75 ans après, les objets d’un déporté renvoyés à sa famille bretonne
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75 ans après, les objets d’un déporté renvoyés à sa famille bretonne
Par Brice DUPONT ouest france
Des effets confisqués par les Nazis en 1943 viennent d’être remis à la fille d’un déporté de Saint-Brieuc. Grâce au travail d’un service spécialisé en Allemagne et d’une association des Côtes-d’Armor.
Un portefeuille, des dessins, des morceaux de tissus… Des objets a priori sans valeur, qui sont pourtant des témoins forts de l’Histoire. Ces effets personnels appartenaient à Guy Allain, déporté lors de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont été remis à sa fille en décembre 2018. Soixante-quinze après.
Déporté dans un camp à 17 ans
Guy Allain a seulement 17 ans lorsqu’il est arrêté à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) en 1943. Élève au lycée Anatole-Le-Braz, il est membre du Forces unies de la jeunesse patriote, un groupe de résistants. Lors d’une perquisition de la Gestapo, un pistolet est retrouvé chez l’un d’entre eux. Une arme qui appartient à un officier allemand abattu quelque temps plus tôt.
Dix-huit lycéens sont arrêtés, trois d’entre eux seront fusillés au Mont Valérien. Avec d’autres camarades, Guy Allain est transféré de Saint-Brieuc à Compiègne (Oise), puis déporté au camp de concentration de Neuengamme, en Allemagne.
À son arrivée, les Nazis lui confisquent les effets personnels qu’il portait au moment de son arrestation. Le Briochin sera libéré par les Américains en mai 1945, et retournera vivre en Bretagne.
« Un travail de longue haleine »
Guy ne reverra jamais ces objets, il est décédé en 2015, à l’âge de 89 ans. S’ils ont pu être enfin remis à sa fille, c’est grâce au travail de fourmi mené par l’ITS (International Tracing Service, service international de recherches en français).
Le portefeuille de Guy Allain, confisqué lors de sa déportation. Il a été remis à sa fille en décembre 2018. (Photo : International Tracing Service)
Ce service, basé à Bad Arolsen en Allemagne, conserve des millions de documents et objets liés aux camps de concentration nazis. « C’est le plus grand centre d’archives au monde », précise Nathalie Letierce-Liebig. Cette Française coordonne la section « recherches et éclaircissement de destins » de l’ITS, qui compte six personnes.
Ce service, basé à Bad Arolsen en Allemagne, conserve des millions de documents et objets liés aux camps de concentration nazis. « C’est le plus grand centre d’archives au monde », précise Nathalie Letierce-Liebig. Cette Française coordonne la section « recherches et éclaircissement de destins » de l’ITS, qui compte six personnes.
« À partir des documents que nous avons, nous faisons en sorte de restituer les objets aux déportés ou à leurs descendants, partout dans le monde. On a des noms, des matricules. À partir de cela, on recherche le lieu de naissance, on contacte les mairies… C’est un travail de longue haleine », explique Nathalie Letierce-Liebig.
Un simple morceau de tissu rouge, qui appartenait au déporté Guy Allain. (Photo : International Tracing Service)
Pour l’aider dans cette tâche immense, l’ITS fait régulièrement appel à des associations locales. C’est ainsi que les effets de Guy Allain ont pu être restitués. Ce sont en effet les recherches menées par Eliane-Claire Poulmarc’h-Lefevre, présidente de l’association des Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation des Côtes-d’Armor, qui ont permis de retrouver la trace de la descendante
« Via l’acte de décès de Guy Allain, j’ai pu trouver les coordonnées du notaire, qui a prévenu la fille de la recherche qui était menée, détaille la Costarmoricaine. J’ai pu échanger avec elle par la suite, elle était très émue. Elle ne sait que très peu de choses sur la déportation de son père, il n’en parlait jamais. »
La fille du déporté briochin a prévu de remettre les objets à l’association, pour qu’ils soient exposés. Pour rappeler aux générations futures qu’au milieu du XXe siècle, des lycéens pouvaient se retrouver en camp de concentration.
L’ITS détient de nombreux documents sur des anciens déportés, travailleurs forcés (STO) et prisonniers de guerre. Les familles des victimes du régime nazi peuvent s’adresser à l’ITS si elles souhaitent obtenir des copies de ces documents (service gratuit). Renseignements au +49 (0) 5691 629-201 ou InvestigationTeam6@its-arolsen.org
Des effets confisqués par les Nazis en 1943 viennent d’être remis à la fille d’un déporté de Saint-Brieuc. Grâce au travail d’un service spécialisé en Allemagne et d’une association des Côtes-d’Armor.
Un portefeuille, des dessins, des morceaux de tissus… Des objets a priori sans valeur, qui sont pourtant des témoins forts de l’Histoire. Ces effets personnels appartenaient à Guy Allain, déporté lors de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont été remis à sa fille en décembre 2018. Soixante-quinze après.
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À son arrivée, les Nazis lui confisquent les effets personnels qu’il portait au moment de son arrestation. Le Briochin sera libéré par les Américains en mai 1945, et retournera vivre en Bretagne.
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Le portefeuille de Guy Allain, confisqué lors de sa déportation. Il a été remis à sa fille en décembre 2018. (Photo : International Tracing Service)
Ce service, basé à Bad Arolsen en Allemagne, conserve des millions de documents et objets liés aux camps de concentration nazis. « C’est le plus grand centre d’archives au monde », précise Nathalie Letierce-Liebig. Cette Française coordonne la section « recherches et éclaircissement de destins » de l’ITS, qui compte six personnes.
Ce service, basé à Bad Arolsen en Allemagne, conserve des millions de documents et objets liés aux camps de concentration nazis. « C’est le plus grand centre d’archives au monde », précise Nathalie Letierce-Liebig. Cette Française coordonne la section « recherches et éclaircissement de destins » de l’ITS, qui compte six personnes.
« À partir des documents que nous avons, nous faisons en sorte de restituer les objets aux déportés ou à leurs descendants, partout dans le monde. On a des noms, des matricules. À partir de cela, on recherche le lieu de naissance, on contacte les mairies… C’est un travail de longue haleine », explique Nathalie Letierce-Liebig.
Un simple morceau de tissu rouge, qui appartenait au déporté Guy Allain. (Photo : International Tracing Service)
Pour l’aider dans cette tâche immense, l’ITS fait régulièrement appel à des associations locales. C’est ainsi que les effets de Guy Allain ont pu être restitués. Ce sont en effet les recherches menées par Eliane-Claire Poulmarc’h-Lefevre, présidente de l’association des Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation des Côtes-d’Armor, qui ont permis de retrouver la trace de la descendante
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