Cannes. Elle a imaginé 93 costumes pour Elvis et 9 000 pour les figurants du film consacré au King
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Cannes. Elle a imaginé 93 costumes pour Elvis et 9 000 pour les figurants du film consacré au King
Par Gilles KERDREUX, envoyé spécial à Cannes
Catherine Martin, 57 ans, est la costumière et la décoratrice du film Elvis, présenté ce mercredi 25 mai 2022 au Festival de Cannes. Femme du réalisateur Baz Luhmann, elle a déjà obtenu quatre Oscars du cinéma pour les costumes et les décors de Gatsby le magnifique et de Moulin Rouge ! Entretien.
On retrouve Catherine Martin dans une suite de l’hôtel Marriott, sur la Croisette de Cannes. Grosses lunettes de soleil, élégante, elle accueille dans un français parfait. La mère de cette Australienne de 57 ans est française, et son père, australien, est spécialiste du roman français du XVIIIe siècle, biographe de tous les grands romanciers français de cette époque… Costumière et décoratrice pour le cinéma, Catherine Martin est au 75e Festival de Cannes pour le biopic consacré à la légende du rock de Memphis, Elvis Presley, projeté hors compétition officielle ce mercredi 25 mai 2022. Entretien.
Catherine Martin, comment se lance-t-on dans une aventure telle que le film Elvis ?
Baz [Luhrmann, son mari, le réalisateur du film] commence à écrire quelques éléments du scénario et, en même temps, ils nous donnent plein de projets de recherche qui peuvent enrichir son écriture… Par exemple, en 1956 : « Je veux toutes les tenues incroyables d’Elvis. » J’ai aussi un collaborateur qui me conseille tel livre, tel film… Sans oublier toute la documentation que possèdent les fans. Ça fait cinq ans qu’on fait des recherches et, il y a trois jours, on a encore découvert des photos perdues dans un grenier qu’on ne connaissait pas !
Et ensuite ?
Baz commence à faire des petits dessins, des gribouillages, des collages… Ainsi, c’est le début de l’histoire en images. On fait également de petits livres avec des croquis, des photos, des phrases du scénario et ça devient un outil pour parler avec les acteurs et la production. Baz fait aussi des courts-métrages inspirés du scénario pour que tout le monde comprenne sa vision. Et pour chaque personnage principal, on construit des résumés qui s’enrichissent au fur et à mesure, avec de plus en plus de croquis, de décors…
Avec des surprises ?
Pour certaines scènes, on fait des dizaines de versions, le tour du monde des possibilités, et, finalement, on revient au premier croquis.
Avez-vous pris des libertés par rapport à la réalité ?
On n’a pas fait un documentaire. C’est Tom Parker [le producteur sans scrupule] qui raconte l’histoire, et il a un rapport particulier à la vérité. Ce qui permet de prendre quelques raccourcis pour réussir à tout raconter en deux heures et demie. Mais ce n’est pas simple car des milliers de personnes connaissent tous les détails la vie d’Elvis. Par exemple avec Graceland [la propriété d’Elvis Presley]. Baz voulait montrer l’évolution de sa maison : la ferme du début, après les aménagements des débuts de sa carrière, et celle de la fin, tellement célèbre. Il fallait que cela montre comment le pauvre chauffeur de camion est devenu une star.
Elvis Presley (1935-1977), le « King », ici en 1956, sur la scène du Ed Sullivan Show à Hollywood, en Californie. (Photo : The Elvis Presley Estate / archives Reuters)
Ça veut dire que les sensations des spectateurs sont plus importantes que la véracité ?
Il faut effectivement que les spectateurs retrouvent les sensations de l’époque. Ça passe parfois par des changements. Le style d’Elvis fait aujourd’hui partie de notre culture générale mais, à l’époque, sa sexualité, sa façon de bouger, de chanter, son mélange de la country, du blues, du rockabilly était très choquants. Il bougeait comme les noirs américains dans une époque ségrégationniste.
Par exemple, le costume du premier concert, je l’ai inventé. Je savais qu’il adorait le rose et le noir et la forme des costumes genre Hollywood suit des stars de l’époque. Avec les épaules qui pendent de façon sensuelle, qui permettent de bouger, large et près du corps à la fois, pour voir les mouvements de la danse. On est donc fidèle au style de l’époque, en étant plus moderne pour les spectateurs d’aujourd’hui comprennent qui il était. On a passé beaucoup de temps pour trouver les bonnes matières, la coupe… Baz était très exigeant. Il voulait que la danse parle dans les vêtements. Dans une robe nouvelle vague de Dior, on peut se cacher mais là, le plus simple est parfois le plus difficile à faire.
Est-ce compliqué de travailler avec son mari. Il doit être casse-pieds des fois ?
C’est très compliqué. Ce matin encore, il était casse-pieds. On s’est tous engueulés avec ma fille mais il y avait des sourires après. Bon, il y a parfois des tensions, mais on est très respectueux de chacun. Il est nécessaire d’avoir quelques espaces à soi, pour respirer, même si on a des enfants. On a une vie très intense, mais dans le calme, on a plein d’histoires à se raconter sur notre vie commune.
Lilly, ma fille de 18 ans, est à Cannes. Elle était déjà venue pour Gatsby le magnifique, mais elle avait 10 ans à l’époque. C’est très bien de pouvoir partager tout cela. C’est quand même incroyable. C’est la quatrième fois qu’on est à Cannes. Et être dans le magnifique Hôtel du Cap, on se pince tous les matins. Que c’est beau ! [Elle se retourne vers la baie vitrée qui donne sur la Méditerranée.]
Catherine Martin, costumière et décoratrice du film « Elvis », réalisé par son mari Baz Luhrmann, ici le 24 mai 2022, sur le tapis rouge du Festival de Cannes, prenant la pose pour les photographes. (Photo : Clemens Bilan / EPA-EFE)
Avec Baz Luhrmann, vous préservez aussi votre îlot de créativité, en Australie ?
Baz a toujours voulu son indépendance. Il veut créer des histoires qui l’impressionnent lui-même, et qu’elles soient universelles et positives. Donc on a notre îlot tout en étant ouverts aux opinions extérieures. On a fait quatre tests de visionnage pour voir les réactions des spectateurs. Ça ne veut dire « faire pour plaire », mais c’est un dialogue.
C’était un projet lourd ?
Énorme. On a fait 9 000 costumes complets pour les figurants, 93 pour Elvis. Moulin Rouge ! avait 30 décors, Gatsby 53 et Elvis 80 ! Il y en a plusieurs que j’adore. Comme celui de la kermesse. On a peint plein d’affiches. Et on avait besoin d’une grande roue de fête foraine. On a cherché partout. Et quand on l’a trouvée, en plein Covid, Elvis et Parker ne pouvaient pas être face à face dans la nacelle, comme on avait prévu. Le hasard joue aussi.
Et le maquillage ?
Il y a beaucoup de références sur le maquillage d’Elvis dans les années 1950. Il était blond et, déjà, il s’est teint car tous les grands acteurs avaient cette couleur. Il prenait aussi le maquillage de sa mère, notamment pour cacher les boutons de sa jeunesse. On a juste un peu insisté. Mais il avait un grand sens de sa personnalité en scène. Les vêtements et le maquillage lui ont également permis de dépasser son tract. Mais au fur et à mesure, il a été piégé par sa création. Vous savez, dès 19 ans, de vivre l’amour de fans, les cris, les jeunes filles qui jettent leurs culottes sur scène, ce n’est pas simple.
Parle-t-on de Cannes en Australie ?
Tout le monde adore le tapis rouge. Comme celui de Venise, ce sont encore les festivals qu’on adore. Et qui rendent fiers.
Elvis Presley, Jerry Lee Lewis et David Bowie sur grand écran
Des images kaléidoscopiques, un mélange effréné d’images, de BD, des couleurs flashy… Au démarrage, le tourbillon du film Elvis de l’Australien Baz Luhrmann (Moulin Rouge !, Gatsby le magnifique), a de quoi faire peur. Pourtant, les choses se calment et c’est parti pour plonger, pendant 2 heures 40, dans la folle vie passionnante du « King ». Le jeune acteur américain Austin Butler, connu surtout pour des séries (The Carrie Diaries, Switched, Les chroniques de Shannara), est stupéfiant dans sa réplique corporelle de la légende du rock’n’roll, aux côtés de Tom Hanks dans le costume du colonel Parker, producteur sans scrupule.
Surtout, la musique reste au centre du film (qui sort le 22 juin) et on revisite avec ravissement la marmite du gospel, du rhythm’n’blues et de la country qui ont enfanté le rock’n’roll. On apprend également beaucoup de choses sur la vie du géant. Un excellent film musical, meilleur que le Rocket Man sur Elton John et aussi captivant que le Bohemian Rhapsody sur Freddie Mercury et Queen.
L’acteur américain Austin Butler est stupéfiant dans sa réplique corporelle de la légende du rock’n’roll. (Capture d’écran : YouTube / Warner Bros)
À côté, le documentaire Trouble in Mind, signé Ethan Coen (sans son frère) est consacré à Jerry Lee Lewis, arrogant, avec un ego démesuré, mais terriblement touchant. Le pianiste chanteur électrique, enfant de Louisiane, a découvert la musique dans les églises et aux coins des rues. Hanté par ses démons, marié pour la première fois à sa cousine de 13 ans, il a connu la gloire comme de grands trous d’air à cause de l’alcool et la maladie. Mais lui, à 86 ans, est toujours vivant. On le suit de ces années rock dans les fifties, en passant par son retour country des années 1960 jusqu’à une session gospel en 2020.
Enfin, les 2 heures 20 de Moonage Daydream réalisé par Brett Morgen vont ravir les fans de David Bowie, l’homme aux mille visages, très wharolien, qui décida rapidement d’être un personnage androgyne, voulant créer le XXIe siècle dès les années 1960. On peut regretter que les chansons ne soient pas sous-titrées comme le reste mais ce film permet de profiter de tout le talent de Bowie.
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