Ce bistrot associatif ranime un village breton

Par Claire Commissaire I Publié le 7 Juin 2018

Il n'y avait plus grand chose dans la petite commune finistérienne de Saint-Eloy, avant que des habitants y créent un bistrot associatif : vente de produits locaux, expos, concerts... Une campagne de financement participatif décidera de l'avenir du Café-Chantier.

Le Café Chantier de Saint-Eloy (Crédit : DR)

C’est l’histoire d’un petit village, comme il en existe tant d’autres en France. Saint-Eloy, dans le Finistère : une commune d'un peu plus de 220 âmes – près de deux fois moins qu’il y a 100 ans –, qui se partagent 12 km2. Ces vingt dernières années, on s’ennuyait un peu à Saint-Eloy : plus de café, ni de commerce, ni même d’école, et on ne se parlait plus trop entre voisins. Pour les courses, il faut rouler 6 km pour trouver l'épicerie la plus proche, 10 km pour le supermarché, et pour l'école, les minots sont dispatchés dans les communes avoisinantes. Tout juste, restait-il une église en briques un peu ternies par le temps breton.

Et puis les habitants en ont eu marre. "La ville était endormie", confie Isabelle Salaün, qui vit dans la commune depuis une dizaine d’années. Alors, les Eloyciens ont commencé à se concerter : "Il y a eu l’idée d’un potager collectif, d'un poulailler collectif, même… Et puis, c’est le bistrot qui a remporté tous les suffrages !", sourit Isabelle. C'est elle qui a créé l’Association les Éloignés : un clin d’oeil à l’enclavement de Saint-Eloy. "Pour la plupart, nous sommes d’anciens urbains qui en avions marre de la ville. En arrivant ici, il y avait la volonté de ne pas rester enfermé dans ce village et d’y apporter les services qu’il n’y avait plus : une épicerie, mais aussi une offre culturelle."


Artistes locaux, concerts et circuit-court


Ce qui est devenu une bande de copains a fini par installer des tables, un comptoir et sa bonne humeur dans l’ancienne forge du village : un accord de deux ans a été conclu avec le propriétaire. Tout a été rénové bénévolement par des habitants. Et depuis, le Café Chantier marche du tonnerre. Le week-end, on y vient entre potes ou en famille, pour boire un café au comptoir, voir une des expos temporaires, ou même écouter un concert le samedi soir. "On a une programmation éclectique, ça fonctionne assez bien : on a des groupes de Paris, de Belgique, et même de Montréal qui viennent jouer au Café Chantier !", se réjouit Isabelle.
 

Tous les mercredis, le Café Chantier https://www.lecafechantier.com/  propose un service de Tite Epicerie :

les adeptes du Café, qu'ils viennent de Saint-Eloy ou de communes voisines, viennent y chercher leurs produits locaux – bio en très grande majorité –, commandés sur internet à une vingtaine de producteurs du coin. Une façon de recréer du lien social, tout en encourageant une économie locale et solidaire… et attirer de nouveaux habitants ? "L’autre jour, une voisine nous a dit que s’il n’y avait pas eu le Café-Chantier, jamais elle ne se serait installée à Saint-Eloy. Petit à petit, la ville est en train de changer de physionomie", s’enthousiasme Isabelle.



Aujourd’hui, le deal passé avec le propriétaire de la forge arrive à son terme, et le Café Chantier a lancé sur internet une campagne de financement participatif https://www.helloasso.com/associations/les-eloignes-le-cafe-chantier/collectes/le-cafe-chantier    : 25 000 euros sont nécessaires pour acquérir la forge. Isabelle compte sur la solidarité des internautes… et celle des commune voisines : un "petit Café-Chantier mobile" a été créé pour sillonner les alentours. "Il s'agit d'une remorque avec laquelle nous irons à la rencontre des gens pour que le projet perdure, on est super optimistes."  Verdict fin juin.