Fort Boyard : le fort le plus connu au monde (Source : Le Progrès)
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Fort Boyard : le fort le plus connu au monde (Source : Le Progrès)
Le Fort Boyard ne doit pas sa notoriété à l’incroyable défi technique de sa construction mais aux caméras de télévision qui l’ont élu comme cadre privilégié du fameux jeu qui porte son nom. L’histoire de cet ouvrage militaire est empreinte de ces deux réalités si différentes.
Fort Boyard est probablement la fortification la plus connue au monde, suppose Denis Roland, ancien conservateur du musée national de la marine à Rochefort. En cause ? Le jeu télévisé éponyme bien sûr. Lequel a engendré un grand nombre de versions étrangères prenant pour cadre le même fort, situé dans la Charente-Maritime.Le département est, du reste, le détenteur de cet ouvrage militaire dont la silhouette graphique est reconnaissable entre mille. Son pari à la fin des années 1980 ? Restaurer ce fort laissé à l’abandon depuis des décennies déjà pour en faire le cadre de jeux télévisés imaginés par Jacques Antoine.
Le Fort Boyard (Charente-Maritime)
Occupé par les caméras presque toute l’année
En contrepartie des frais engendrés, la finalité est, bien sûr, de redorer le blason touristique du département, même si le fort ne peut être visité. « Il est occupé par les caméras la plupart du temps et y accoster avec des touristes nécessiterait des aménagements spéciaux », nous explique l’ancien conservateur. Tant que l’émission Fort Boyard continuera d’intéresser les téléspectateurs, cette situation perdurera. Dans le cas contraire, des options touristiques pourront éventuellement être envisagées. Affaire à suivre.
Entre Aix et Oléron, pour bloquer le passage
« L’arsenal, à Rochefort, est fondé en 1666. Louis XIV et Colbert avaient alors besoin d’une marine de guerre permanente. Brest, Toulon et Rochefort vont participer à cela. Il faut protéger cet espace industriel. Avant même d’arriver dans l’estuaire, les îles d’Aix, d’Oléron et de Ré forment une espèce d’entonnoir, qui s’appellent un pertuis (une porte).
« C’est très pratique pour protéger l’accès. Mais il y a des verrous mal fermés. En particulier entre l’île d’Aix et l’île d’Oléron, il y a un passage qui fait moins de six kilomètres de large. On imagine donc de mettre un fort au milieu pour bloquer le passage », introduit Denis Roland.
Vauban déconseille, Louis XIV abandonne l’idée
Vauban décourage pourtant de tels travaux qui lui paraissent compliqués et, surtout, bien trop coûteux. « On savait qu’il y avait un banc de sable à cet endroit, cartographié un siècle plus tôt par les Hollandais. » D’où l’appellation « Boyard », phonétiquement proche en hollandais du terme signifiant « banc de sable ». Malgré ce fameux banc de sable qui rend possible la construction du fort, Louis XIV laisse tomber l’idée.
Napoléon relance l’affaire… avant d’abandonner lui aussi
En 1801, sous Napoléon, Boyard et son banc de sable refont surface. « Il va donc falloir faire un gros tas de cailloux sur lequel on pourra poser le fort. Et voilà un chantier invraisemblable qui démarre. Il se fait plutôt à marée basse, parfois la nuit, dans des conditions assez difficiles. Régulièrement, les Anglais viennent tirer sur les ouvriers. Les tempêtes dispersent ce qui a été fait dans l’année », racontent Denis Roland. De 1803 à 1809, 75 000 m3 de cailloux sont posés. Malgré cela, les travaux sont interrompus, Napoléon ne croyant plus du tout à la valeur de l’arsenal de Rochefort.
40 ans après, les travaux reprennent
Quarante ans plus tard, sous Louis-Philippe les travaux reprennent. « Ça devenait à nouveau légitime de protéger Rochefort car c’était un véritable site d’expérimentation maritime. On voit, en outre, que le tas de caillou s’est enfoncé d’un mètre mais qu’il est stable. »
De 1852 à 1859, on termine le fort. Mais on se rend compte de deux problèmes : la difficulté pour accoster (ce petit escalier qu’on voit souvent dans le jeu n’est pas très commode pour monter des canons) et les vagues qui passent par-dessus la muraille. « On fait donc un avant-port et un brise-vague, qui ont disparu depuis. Ce qui rajoute sept années de travaux ! », conclut Denis Roland dans un sourire
En 1866, l’ouvrage est achevé. Il est prévu pour 260 hommes. Mais, à cette date, on n’a plus vraiment besoin d’un fort intermédiaire entre Aix et Oléron. L’artillerie ayant évolué, on peut tout à fait, depuis Aix et Oléron, opérer un tir croisé qui empêche les bateaux de passer. Le fort aura donc comme utilité principale de témoigner de l’art des ingénieurs de la marine française. En fait de canons, ce sont les caméras de télévisions qui finiront par occuper le fort.
En 1962, le fort est mis en vente. L’enchère est remporté par un dentiste installé à Avoriaz. Il reconnaît lui-même ne s’être pas rendu plus de cinq fois sur ce fort acheté pour une bouchée de pain mais dont les projets de restauration étaient bien sûr trop onéreux !
« En 1966, le fort fait une première apparition à l’écran dans un film qui s’appelle Les Aventuriers. Il est vu par Jacques Antoine, grand créateur de jeux. En 1988, il imagine un jeu d’aventures en temps réel dans un champ clos. Le dentiste a remis son fort en vente. » Culoté, Jacques Antoine propose le marché suivant au département de Charente-Maritime : « Vous rachetez le fort, vous faites les travaux nécessaires et en échange je vous fais un jeu qui parle du département au niveau national. » Et voilà comment une collaboration inédite entre une collectivité et une entreprise télévisuelle est mise en place et perdure aujourd’hui !
https://youtu.be/Ymw_74PS9t8
Fort Boyard est probablement la fortification la plus connue au monde, suppose Denis Roland, ancien conservateur du musée national de la marine à Rochefort. En cause ? Le jeu télévisé éponyme bien sûr. Lequel a engendré un grand nombre de versions étrangères prenant pour cadre le même fort, situé dans la Charente-Maritime.Le département est, du reste, le détenteur de cet ouvrage militaire dont la silhouette graphique est reconnaissable entre mille. Son pari à la fin des années 1980 ? Restaurer ce fort laissé à l’abandon depuis des décennies déjà pour en faire le cadre de jeux télévisés imaginés par Jacques Antoine.
Le Fort Boyard (Charente-Maritime)
Occupé par les caméras presque toute l’année
En contrepartie des frais engendrés, la finalité est, bien sûr, de redorer le blason touristique du département, même si le fort ne peut être visité. « Il est occupé par les caméras la plupart du temps et y accoster avec des touristes nécessiterait des aménagements spéciaux », nous explique l’ancien conservateur. Tant que l’émission Fort Boyard continuera d’intéresser les téléspectateurs, cette situation perdurera. Dans le cas contraire, des options touristiques pourront éventuellement être envisagées. Affaire à suivre.
Entre Aix et Oléron, pour bloquer le passage
« L’arsenal, à Rochefort, est fondé en 1666. Louis XIV et Colbert avaient alors besoin d’une marine de guerre permanente. Brest, Toulon et Rochefort vont participer à cela. Il faut protéger cet espace industriel. Avant même d’arriver dans l’estuaire, les îles d’Aix, d’Oléron et de Ré forment une espèce d’entonnoir, qui s’appellent un pertuis (une porte).
« C’est très pratique pour protéger l’accès. Mais il y a des verrous mal fermés. En particulier entre l’île d’Aix et l’île d’Oléron, il y a un passage qui fait moins de six kilomètres de large. On imagine donc de mettre un fort au milieu pour bloquer le passage », introduit Denis Roland.
Vauban déconseille, Louis XIV abandonne l’idée
Vauban décourage pourtant de tels travaux qui lui paraissent compliqués et, surtout, bien trop coûteux. « On savait qu’il y avait un banc de sable à cet endroit, cartographié un siècle plus tôt par les Hollandais. » D’où l’appellation « Boyard », phonétiquement proche en hollandais du terme signifiant « banc de sable ». Malgré ce fameux banc de sable qui rend possible la construction du fort, Louis XIV laisse tomber l’idée.
Napoléon relance l’affaire… avant d’abandonner lui aussi
En 1801, sous Napoléon, Boyard et son banc de sable refont surface. « Il va donc falloir faire un gros tas de cailloux sur lequel on pourra poser le fort. Et voilà un chantier invraisemblable qui démarre. Il se fait plutôt à marée basse, parfois la nuit, dans des conditions assez difficiles. Régulièrement, les Anglais viennent tirer sur les ouvriers. Les tempêtes dispersent ce qui a été fait dans l’année », racontent Denis Roland. De 1803 à 1809, 75 000 m3 de cailloux sont posés. Malgré cela, les travaux sont interrompus, Napoléon ne croyant plus du tout à la valeur de l’arsenal de Rochefort.
40 ans après, les travaux reprennent
Quarante ans plus tard, sous Louis-Philippe les travaux reprennent. « Ça devenait à nouveau légitime de protéger Rochefort car c’était un véritable site d’expérimentation maritime. On voit, en outre, que le tas de caillou s’est enfoncé d’un mètre mais qu’il est stable. »
De 1852 à 1859, on termine le fort. Mais on se rend compte de deux problèmes : la difficulté pour accoster (ce petit escalier qu’on voit souvent dans le jeu n’est pas très commode pour monter des canons) et les vagues qui passent par-dessus la muraille. « On fait donc un avant-port et un brise-vague, qui ont disparu depuis. Ce qui rajoute sept années de travaux ! », conclut Denis Roland dans un sourire
En 1866, l’ouvrage est achevé. Il est prévu pour 260 hommes. Mais, à cette date, on n’a plus vraiment besoin d’un fort intermédiaire entre Aix et Oléron. L’artillerie ayant évolué, on peut tout à fait, depuis Aix et Oléron, opérer un tir croisé qui empêche les bateaux de passer. Le fort aura donc comme utilité principale de témoigner de l’art des ingénieurs de la marine française. En fait de canons, ce sont les caméras de télévisions qui finiront par occuper le fort.
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https://youtu.be/Ymw_74PS9t8
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