Les îles poubelles bientôt reconnues comme État ?
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Les îles poubelles bientôt reconnues comme État ?
Par Katel Andréani
Massés dans le Pacifique, des millions de déchets forment une île flottante de la taille de la France. Une pollution qui détruit la faune et la flore de l’océan. Pour sensibiliser à cette cause, la fondation Plastic Oceans et le média en ligne LadBible ont décidé de défendre l’entrée de cet État artificiel à l’Onu. Une idée qui fait peu à peu son bout de chemin.
Ils sont aujourd’hui 141 580, prêts à devenir des citoyens des « Trash Isles », les îles poubelles qui flottent au milieu du Pacifique. Lancée par la fondation Plastic Oceans et le média en ligne britannique LadBible en septembre dernier, la pétition s’est fait remarquer. Et pour cause, l’idée est pour le moins originale. Afin de sensibiliser à la pollution des océans de la planète, la fondation et le média se sont mis en tête de faire reconnaître par l’Organisation des nations unies (Onu), ce qu’ils nomment les îles poubelles, afin de devenir le 196e pays membre de l’organisation. Et peut-être par la même occasion faire bouger les choses.
Parmi les premiers citoyens de ce nouveau pays, Al Gore, l’ancien vice-président de Bill Clinton, qui a accepté d’être l’un des porte-paroles de l’initiative. Prix Nobel de la paix en 2007 pour son engagement en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, l’ambassadeur du projet estime que cette reconnaissance en tant qu’État a plusieurs objectifs : « Développer des matériaux biodégradables, introduire une taxe sur le carbone, et créer des lois pour améliorer le recyclage. »
À Manille, aux Philippines, la pollution de l’eau fait des ravages. (Photo : Noel Celis/AFP)
Passeport, devise, timbres…
Les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens. Associés à deux publicitaires et un graphiste, ils ont constitué une véritable identité visuelle à cet État, avec une monnaie : le « débris », un passeport, et même des timbres à l’effigie du continent de déchets. Des détails fabriqués en matériaux recyclés par le designer londonien Mario Kerkstra. Sont également prévus un hymne national, des élections et une équipe de football.
(Illustration : Mario Kerkstra)
Car pour être reconnu comme un État à part entière par les Nations unies, un pays doit rassembler quatre critères essentiels : être peuplé, avoir un territoire défini, un gouvernement et être apte à entrer en relation avec les autres pays. Comme l’expliquent les organisateurs, si les « Trash Isles » sont reconnues, celles-ci pourraient être protégées par les traités internationaux et donc les autres États se retrouveraient contraints de s’en occuper.
Des chances d’aboutir « presque nulles »
Après le dépôt de la demande auprès de l’Onu en juin dernier, et le lancement de la pétition pour rassembler des citoyens, l’initiative a réussi à attirer l’attention des membres de l’Onu. Stéphane Dujarric, le porte-parole des Nations unies s’est adressé à la campagne au début du mois d’octobre, reconnaissant une idée « créative et innovante ». Avant de conclure que les chances d’un tel projet d’aboutir étaient « presque nulles ».
(Illustration : Mario Kerkstra)
Les organisateurs de la campagne n’ont néanmoins pas baissé les bras. Ravis de s’être fait remarquer, ils ont ainsi nom obligatoire le porte-parole de l’Onu à devenir citoyen de leur État, en lui attribuant un passeport et en lui adressant une carte postale depuis leur pays : « Si l’Onu avait demandé il y a 50 ans quelles étaient les chances qu’un amas de déchets, de la taille de la France, se forme dans le nord du Pacifique, ils auraient répondu "presque nulles". Mais regardez-nous aujourd’hui. »
Les « continents de plastique »
L’association et le média ne sont pas les seuls à se mobiliser pour cette cause. En France, le navigateur Patrick Deixonne lutte depuis 2009 pour faire reconnaître le problème. Avec son ONG Expédition 7e continent, l’explorateur souhaite documenter au maximum l’existence de ces véritables « continents de plastique » qui flottent sur les océans. En filmant ses expéditions et avec la publication d’une bande dessinée en 2016, l’homme et son équipe espèrent mobiliser un peu plus autour de cette cause.
Les plages de France sont aussi concernées par la pollution des océans, comme ici à Vendays-Montalivet, dans le Sud-Ouest, en 2014. (Photo : Regis Duvignau/Reuters)
Il reconnaît néanmoins lui-même que cela n’est pas facile. Interrogé par le média en ligne Usbek & Rica, il déclare : « La pollution plastique, ce n’est pas ce qu’on s’imagine, ce n’est pas un continent en dur sur lequel on peut marcher. C’est impalpable donc c’est très difficile d’en parler. Ce qui heurte les gens, c’est avant tout la pollution visuelle. » Sans image, difficile de toucher le grand public.
Car cette pollution que dénonce la fondation Plastic Oceans n’est pas aussi facile à remarquer que celle qu’on croise sur les plages. Comme le fait remarquer Le Monde, les expéditions successives qui sont parties pour explorer ces zones polluées les décrivent comme une « soupe », constituée majoritairement de « particules » produites par des activités quotidiennes, difficile à distinguer de loin. Et elles seraient cinq, appelées « gyres océaniques », à couvrir les océans de la Terre.
Une situation préoccupante que tentent de faire entendre les ONG environnementales comme Expédition 7e continent et Platic Oceans. Car comme ils le déclarent sur leur site internet, « dans 20 ans, si aucune action n’est entreprise, ce continent de déchets sera aussi grand que l’Europe. Avec les conséquences que l’on peut deviner ».
Des déchets sur une plage près du port d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. (Photo : Issouf Sanogo/AFP)
ouest france
Massés dans le Pacifique, des millions de déchets forment une île flottante de la taille de la France. Une pollution qui détruit la faune et la flore de l’océan. Pour sensibiliser à cette cause, la fondation Plastic Oceans et le média en ligne LadBible ont décidé de défendre l’entrée de cet État artificiel à l’Onu. Une idée qui fait peu à peu son bout de chemin.
Ils sont aujourd’hui 141 580, prêts à devenir des citoyens des « Trash Isles », les îles poubelles qui flottent au milieu du Pacifique. Lancée par la fondation Plastic Oceans et le média en ligne britannique LadBible en septembre dernier, la pétition s’est fait remarquer. Et pour cause, l’idée est pour le moins originale. Afin de sensibiliser à la pollution des océans de la planète, la fondation et le média se sont mis en tête de faire reconnaître par l’Organisation des nations unies (Onu), ce qu’ils nomment les îles poubelles, afin de devenir le 196e pays membre de l’organisation. Et peut-être par la même occasion faire bouger les choses.
Parmi les premiers citoyens de ce nouveau pays, Al Gore, l’ancien vice-président de Bill Clinton, qui a accepté d’être l’un des porte-paroles de l’initiative. Prix Nobel de la paix en 2007 pour son engagement en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, l’ambassadeur du projet estime que cette reconnaissance en tant qu’État a plusieurs objectifs : « Développer des matériaux biodégradables, introduire une taxe sur le carbone, et créer des lois pour améliorer le recyclage. »
À Manille, aux Philippines, la pollution de l’eau fait des ravages. (Photo : Noel Celis/AFP)
Passeport, devise, timbres…
Les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens. Associés à deux publicitaires et un graphiste, ils ont constitué une véritable identité visuelle à cet État, avec une monnaie : le « débris », un passeport, et même des timbres à l’effigie du continent de déchets. Des détails fabriqués en matériaux recyclés par le designer londonien Mario Kerkstra. Sont également prévus un hymne national, des élections et une équipe de football.
(Illustration : Mario Kerkstra)
Car pour être reconnu comme un État à part entière par les Nations unies, un pays doit rassembler quatre critères essentiels : être peuplé, avoir un territoire défini, un gouvernement et être apte à entrer en relation avec les autres pays. Comme l’expliquent les organisateurs, si les « Trash Isles » sont reconnues, celles-ci pourraient être protégées par les traités internationaux et donc les autres États se retrouveraient contraints de s’en occuper.
Des chances d’aboutir « presque nulles »
Après le dépôt de la demande auprès de l’Onu en juin dernier, et le lancement de la pétition pour rassembler des citoyens, l’initiative a réussi à attirer l’attention des membres de l’Onu. Stéphane Dujarric, le porte-parole des Nations unies s’est adressé à la campagne au début du mois d’octobre, reconnaissant une idée « créative et innovante ». Avant de conclure que les chances d’un tel projet d’aboutir étaient « presque nulles ».
(Illustration : Mario Kerkstra)
Les organisateurs de la campagne n’ont néanmoins pas baissé les bras. Ravis de s’être fait remarquer, ils ont ainsi nom obligatoire le porte-parole de l’Onu à devenir citoyen de leur État, en lui attribuant un passeport et en lui adressant une carte postale depuis leur pays : « Si l’Onu avait demandé il y a 50 ans quelles étaient les chances qu’un amas de déchets, de la taille de la France, se forme dans le nord du Pacifique, ils auraient répondu "presque nulles". Mais regardez-nous aujourd’hui. »
Les « continents de plastique »
L’association et le média ne sont pas les seuls à se mobiliser pour cette cause. En France, le navigateur Patrick Deixonne lutte depuis 2009 pour faire reconnaître le problème. Avec son ONG Expédition 7e continent, l’explorateur souhaite documenter au maximum l’existence de ces véritables « continents de plastique » qui flottent sur les océans. En filmant ses expéditions et avec la publication d’une bande dessinée en 2016, l’homme et son équipe espèrent mobiliser un peu plus autour de cette cause.
Les plages de France sont aussi concernées par la pollution des océans, comme ici à Vendays-Montalivet, dans le Sud-Ouest, en 2014. (Photo : Regis Duvignau/Reuters)
Il reconnaît néanmoins lui-même que cela n’est pas facile. Interrogé par le média en ligne Usbek & Rica, il déclare : « La pollution plastique, ce n’est pas ce qu’on s’imagine, ce n’est pas un continent en dur sur lequel on peut marcher. C’est impalpable donc c’est très difficile d’en parler. Ce qui heurte les gens, c’est avant tout la pollution visuelle. » Sans image, difficile de toucher le grand public.
Car cette pollution que dénonce la fondation Plastic Oceans n’est pas aussi facile à remarquer que celle qu’on croise sur les plages. Comme le fait remarquer Le Monde, les expéditions successives qui sont parties pour explorer ces zones polluées les décrivent comme une « soupe », constituée majoritairement de « particules » produites par des activités quotidiennes, difficile à distinguer de loin. Et elles seraient cinq, appelées « gyres océaniques », à couvrir les océans de la Terre.
Une situation préoccupante que tentent de faire entendre les ONG environnementales comme Expédition 7e continent et Platic Oceans. Car comme ils le déclarent sur leur site internet, « dans 20 ans, si aucune action n’est entreprise, ce continent de déchets sera aussi grand que l’Europe. Avec les conséquences que l’on peut deviner ».
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