Phares. Des logements vides à céder

Publié le 27 octobre 2016 à 09h05
Stéphane Jézéquel


Les logements de fonction des phares sont peu à peu libérés par les techniciens qui ne résident plus sur place (*). Cédés par l'administration au Conservatoire du Littoral ou vendus au prix du marché aux collectivités, ces appartements à la situation de rêve sont appelés à changer de destination.  
Vue imprenable et situation exceptionnelle au pied du phare. On imagine le tableau et la formule choc des agences immobilières ! Comment qualifier autrement ces logements construits sur des sites naturels où l'on ne peut plus bâtir depuis plusieurs décennies ?

Construits en même temps que les phares, ces logements professionnels n'ont pas toujours bien vieilli et nécessitent pour la plupart d'importants travaux de rénovation et de mise aux normes.




Mais la volonté de l'administration des Phares et Balises et de l'État est bien de donner un second souffle à ces logements d'exception. Impossible et inconcevable de les démolir puisqu'ils font partie d'éléments architecturaux souvent classés ou inscrits avec les phares.

Les services de l'État peinent déjà à entretenir leurs éléments de signalisation maritime. Ces logements inoccupés n'ont plus aucune utilité pour le service et sont même devenus des fardeaux. Si certaines municipalités sautent sur l'occasion pour récupérer ce bâti hors du commun, d'autres sont moins pressées et espèrent les obtenir à un tarif préférentiel.

Logements sociaux à Ouessant


L'administration entend réserver ces bâtiments d'exception à la collectivité mais ne s'interdit pas, en dernier recours, de les vendre à des particuliers qui défendraient un projet compatible avec le territoire. Même si apparemment, les volontaires ne se bousculent pas au portillon en raison des nombreuses contraintes architecturales et environnementales.





À Ouessant, la municipalité souhaiterait récupérer les logements du phare du Créac'h, un ensemble d'appartements accolés au phare et au musée des Phares et balises, sur un des sites les plus spectaculaires, à la pointe de l'Europe. La mairie espère en faire des logements sociaux. Mais pas question de payer le prix fort en plus du coût exorbitant de la rénovation (+ 40 % sur les îles).

Sein n'a pas les moyens d'acheter


ldem à l'Ile de Sein, avec une municipalité ravie de récupérer les logements de son phare afin de soutenir l'activité économique de l'île et éviter que le site ne se transforme en nouvelle maison secondaire. Mais les quatre appartements sont à acheter au prix du marché et la commune n'a pas les moyens financiers. « On se dirige donc vers une occupation temporaire ou, fort probablement, un transfert de gestion », résume Jacques Lalouer qui suit de près ces dossiers depuis les Phares et Balises, à Brest.

À Saint-Malo, des maisons de ville qui ont hébergé des techniciens du phare de la Ballue seront bientôt sur le marché de l'immobilier.

Du côté de l'Ile Vierge, en Nord-Finistère, la municipalité de Plouguerneau peaufine son projet d'hébergement nautique dans les locaux du petit phare, pendant que l'île de Batz a choisi d'ouvrir un centre d'interprétation thématique sur la vie insulaire.

Soutien des Monuments historiques


Du côté des Monuments historiques de Bretagne, on confirme, par la voix de son conservateur, Henry Masson, le désir de soutenir ces projets de réhabilitation de logements de phare. « Nous apportons notre concours et faciliterons ces réhabilitations, tout comme nous encourageons le développement de résidence pour artistes et écrivains dans les phares en mer », même si leur accès et la vie en pleine mer sont loin d'être un long fleuve tranquille... Ces résidences financées ou sponsorisées aideraient à conserver en état les lieux de vie des phares, privés d'entretien depuis plusieurs années.

* Les quatre derniers agents logés au pied d'un phare en Bretagne sont à Belle-Ile (3 au grand phare de Goulphar) et à Groix (un agent à Pen Men) qu'ils devront quitter dans les trois à cinq ans à venir.

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