Le mystère du "lac des squelettes" continue d'intriguer dans l'Himalaya
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Le mystère du "lac des squelettes" continue d'intriguer dans l'Himalaya
Par Emeline Férard - Publié le 21/08/2019 à 18h58 - Mis à jour le 22/08/2019
Le lac Roopkund ou "lac des squelettes" est perché à quelque 5.000 mètres d'altitude dans l'Himalaya en Inde. Atish Waghwase
Des scientifiques ont mené une nouvelle étude sur le Roopkund, un lac situé dans l'Himalaya indien et connu pour abriter des centaines d'ossements humains. Leurs recherches ont révélé des résultats inattendus qui renforcent le mystère autour du "lac des squelettes".
A quelque 5.000 mètres d'altitude dans les montagnes de l'Himalaya indien, se trouve un lac pas comme les autres. Etendu sur une quarantaine de mètres, le Roopkund est gelé une grande partie de l'année et constitue une destination très appréciée des touristes. Mais ses eaux vert-bleuté ne sont pas la seule particularité qui attirent les curieux, car le Roopkund cache un secret.
Chaque été, lorsque le lac dégèle, ses profondeurs de même que ses rives laissent apparaitre des centaines d'ossements humains. Une curiosité qui lui a valu le surnom de "lac des squelettes". Qui étaient ces individus et comment sont-ils arrivés là ? C'est le mystère que des scientifiques tentent de résoudre depuis plusieurs décennies. Mais le Roopkund n'est visiblement pas prêt à livrer la clé de l'énigme.
Une équipe internationale de chercheurs a mené une nouvelle étude sur les squelettes découverts dans le lac glaciaire. Loin d'apporter des réponses définitives, leurs résultats publiés dans la revue Nature Communications sont venus contredire de précédentes recherches et surtout, bousculer l'une des théories les plus répandues sur l'origine des ossements.
Une histoire plus complexe que prévue
De précédentes analyses ADN avaient suggéré que les défunts descendaient tous d'ancêtres sud-asiatiques, tandis qu'une datation au radiocarbone avait indiqué que le site remontait au IXe siècle. Ces indices ont conduit à l'hypothèse que ces individus - peut-être des pèlerins - étaient tous morts au cours d'un évènement unique. Sauf que ce ne serait pas du tout le cas selon la nouvelle étude.
Pour en arriver là, les chercheurs ont mené une étude génétique inédite sur 38 squelettes issus du Roopkund. Ils ont ensuite comparé les génomes à 1.521 humains décédés et 7.985 autres vivants actuellement à travers le monde. Ces travaux ont révélé l'existence d'au moins trois groupes distincts parmi les défunts étudiés.
Le premier groupe, constitué de 23 individus, a semblé apparenté aux Indiens d'aujourd'hui. Le deuxième, en revanche, a montré une ascendance plus surprenante : ses 14 membres ont indiqué une ascendance étroitement liée aux habitants actuels de l'Est de la Méditerranée, notamment la Crète et la Grèce. Enfin, le troisième groupe a révélé une lignée plus classique localisée en Asie du Sud-est.
"Nous avons été extrêmement surpris par les génomes des squelettes du Roopkund, a expliqué dans un communiqué Éadaoin Harney, doctorante de l'Université de Harvard et premier auteur de l'étude. La présence d'individus avec une ascendance typiquement associée à la Méditerranée orientale suggère que le lac n'était pas un site d'intérêt local, mais qu'il attirait plutôt des visiteurs du monde entier".
Les rives du lac Roopkund montrent de nombreux ossements humains désarticulés et disséminés. - Himadri Sinha Roy
Une analyse supplémentaire des ossements des deux premiers groupes a confirmé que les individus n'étaient pas liés et qu'ils n'avaient pas non plus connu le même régime alimentaire. Cependant, l'histoire s'est révélée encore plus complexe que prévue lorsque les scientifiques se sont appliqués à dater les dépôts des ossements dans le lac himalayen.
Contrairement à ce qui était supposé jusqu'ici, les squelettes n'ont pas atterri dans les eaux de façon simultanée. Les individus du premier groupe, d'ascendance indienne, auraient péri entre les VIIe et Xe siècles, probablement durant des évènements distincts. Les deux autres groupes quant à eux, seraient arrivés bien plus tard, entre les XVII et XXe siècles.
Comment expliquer un tel écart ? Et les différentes origines des défunts ? Cela reste un mystère. D'autant plus que sur les centaines d'ossements du Roopkund, une trentaine seulement a été étudiée, suggérant que d'autres groupes issus d'une autre période ou d'une autre origine pourraient s'y trouver.
Morts durant un orage ?
Si la cause du décès des individus demeure floue, certaines hypothèses ont pu être écartées. La présence à la fois d'hommes et de femmes ainsi que l'absence d'armes et de signes de combat violents, suggèrent qu'une bataille n'est pas responsable de leur mort. Les défunts sont également apparus en bonne santé, éliminant la théorie d'une épidémie.
Il est possible que certains d'entre eux aient péri durant un pèlerinage suite à un orage de grêle, comme le laisse penser une légende locale. La découverte de traumatismes et de lésions non cicatrisées sur certains crânes humains pourrait appuyer cette hypothèse. Mais les indices archéologiques manquent pour la confirmer avec certitude.
"On ne sait pas exactement ce qui a amené ces individus jusqu'au lac Roopkund ni comment ils sont morts", a confirmé Niraj Rai, archéogénéticien du Birbal Sahni Institute of Palaeosciences et co-auteur de l'étude. Néanmoins, l'équipe n'entend pas en rester là face à cette énigme. Elle prévoit de retourner sur le terrain dès l'an prochain pour étudier les artéfacts découverts à proximité des ossements.
"Nous espérons que cette étude représente la première de nombreuses analyses de ce site mystérieux", a-t-il conclu.
https://www.geo.fr
Le lac Roopkund ou "lac des squelettes" est perché à quelque 5.000 mètres d'altitude dans l'Himalaya en Inde. Atish Waghwase
Des scientifiques ont mené une nouvelle étude sur le Roopkund, un lac situé dans l'Himalaya indien et connu pour abriter des centaines d'ossements humains. Leurs recherches ont révélé des résultats inattendus qui renforcent le mystère autour du "lac des squelettes".
A quelque 5.000 mètres d'altitude dans les montagnes de l'Himalaya indien, se trouve un lac pas comme les autres. Etendu sur une quarantaine de mètres, le Roopkund est gelé une grande partie de l'année et constitue une destination très appréciée des touristes. Mais ses eaux vert-bleuté ne sont pas la seule particularité qui attirent les curieux, car le Roopkund cache un secret.
Chaque été, lorsque le lac dégèle, ses profondeurs de même que ses rives laissent apparaitre des centaines d'ossements humains. Une curiosité qui lui a valu le surnom de "lac des squelettes". Qui étaient ces individus et comment sont-ils arrivés là ? C'est le mystère que des scientifiques tentent de résoudre depuis plusieurs décennies. Mais le Roopkund n'est visiblement pas prêt à livrer la clé de l'énigme.
Une équipe internationale de chercheurs a mené une nouvelle étude sur les squelettes découverts dans le lac glaciaire. Loin d'apporter des réponses définitives, leurs résultats publiés dans la revue Nature Communications sont venus contredire de précédentes recherches et surtout, bousculer l'une des théories les plus répandues sur l'origine des ossements.
Une histoire plus complexe que prévue
De précédentes analyses ADN avaient suggéré que les défunts descendaient tous d'ancêtres sud-asiatiques, tandis qu'une datation au radiocarbone avait indiqué que le site remontait au IXe siècle. Ces indices ont conduit à l'hypothèse que ces individus - peut-être des pèlerins - étaient tous morts au cours d'un évènement unique. Sauf que ce ne serait pas du tout le cas selon la nouvelle étude.
Pour en arriver là, les chercheurs ont mené une étude génétique inédite sur 38 squelettes issus du Roopkund. Ils ont ensuite comparé les génomes à 1.521 humains décédés et 7.985 autres vivants actuellement à travers le monde. Ces travaux ont révélé l'existence d'au moins trois groupes distincts parmi les défunts étudiés.
Le premier groupe, constitué de 23 individus, a semblé apparenté aux Indiens d'aujourd'hui. Le deuxième, en revanche, a montré une ascendance plus surprenante : ses 14 membres ont indiqué une ascendance étroitement liée aux habitants actuels de l'Est de la Méditerranée, notamment la Crète et la Grèce. Enfin, le troisième groupe a révélé une lignée plus classique localisée en Asie du Sud-est.
"Nous avons été extrêmement surpris par les génomes des squelettes du Roopkund, a expliqué dans un communiqué Éadaoin Harney, doctorante de l'Université de Harvard et premier auteur de l'étude. La présence d'individus avec une ascendance typiquement associée à la Méditerranée orientale suggère que le lac n'était pas un site d'intérêt local, mais qu'il attirait plutôt des visiteurs du monde entier".
Les rives du lac Roopkund montrent de nombreux ossements humains désarticulés et disséminés. - Himadri Sinha Roy
Une analyse supplémentaire des ossements des deux premiers groupes a confirmé que les individus n'étaient pas liés et qu'ils n'avaient pas non plus connu le même régime alimentaire. Cependant, l'histoire s'est révélée encore plus complexe que prévue lorsque les scientifiques se sont appliqués à dater les dépôts des ossements dans le lac himalayen.
Contrairement à ce qui était supposé jusqu'ici, les squelettes n'ont pas atterri dans les eaux de façon simultanée. Les individus du premier groupe, d'ascendance indienne, auraient péri entre les VIIe et Xe siècles, probablement durant des évènements distincts. Les deux autres groupes quant à eux, seraient arrivés bien plus tard, entre les XVII et XXe siècles.
Comment expliquer un tel écart ? Et les différentes origines des défunts ? Cela reste un mystère. D'autant plus que sur les centaines d'ossements du Roopkund, une trentaine seulement a été étudiée, suggérant que d'autres groupes issus d'une autre période ou d'une autre origine pourraient s'y trouver.
Morts durant un orage ?
Si la cause du décès des individus demeure floue, certaines hypothèses ont pu être écartées. La présence à la fois d'hommes et de femmes ainsi que l'absence d'armes et de signes de combat violents, suggèrent qu'une bataille n'est pas responsable de leur mort. Les défunts sont également apparus en bonne santé, éliminant la théorie d'une épidémie.
Il est possible que certains d'entre eux aient péri durant un pèlerinage suite à un orage de grêle, comme le laisse penser une légende locale. La découverte de traumatismes et de lésions non cicatrisées sur certains crânes humains pourrait appuyer cette hypothèse. Mais les indices archéologiques manquent pour la confirmer avec certitude.
"On ne sait pas exactement ce qui a amené ces individus jusqu'au lac Roopkund ni comment ils sont morts", a confirmé Niraj Rai, archéogénéticien du Birbal Sahni Institute of Palaeosciences et co-auteur de l'étude. Néanmoins, l'équipe n'entend pas en rester là face à cette énigme. Elle prévoit de retourner sur le terrain dès l'an prochain pour étudier les artéfacts découverts à proximité des ossements.
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