Ce jour où la France a connu un scénario similaire à celui de l’invasion du Capitole
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Ce jour où la France a connu un scénario similaire à celui de l’invasion du Capitole
Par Julie-Solveig SAINT-GERMES
Le Capitole américain a connu mercredi 6 janvier des violences inédites dans un lieu si solennel. Cette soirée de chaos n’est pas sans rappeler un événement de l’histoire de France, qui a bouleversé le destin du pays il y a 150 ans.
Ce sont des images qui ont choqué le monde entier. Mercredi 6 janvier, alors que le Congrès américain devait confirmer la victoire du président élu Joe Biden, une simple formalité habituellement, des manifestants pro-Trump ont envahi le Capitole à Washington. Des violences y ont éclaté, provoquant la mise sous couvre-feu de la capitale fédérale.
Nombre de médias et de politiques ont qualifié cet événement d’historique, l’estimant sans précédent. Il y a près de 150 ans pourtant, un débordement similaire a eu lieu en France, au sein même de l’Assemblée nationale.
Louis Napoléon Bonaparte déclaré « déchu de ses pouvoirs »
Nous sommes le dimanche 4 septembre 1870. Deux jours après la capitulation de Napoléon III, vaincu par la Prusse lors de la bataille de Sedan, la nouvelle du « désastre de Sedan et la captivité de l’Empereur par les Prussiens » est confirmée par le ministre de la Guerre, le général Charles Cousin-Montauban.
Réunis en urgence au sein du Palais Bourbon, à une heure du matin, par l’entremise d’Eugène Schneider, président du Corps législatif, les républicains proposent alors la déchéance de l’Empereur.
« Nous proposons à la Chambre de vouloir prendre en considération la motion suivante : Louis Napoléon Bonaparte et sa dynastie sont déclarés déchus des pouvoirs que leur a conférés la Constitution », déclare ainsi le républicain Jules Favre, qui s’était notamment opposé à la guerre contre la Prusse.
Après lecture de cette proposition signée par 27 membres, seule une protestation se fait entendre, celle de Pierre Ernest Pinard, député du Nord et ancien ministre de l’Intérieur de l’Empire. À cet effet, et face aux réticences de certains autres députés, « le président Schneider annonce alors la prochaine réunion de la Chambre pour midi, puis lève la séance », rapporte le site de l’Assemblée nationale.
Une nouvelle désastreuse annoncée par la presse
Il n’aura fallu que de quelques heures après cette première réunion pour que la nouvelle du désastre de Sedan se propage dans Paris, notamment par voie de presse. Les Parisiens, de plus en plus nombreux, se dirigent alors vers les Tuileries et la place de la Concorde.
Car à quelques mètres de là, au sein du Palais Bourbon, les délibérations pour déchoir Louis Napoléon Bonaparte ont repris, dans une atmosphère particulièrement agitée. Massée près du pont de la Concorde, une foule de Parisiens, particulièrement désireuse d’assister au vote fatidique, décide alors de pénétrer dans l’Hémicycle, parvenant in fine à envahir le Palais Bourbon et les tribunes publiques.
« Dans l’intervalle de la suspension, la foule stationnant sur le pont de la Concorde et devant la façade du Palais Bourbon envahit la cour, les couloirs et les escaliers de la Chambre, et se précipite dans les tribunes publiques en poussant le cri : « La Déchéance ! », mêlé aux cris : « Vive la France ! Vive la République ! » », peut-on lire dans le compte rendu https://www2.assemblee-nationale.fr/15/evenements/2020/1870-2020/page/seance-de-nuit-du-4-septembre-1870 de la séance daté du 4 septembre 1870.
« La patrie est en danger »
La séance, alors suspendue, reprend avec la présence de seulement « douze ou quinze députés », les tribunes des anciens représentants étant désormais pleines de « d’hommes de 1848 et de proscrits ». Agitée, la nouvelle séance peine à s’installer. Et si plusieurs députés s’affairent à « demander le calme et le silence pour la poursuite des débats », l’agitation permanente oblige une nouvelle fois le président Schneider à lever la séance.
« À ce moment, grâce à l’aide des gardes nationaux qui avaient remplacé la police et les troupes de ligne autour du Palais Bourbon, une foule d’hommes et de femmes envahit la Salle des séances », rapporte le site de l’Assemblée nationale.
Léon Gambetta, alors député républicain, harangue la foule venue pour la destitution de Napoléon III. « Citoyens, attendu que la patrie est en danger, attendu que tout le temps nécessaire a été donné à la représentation nationale pour prononcer la déchéance, attendu que nous sommes et que nous constituons le pouvoir régulier issu du suffrage universel libre, nous déclarons que Louis Napoléon Bonaparte et sa dynastie ont à jamais cessé d’exercer les pouvoirs qui lui avaient été conférés. »
« Un gouvernement provisoire va aller à l’Hôtel de ville »
Le mot n’est pas encore officiellement dit, mais déjà la foule qui applaudit réclame « la République ! » dans l’enceinte du Palais Bourbon. Des élus républicains, dont Adolphe Crémieux, Jules Favre, Jules Ferry et Léon Gambetta, exhortent alors la foule à les accompagner pour proclamer la République à l’Hôtel de Ville, dans l’attente d’une ratification populaire.
Et alors que le Palais se vide petit à petit, Jules Favres déclare : « Citoyens, vous ne voulez pas la guerre civile ? Eh bien ! Un gouvernement provisoire va aller à l’Hôtel de Ville. Il prendra en mains les destinées du pays, il combattra l’étranger, il marchera avec vous, et chacun de ses membres se fera tuer, jusqu’au dernier, pour repousser l’invasion. […] Nous ne pouvons pas proclamer la République ici. Mais elle est proclamée de fait. […] Nous consulterons le peuple, et quand le peuple aura été consulté, la République sera proclamée. Le gouvernement provisoire va se rendre à l’Hôtel de Ville… »
Quelques heures plus tard, des députés républicains, dont Léon Gambetta et Jules Ferry, déclarent la fin de l’Empire sur la place de l’Hôtel de Ville à Paris. La IIIe République vient de voir le jour.
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