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Camerounais, j'ai été élu meilleur ouvrier de Bretagne

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Message par Admin Mar 22 Nov - 16:14

Publié le 21/11/2016 à 17:45

Camerounais, j'ai été élu meilleur ouvrier de Bretagne. Je vais enfin avoir mes papiers

article nouvel obs


Williams Kemadjou Tchatchoua, 18 ans, vient de recevoir la médaille d’or aux Olympiades des métiers en métallerie de la région Bretagne. Ce Camerounais est fier de sa récompense. Pour autant, il y a quelque chose qu’il espère plus que tout : obtenir sa régularisation. En janvier 2014, il a traversé l’Afrique pour finalement arriver à Quimper. Il revient sur son parcours hors du commun

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Williams Kemadjou Tchatchoua a reçu la médaille d’or du meilleur ouvrier de métallerie serrurerie de Bretagne.(F. TANNEAU/AFP)


Je suis né le 17 août 1998 à Mbanga, située sur le littoral du Cameroun. Mon père nous a abandonnés quand j’avais sept ans et c’est ma mère qui s’est occupée seule de ses cinq enfants. Elle travaillait dans les champs pour gagner un peu d’argent, mais ça ne suffisait pas à subvenir à nos besoins. Très vite, j’ai donc arrêté l’école pour moi aussi travailler.



À 11 ans, je suis parti rejoindre mon oncle à Douala. J’ai multiplié les petits boulots à la sauvette. Des paniers sur la tête, je vendais des citrons ou des mandarines. Je réalisais de temps en temps des travaux de menuiserie ou de maçonnerie. Ça me permettait de gagner un peu d’argent, mais en novembre 2013, mon oncle est décédé et je me suis retrouvé seul.


J’ai alors réalisé que je n’avais plus rien à faire dans ce pays. Je voulais partir, "m’aventurer" comme on dit au Cameroun. Je n’ai rien dit à ma famille, car je ne voulais pas qu’on m’en empêche et qu’on me fasse peur. J’ai choisi la France parce que je n’avais pas la barrière de la langue à surmonter.

Ma décision était prise. J’ai quitté le Cameroun en janvier 2014. J’avais presque 16 ans.

Du Cameron à Melilla, un parcours long et difficile


J’ai pris differents moyens de locomotion (moto, camion, taxi brousse, bus...) pour traverser l’Afrique. Le Nigéria, le Niger, puis l’Algérie, mon périple a été long et difficile.


Le froid, la faim et savoir où dormir ont été mes principales préoccupations. Souvent, je me lavais grâce à des bidons d’eau, je dormais de jour pour pouvoir avancer de nuit et ainsi éviter les patrouilles de police.


J’ai fait une halte d’un mois en Algérie. J’avais besoin d’argent alors j’ai travaillé dans un restaurant où j’épluchais les légumes et je faisais la plonge. Mon but était d’atteindre Melilla, enclave espagnole située au Maroc, pour rejoindre l’Europe.


Quand je suis arrivé au Maroc, j’ai intégré un groupe de Camerounais. Les violences policières étaient fréquentes. J’ai vu des gens se faire tabasser et laissés pour mort. Les agressions aux couteaux entre migrants étaient elles aussi fréquentes.


Il m’a fallu trois tentatives avant de franchir la frontière et atteindre Melilla. Le 1er mai 2014, quatre mois après avoir quitté le Cameroun, j’ai enfin réussi avec d’autres migrants à passer par-dessus les fils barbelés hauts de 7 mètres pour rejoindre l’enclave espagnole.


J’ai réussi à traverser la frontière espagnole pour arriver en France


Pendant deux mois, j’ai alors patienté au camp avant de voir mon nom finalement apparaître sur la liste des prochains à partir. J’allais enfin traverser la Méditerranée pour arriver en Espagne.


Là-bas, j’ai été mené vers Malaga, puis Séville et pris en charge par une association. J’y suis resté deux mois, et puis, on m’a donné 150 euros et on m’a dit que je pouvais partir.

Je n’avais que 16 ans et je devais me débrouiller tout seul.


Sur mon chemin, j’ai rencontré d’autres personnes qui étaient dans la même situation que moi. Eux partaient pour Bilbao, j’ai décidé de les suivre. J’y suis resté quelques semaines, je ramassais de la ferraille que je revendais pour me faire un peu d’argent supplémentaire. Mon but était de me payer un billet de bus et de rejoindre la France.


J’ai fini par y arriver. J’ai traversé la frontière sans même m’en rendre compte.


À Paris, je suis monté dans un train au hasard


En novembre 2014, je me suis retrouvé à Paris. Pendant deux semaines, j’ai dormi dehors dans la rue, je me rendais au Restos du cœur pour avoir de quoi manger.


J’étais totalement perdu dans cette grande ville, alors un soir, je me suis rendu à la gare Montparnasse. J’ai levé la tête et j’ai pris le premier train qui partait loin de la capitale. C’est à Rennes que je suis descendu. Les contrôleurs m’attendaient, mais je leur ai expliqué que je n’avais plus d’argent. Ils m’ont laissé tranquille.


J’ai attendu trois jours, puis je suis remonté dans un train en direction de Quimper. Je ne savais même pas où ça se trouvait.



Placé dans une famille d’accueil



Arrivé à Quimper, j’avais faim, je me suis débrouillé pour manger. On m’a conseillé d’appeler le 115, ce que j’ai fait, mais il ne pouvait pas me trouver un lit dans la mesure où j’étais mineur. Ils m’ont renvoyé vers le service de la Commission départementale d'aide sociale (CDAS) du Finistère. J’ai alors été placé une semaine dans un foyer à Combrit avec d’autres jeunes mineurs isolés, avant d’être envoyé auprès d’une famille d’accueil à Bourg-Blanc.


Pendant six mois, je suis resté dans cette famille, mais il a fallu que je change à nouveau pour un foyer de mineurs isolés étrangers (DAMIE).


Au sein de cette famille d’accueil à Bourg-Blanc, j’ai eu la chance de faire connaissance avec une grand-mère à l'église. C'est à ce moment-là que j'ai fait la connaissance de ses enfants. Ils sont devenus ma nouvelle famille de cœur. Ils m'accueillent tous les week-end alors qu'en semaine je suis en foyer au DAMIE. Je suis également inscrit en CAP metallerie serrurerie au Lycée Vauban de Brest.



En juin 2016, je suis sorti du contexte DAMIE parce que mes examens osseux prétendent que mon âge serait supérieur à celui que j'ai réellement. Je me suis retrouvé à la rue. Heureusement, la famille Briant m'a accueille, c'est ma deuxième famille de cœur. Rien ne les oblige à m’accueillir chez eux et pourtant, ils le font. Ils m’ont accepté tel que je suis. Peu de personnes l’auraient fait.



J'ai remporté un concours régional




C’est aussi grâce à leurs encouragements que je continue mes études en CAP en métallerie serrurerie au lycée Vauban de Brest. Mon professeur principal est très content de mon travail et m'a proposé de passer le concours régional des Olympiades des métiers.



Je suis donc allé à Saint-Brieuc. Les autres candidats étaient tous des apprentis. Moi, je n’avais pas encore mon bac pro puisque je suis en deuxième année de CAP et pourtant, je m’en suis bien sorti. J’ai remporté la médaille d’or. C’était grandiose, j’en suis tellement fier. Il faudra que je participe au concours national en mars prochain à Bordeaux.


Aujourd’hui, je suis en deuxième année et mes études me plaisent. L’année prochaine, je m’inscrirai en Bac pro.


Ma situation devrait être régularisée rapidement


Jusqu'à il y a quelques jours, j'étais sans papiers. Je pouvais alors me faire expulser du jour au lendemain. Heureusement, j'ai un rendez-vous à la préfecture du Finistère dans quelques jours pour déposer mon dossier pour obtenir un titre de séjour. J'espère sincèrement que ma situation va être régularisée.


Je n’ai gardé aucun contact avec ma famille. J’espère un jour pouvoir retourner au Cameroun pour les revoir, mais tant que je ne suis pas régularisé, ça m’est impossible.

Propos recueillis par Louise Auvitu

Camerounais, j'ai été élu meilleur ouvrier de Bretagne Sans_172

http://www.leploermelais.fr/2016/10/19/photos-olympiades-des-metiers-en-bretagne-44-medailles-representent-la-region-aux-epreuves-nationales/


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