LES VETEMENTS A AUSCHWITZ
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LES VETEMENTS A AUSCHWITZ
Au début du fonctionnement du camp d'Auschwitz, les hommes recevaient une vareuse, une chemise, un pantalon, un caleçon et un calot rayés ; et les femmes : une vareuse, un chemisier, une jupe ou une robe et un foulard à porter sur la tête. Bien qu'ils ne les portageaient absolument pas du froid, les détenus recevaient également un manteau pour l'hiver et des sabots de bois pour toute l'année. Pour tout cet ensemble, le choix de la taille n'était pas permis. Il fallait donc faire avec ou bien les échanger avec d'autres détenus.
A partir de 1943, les difficultés d'approvisionnement rendent ces fournitures plus rares. Ainsi, certains prisonniers se retrouvent à porter des vêtements civils, volés dès l'arrivée des convois des déportés ou même des chaussures provenant des victimes gazées.
Cette tenue, exposée au Musée D-Day Omaha, https://www.facebook.com/museeddayomaha/ raconte potentiellement bien des choses. Je ne connais pas exactement l'histoire de cette chemise (également appelées veste), mais voici ce que l'on peut en dire :
À Auschwitz, les règles imposées par les nazis sont strictes, mais aussi d'une certaine façon improbables et contradictoires. Les bourreaux aiment l'ordre de la propreté. Pourtant, les détenus vivent et travaillent dans les pires conditions d'hygiène. Mais dans ce camp, enfreindre une règle, aussi simple soit-elle, est une question de vie ou de mort.
À plusieurs endroits, cette chemise est raccommodée. Car la tenue doit être "irréprochable" et l'échanger contre une nouvelle est quasiment impossible. Elle est donc au besoin réparée, et régulièrement lavée - certainement avec de l'eau sale - car dans ce camp, l'eau propre n'existe tout simplement pas.
Notez que cette veste ne comporte plus qu'un seul bouton. Au camp, ces mêmes boutons valaient de l'or. Il est assez courant de lire, dans les témoignages de plusieurs survivants, que certains détenus se jetaient sur les morts pour les récupérer. Où ils en avaient besoin pour leur propre usage, où ces boutons devenaient une forte monnaie d'échange, le plus souvent pour un simple morceau de pain.
Le chiffre 42597 est l'identité du détenu. Car à Auschwitz, les déportés n'ont plus de nom, ni de prénom. Ils sont systématiquement appelés par ce matricule. Celui-ci est brodé sur la chemise, le plus souvent, il est aussi (ou alors) tatoué sur l'avant bras. Aussi anodin que ce numéro peut paraître, il est, pour les détenus, un véritable repère dans le temps. Plus le chiffre est bas, plus la personne est ancienne au camp. A l'inverse, s'il est élevé (en fonction de la période donnée), c'est que cette personne vient d'arriver.
Pour aller un peu plus loin, j'ai envie de vous citer cet extrait du livre "Si c'était un homme" de Primo Levi :
"Nous connaissons déjà en grande partie le règlement du camp, qui est incroyablement compliqué ; les interdictions sont innombrables : interdiction de s'approcher à plus de deux mètres des barbelés ; de dormir avec sa veste, ou sans caleçons, ou le calot sur la tête ; d'entrer dans les lavabos ou les latrines "nur für Kapos" ou "nur für Reichsdeutsche" ; de ne pas aller à la douche les jours prescrits, et d'y aller les jours qui ne le sont pas ; de sortir de la baraque la veste déboutonnée ou le col relevé ; de mettre du papier ou de la paille sous ses habits pour se défendre du froid ; de se laver autrement que torse nu.
Les rites à accomplir sont infinis et insensés : tous les matins, il faut faire sont "lit" de manière qu'il soit parfaitement lisse et plat ; il faut astiquer ses sabots boueux et répugnants avec de la graisse de machine réservée à cet usage ; racler les tâches de boue de ses habits (les tâches de peinture, de gras et de rouille sont admises) ; le soir, il faut passer au contrôle des poux et au contrôle du lavage des pieds ; le samedi, il faut se faire raser la barbe et les cheveux, raccommoder ses hardes ; le dimanche, c'est le contrôle général de la gale et le contrôle des boutons de veste, qui doivent correspondre au nombre réglementaire : cinq.
Sans compter les innombrables circonstances, insignifiantes en elles-mêmes, qui deviennent ici de véritables problèmes.
Quand les ongles poussent, il faut les couper, et nous ne pouvons le faire qu'avec les dents (pour les ongles de pieds, le frottement des souliers suffit) ; si on perd un bouton, il faut le faire tenir avec un fil de fer ; si on va aux latrines ou aux lavabos, il faut emporter avec soi tout son attirail sans le lâcher un seul instant, quitte à tenir ses habits roulés en boule et serrés entre les genoux pendant qu'on se lave la figure : sinon, ils disparaissent à la minute."
#SecondeGuerremondiale #WWII #2GM #Auschwitz
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https://www.facebook.com/museeddayomaha/
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