pluie torrentielle qui s’abat sur la capitale en cette journée de septembre 2021.

Large sourire, sa voix puissante et pleine d’entrain témoigne de son énergie et de sa force de caractère. Juriste, la femme âgée de 49 ans est aussi aveugle et malentendante et franchit les obstacles au nom du droit.

Permettre aux personnes handicapées de connaître leurs droits


Discrètement appareillée aux oreilles, ses différences sont quasi insoupçonnables. Munie d’une canne blanche, Anne-Sarah Kertudo fait régulièrement seule le trajet, entre Nation et Montreuil (Seine-Saint-Denis), où elle vit.

Pourtant, cette juriste âgée de 49 ans se lève tous les jours sans entendre ni voir. Malentendante depuis l’adolescence, elle est devenue complètement aveugle à l’âge adulte. Mais Anne-Sarah Kertudo est déterminée à faire changer le regard que la société porte sur le handicap.

En 2002, elle a créé la première permanence juridique pour la communauté sourde, à la mairie du 9e arrondissement de Paris, afin d’informer ces personnes sur leurs droits, en langues des signes.

Un engagement né d’une discrimination


Son combat pour les autres ne s’arrête pas là. Fille « d’intellectuels de gauche » et mère de deux adolescents, Anne-Sarah Kertudo crée également son association Droit Pluriel,https://droitpluriel.fr/ en 2009, afin d’améliorer l’accessibilité de la justice. « Les personnes en situation de handicap n’ont pas la possibilité de connaître leurs droits », déplore-t-elle.

L’association s’adresse aux justiciables et aux professionnels du droit. Elle estime que le handicap ne doit pas être considéré comme une infériorité. « On perçoit le handicap comme une perte de chance de réussir ou s’épanouir », regrette-t-elle. Elle souhaite démontrer le contraire.

Inscrite en droit à l’Université d’Assas après le baccalauréat, Anne-Sarah Kertudo a obtenu une maîtrise sans difficulté. Sa différence dérange toutefois lorsqu’elle tente à trois reprises le concours du barreau. « Le concours est difficile pour les gens normaux mais pour vous, même pas la peine d’y penser », lui assène la directrice de l’Institut d’études judiciaires, école obligatoire pour devenir avocat.

Un procès gagné après quatre ans de procédure[/b]

Un épisode douloureux que relate la juriste dans son livre Est-ce qu’on entend la mer à Paris ? publié aux éditions L’Harmattan en 2010. Son ami avocat Mathieu Simonet est intimement convaincu qu’elle a été « saquée ».

Il porte alors l’affaire devant les tribunaux. Il plaide la discrimination. Les copies d’examens d’Anne-Sarah, censées être anonymisées, sont estampillées de la lettre « H » pour handicap et ont été mises de côté. Quatre années de procédure plus tard, le procès est gagné contre la faculté d’Assas.

Entre temps, Anne-Sarah Kertudo a perdu l’envie d’être avocate. Mais plus révoltée que jamais, elle s’oriente vers la défense des plus démunis et intègre l’association Droit au logement, où elle va exercer ses compétences acquises à l’école des avocats.

« Souffre-douleur » durant l’enfance

Enfant, le mot handicap n’est jamais prononcé dans sa famille. Malgré des années d’errance médicale, cette professionnelle du droit considère son invalidité ni comme un problème, ni comme un obstacle. « J’ai une chance inouïe d’être très entourée, ça m’a beaucoup aidée à m’accepter. »

Hors du cocon familial, cependant, sa scolarité est un chemin de croix, celui vécu par les enfants qui sont les « souffre-douleur » des autres. Au collège, son audition se dégrade mais honteuse, elle le cache. De 10 à 20 ans, elle n’a pas l’impression d’exister. En raison de sa différence, elle est moquée et rejetée par ses camarades.

Découverte du langage des signes

Ce dont elle témoigne dans son livre autobiographique.


Le problème de vue fut déjà difficilement accueilli mais quand s’y ajouta la surdité, c’en fut trop pour eux et on me le fit nettement comprendre.

Longtemps enfermée dans le silence, elle en est sortie, mais pas sans efforts : elle a appris la lecture labiale et a accepté un appareillage discret, caché au fond de l’oreille. Sa découverte du monde des sourds grâce au langage des signes a fait naître sa vocation de défenseuse des droits des sourds. Selon elle, « c’est une population marginalisée, isolée, totalement oubliée du système et pour qui rien n’a été prévu. »

En couple pendant 20 ans avec le père de ses deux enfants, sa vie à Montreuil, assure-t-elle, n’est pas différente de celles des autres. Lorsqu’elle devient mère pour la première fois en 2004, la question de sa surdité n’est jamais abordée. C’est un non-sujet, pour elle et son entourage. Même quand, en 2014, elle perd totalement la vue. Certains de ses proches s’inquiètent et se demandent comment elle va faire pour continuer à travailler, éduquer ses enfants. Son ami Mathieu Simonet la pousse à continuer l’écriture et devient le prolongement de ses yeux.

Réalisatrice de documentaires

Anne-Sarah Kertudo est aussi réalisatrice de films-documentaires. Une monteuse l’accompagne et transcrit l’audio en texte. Son dernier film, Parents à part entière, porte sur des parents non-voyants confrontés à la justice. Il est destiné aux professionnels du droit pour sensibiliser les magistrats à la question de la parentalité et du handicap.

La maternité et le handicap ne sont pas antinomiques. Pourtant, en France, cette question reste encore taboue. Les femmes en situation de handicap ont des droits et doivent les faire valoir.

Certains parents non-voyants se sont vus demander des certificats attestant pouvoir laver, nourrir ou soigner leur enfant, d’après les témoignages recueillis dans le documentaire. La juriste dénonce « une présomption d’incapacité ».

« Elle tire une force de son handicap et bouscule les a priori »

Son amie Faustine, juriste et membre de l’association Droit pluriel depuis six ans, apprécie son franc-parler. « Elle a la capacité de rassembler et de mobiliser sur des sujets qui intéressent peu de monde. Elle tire une force de son handicap et bouscule les a priori. »

Toujours à la recherche de nouveaux projets, Anne-Sarah Kertudo a rejoint en septembre La Constellation, une compagnie de théâtre installée en Essonne qui accueille une fois par semaine des jeunes adultes, autistes ou souffrant de troubles mentaux. Un nouvel engagement pour continuer à faire bouger les lignes.

Par Ségolène GINTER D’AGRAIN.
En partenariat avec le Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ).
https://actu.fr/societe/portrait-anne-sarah-kertudo-juriste-aveugle-et-sourde-le-handicap-ce-n-est-pas-grave_45491576.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR3NsNKwLf_8ixjKD2xZS4Nc8zR7mnOLJMy57K7wC1CLeMhb8BPgBHVIooM#Echobox=1633889321-7
Admin
Admin
Admin

Messages : 16499
Date d'inscription : 07/04/2015
Age : 69
Localisation : cotes d'armor

https://lasandalettedeplouha.lebonforum.com

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum