Articles de Presse - 1ère guerre mondiale
Page 1 sur 1
Articles de Presse - 1ère guerre mondiale
L'Ouest-Eclair, 07 janvier 1915
LA MORT D'UN BRAVE. — On nous communique la belle lettre suivante, qui nous apprend
dans quelles conditions s'est produite la mort glorieuse du sergent-major Le Coz :
X..., 5 novembre 1914.
Chère Madame,
Pardonnez-moi de ne pas vous avoir écrit plus tôt. J'attendais toujours un instant de repos pour accomplir ce devoir sacré entre tous. Le sergent major Le Coz, de la 11e compagnie de tirailleurs marocains, le brave des braves, n'a plus rien à envier à personne ! Il est mort, à mes côtés. De la mort que nous souhaitons tous, parce que c'est la plus glorieuse : une balle en plein front, le 12 septembre, au combat de Ch... La compagnie, en extrême avant-garde, poussait depuis deux jours les Allemands en pleine déroute sur Solssons. Quel bonheur de voir l'ennemi tourner le dos ! Pour se donne le temps de franchir les onts de l'Aisne.
Il sacrifia un bataillon au village de Ch... En moins d'une heure de lutte ardente, nos marocains avaient enlevé le village. Pas un ennemi ne put ressortir. 150 furent faits prisonniers. Cette brillante affaire nous coûtait malheureusement la
vie de bien de nos vieux compagnons d'armes : le lieutenant Habi, l'adjudant Gérard, le sergentmajor Le Coz, et 54 hommes de la compagnie. Je revois toujours Le Coz. Il commandait brillamment sa section, toujours le premier. A un certain moment, je l'appelais près de mol. Un tireur allemand nous ajusta de loin. La balle atteint Le Coz au milieu du front et ricocha en me frappant au bras. Il mourut sans pousser même un soupir, sans souffrir. Il allait passer officier. Il est enterré maintenant au milieu de ses camarades et de nos braves soldats qu'il aimait tant, dans le petit cimetière de Ch... Dieu a eu son âme de guerrier.
Il a emporté les regrets de tous ses amis. Que sa famille soit fière de lui !
J'ai recueilli pieusement un portefeuille arabe et sa décoration du Maroc. Vous les recevrez dès que la Poste fonctionnera normalement.
Veuillez aggréer, chère Madame, et transmettre à toute votre famille, le témoignage de ma sincère affliction et l'expression de tout mon respect.
Lieutenant DENTZ,
commandant la compagnie.
LA MORT D'UN BRAVE. — On nous communique la belle lettre suivante, qui nous apprend
dans quelles conditions s'est produite la mort glorieuse du sergent-major Le Coz :
X..., 5 novembre 1914.
Chère Madame,
Pardonnez-moi de ne pas vous avoir écrit plus tôt. J'attendais toujours un instant de repos pour accomplir ce devoir sacré entre tous. Le sergent major Le Coz, de la 11e compagnie de tirailleurs marocains, le brave des braves, n'a plus rien à envier à personne ! Il est mort, à mes côtés. De la mort que nous souhaitons tous, parce que c'est la plus glorieuse : une balle en plein front, le 12 septembre, au combat de Ch... La compagnie, en extrême avant-garde, poussait depuis deux jours les Allemands en pleine déroute sur Solssons. Quel bonheur de voir l'ennemi tourner le dos ! Pour se donne le temps de franchir les onts de l'Aisne.
Il sacrifia un bataillon au village de Ch... En moins d'une heure de lutte ardente, nos marocains avaient enlevé le village. Pas un ennemi ne put ressortir. 150 furent faits prisonniers. Cette brillante affaire nous coûtait malheureusement la
vie de bien de nos vieux compagnons d'armes : le lieutenant Habi, l'adjudant Gérard, le sergentmajor Le Coz, et 54 hommes de la compagnie. Je revois toujours Le Coz. Il commandait brillamment sa section, toujours le premier. A un certain moment, je l'appelais près de mol. Un tireur allemand nous ajusta de loin. La balle atteint Le Coz au milieu du front et ricocha en me frappant au bras. Il mourut sans pousser même un soupir, sans souffrir. Il allait passer officier. Il est enterré maintenant au milieu de ses camarades et de nos braves soldats qu'il aimait tant, dans le petit cimetière de Ch... Dieu a eu son âme de guerrier.
Il a emporté les regrets de tous ses amis. Que sa famille soit fière de lui !
J'ai recueilli pieusement un portefeuille arabe et sa décoration du Maroc. Vous les recevrez dès que la Poste fonctionnera normalement.
Veuillez aggréer, chère Madame, et transmettre à toute votre famille, le témoignage de ma sincère affliction et l'expression de tout mon respect.
Lieutenant DENTZ,
commandant la compagnie.
Re: Articles de Presse - 1ère guerre mondiale
Chronique de Plouha (1914-1918)
http://www.genealogie22.com/guerre-14-18/index.php/Accueil
Départ des mobilisés des nouvelles classes.
Arrivée des réfugiés en septembre 1914.
Envoi de vieux linge pour la Croix-Rouge à la Mairie
Envoi de couvertures, de lits, de draps à l'hôpital temporaire.
Réquisitions diverses à la Mairie.
Vente de chevaux pour l'armée sur la place.
Conseils de révision : Les conscrits défilent dans les rues en chantant.
Récolte de l'or : Plusieurs paysans résistent et gardent leur or; les autres l'échangent, non sans crainte, contre du papier.
Services funèbres des soldats ou marins morts au Champ d'honneur.
En 1916, les élèves des écoles assistent à celui de M. BOISHARDY, instituteur, mort à Verdun le 5 juin 1916.
Arrivée de réfugiés en 1917 (Région de Lille).
Le Maire de Plouha reçoit les réfugiés à la gare; il les conduit dans un local très vaste "l'Usine de la Brosserie" où un déjeuner leur a été préparé. Avec leur paquet sous le bras, ils font peine à voir. Une vieille femme surtout est l'objet de la pitié générale : elle a le corps replié en deux à la base du tronc et donne l'idée des tortures qu'elle a subies. Deux jeunes garçons de 15 et 17 ans font partie du cortège; ils sont devenus fous par suite des mauvais traitements qu'ils ont dû supporter depuis 4 ans. Enfin, pour ne citer que les principales misères, une mère de 6 enfants, dont le mari était prisonnier, a vécu aussi 4 années à Lille depuis l'occupation allemande; elle n'y avait comme nourriture que de l'eau de chicorée et des betteraves; elle nous montre son dernier-né, un enfant de trois ans environ, qui porte aux articulations des traces de tuberculose telles que je n'en avais jamais vues. Le pauvre petit a été malade à la suite des "bons morceaux" qu'il a mangés à Paris en passant. La mère a le visage anémié, les yeux enfoncés et le regard triste.
Les enfants des écoles apportent en toute hâte le jour même de l'arrivée de ces réfugiés et les jours suivants tout ce qu'ils possèdent à la maison de chaussures, vêtements, jouets, friandises pour ces pauvres infortunés qui sont au nombre de cent.
Arrivée du sucre
Distribution du pain en août 1918.
Du 10 au 25 août, j'ai assisté à la distribution d'un pain noir que la boulangère coupait en morceaux de 3 ou 4 hectos en sortant du four, entre les personnes qui avaient assailli sa maison depuis plus d'une heure pour pouvoir se procurer ce morceau de pain lourd, noir et immangeable que même les bêtes elles-mêmes ne voulaient pas.
Heure du courrier (10h du matin).
Chaque jour, depuis la guerre, des attroupements se forment à la porte du bureau de poste, on y commente les faits du jour, le communiqué en mains. Lorsque les facteurs sortent du bureau, on se précipite autour d'eux, ils distribuent à un habitant de chaque village qui les demandes, les lettres de tout son quartier.
Travaux des champs.
En septembre 1914, j'ai participé au sarclage d'un champ de betteraves, qui menaçaient d'être étouffées par les mauvaises herbes, chez la femme d'un mobilisé disparu à Langemarck. Elle n'avait pas encore pris possession de sa ferme et son mari, mobilisé dès le premier jour, était venu quelques semaines auparavant y planter les betteraves; restant seule et habitant à une distance éloignée de sa future demeure, elle avait dû laisser ce champ à l'abandon. Sitôt les mauvaises herbes enlevées, les plants devinrent vigoureux et donnèrent des betteraves énormes.
En août 1915, 1916,1917,1918, 1919, il m'a été donné également de participer à la moisson : mise en gerbes, cuisine un jour de battage, garde des enfants, etc.
Envoi de colis pour l'Arbre de Noël des réfugiés.
Avis de réception de ces colis, lettres d'enfants.
Armistice - Fête de la signature. Sonneries de cloches, chants nationaux répétés en chœur dans les rues. Bal organisé dans le local qui deux années auparavant avait servi de pied-à-terre aux Réfugiés de Lille.
Arrivée des prisonniers. (Décembre 1918 - janvier 1919)
Peu de bagages, une caisse en bois en guise de valise. Par un heureux hasard, ceux que j'ai vus n'ont pas trop souffert pendant leur longue captivité; la joie rayonne sur leur front vieilli lorsque plus heureux que beaucoup d'autres, ils revoient le sol natal...
Pas de signature
Sources
Archives départementales 22 , Cote 1 T 402 = Notices communales sur la guerre 1914-1918, 1919
--Jylaigre (discussion) 22 juin 2014 à 10:50 (CEST)
Catégorie : Chronique
http://www.genealogie22.com/guerre-14-18/index.php/Accueil
Départ des mobilisés des nouvelles classes.
Arrivée des réfugiés en septembre 1914.
Envoi de vieux linge pour la Croix-Rouge à la Mairie
Envoi de couvertures, de lits, de draps à l'hôpital temporaire.
Réquisitions diverses à la Mairie.
Vente de chevaux pour l'armée sur la place.
Conseils de révision : Les conscrits défilent dans les rues en chantant.
Récolte de l'or : Plusieurs paysans résistent et gardent leur or; les autres l'échangent, non sans crainte, contre du papier.
Services funèbres des soldats ou marins morts au Champ d'honneur.
En 1916, les élèves des écoles assistent à celui de M. BOISHARDY, instituteur, mort à Verdun le 5 juin 1916.
Arrivée de réfugiés en 1917 (Région de Lille).
Le Maire de Plouha reçoit les réfugiés à la gare; il les conduit dans un local très vaste "l'Usine de la Brosserie" où un déjeuner leur a été préparé. Avec leur paquet sous le bras, ils font peine à voir. Une vieille femme surtout est l'objet de la pitié générale : elle a le corps replié en deux à la base du tronc et donne l'idée des tortures qu'elle a subies. Deux jeunes garçons de 15 et 17 ans font partie du cortège; ils sont devenus fous par suite des mauvais traitements qu'ils ont dû supporter depuis 4 ans. Enfin, pour ne citer que les principales misères, une mère de 6 enfants, dont le mari était prisonnier, a vécu aussi 4 années à Lille depuis l'occupation allemande; elle n'y avait comme nourriture que de l'eau de chicorée et des betteraves; elle nous montre son dernier-né, un enfant de trois ans environ, qui porte aux articulations des traces de tuberculose telles que je n'en avais jamais vues. Le pauvre petit a été malade à la suite des "bons morceaux" qu'il a mangés à Paris en passant. La mère a le visage anémié, les yeux enfoncés et le regard triste.
Les enfants des écoles apportent en toute hâte le jour même de l'arrivée de ces réfugiés et les jours suivants tout ce qu'ils possèdent à la maison de chaussures, vêtements, jouets, friandises pour ces pauvres infortunés qui sont au nombre de cent.
Arrivée du sucre
Distribution du pain en août 1918.
Du 10 au 25 août, j'ai assisté à la distribution d'un pain noir que la boulangère coupait en morceaux de 3 ou 4 hectos en sortant du four, entre les personnes qui avaient assailli sa maison depuis plus d'une heure pour pouvoir se procurer ce morceau de pain lourd, noir et immangeable que même les bêtes elles-mêmes ne voulaient pas.
Heure du courrier (10h du matin).
Chaque jour, depuis la guerre, des attroupements se forment à la porte du bureau de poste, on y commente les faits du jour, le communiqué en mains. Lorsque les facteurs sortent du bureau, on se précipite autour d'eux, ils distribuent à un habitant de chaque village qui les demandes, les lettres de tout son quartier.
Travaux des champs.
En septembre 1914, j'ai participé au sarclage d'un champ de betteraves, qui menaçaient d'être étouffées par les mauvaises herbes, chez la femme d'un mobilisé disparu à Langemarck. Elle n'avait pas encore pris possession de sa ferme et son mari, mobilisé dès le premier jour, était venu quelques semaines auparavant y planter les betteraves; restant seule et habitant à une distance éloignée de sa future demeure, elle avait dû laisser ce champ à l'abandon. Sitôt les mauvaises herbes enlevées, les plants devinrent vigoureux et donnèrent des betteraves énormes.
En août 1915, 1916,1917,1918, 1919, il m'a été donné également de participer à la moisson : mise en gerbes, cuisine un jour de battage, garde des enfants, etc.
Envoi de colis pour l'Arbre de Noël des réfugiés.
Avis de réception de ces colis, lettres d'enfants.
Armistice - Fête de la signature. Sonneries de cloches, chants nationaux répétés en chœur dans les rues. Bal organisé dans le local qui deux années auparavant avait servi de pied-à-terre aux Réfugiés de Lille.
Arrivée des prisonniers. (Décembre 1918 - janvier 1919)
Peu de bagages, une caisse en bois en guise de valise. Par un heureux hasard, ceux que j'ai vus n'ont pas trop souffert pendant leur longue captivité; la joie rayonne sur leur front vieilli lorsque plus heureux que beaucoup d'autres, ils revoient le sol natal...
Pas de signature
Sources
Archives départementales 22 , Cote 1 T 402 = Notices communales sur la guerre 1914-1918, 1919
--Jylaigre (discussion) 22 juin 2014 à 10:50 (CEST)
Catégorie : Chronique
Sujets similaires
» Histoire méconnue : Les animaux dans la 1ère Guerre Mondiale
» La guerre oubliée de 1969 où lorsque le monde fut à deux doigts d'une Troisième Guerre mondiale nucléaire
» Il y a 77 ans, la fin de la Seconde Guerre mondiale
» Histoire de la Première Guerre mondiale
» Durant la seconde guerre mondiale,
» La guerre oubliée de 1969 où lorsque le monde fut à deux doigts d'une Troisième Guerre mondiale nucléaire
» Il y a 77 ans, la fin de la Seconde Guerre mondiale
» Histoire de la Première Guerre mondiale
» Durant la seconde guerre mondiale,
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum