Pourquoi il faut aussi s’inquiéter de la disparition des plantes
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Pourquoi il faut aussi s’inquiéter de la disparition des plantes
Leur disparition fait moins pleurer que celle des pandas. Forcément. Pourtant l’extinction massive des espèces végétales devrait nous inquiéter tout autant.
C’est la première étude globale concernant la disparition des plantes. Et sa conclusion n’est pas rassurante du tout : l’effondrement est général !
Les scientifiques suédois et britanniques à l’origine de ce rapport publié ce lundi, dans la revue scientifique Nature Ecology and Evolution estiment que 571 espèces ont définitivement été anéanties par les activités humaines depuis 1750. Ils ont établi que l’extinction des plantes se produisait 500 fois plus vite que son « taux normal » (c’est-à-dire sans intervention humaine).
Mais comme les connaissances sur certaines espèces sont encore très limitées, ce chiffre (571) est sûrement beaucoup plus important. Notamment parce qu’il existe un certain nombre d’espèces de plantes dites « mortes-vivantes » : ce sont les survivantes d’une espèce n’ont aucun moyen de se reproduire, soit parce qu’il n’y a plus qu’un genre de cette plante encore en vie, soit parce que les animaux qui dispersent leurs graines ont disparu.
Et puis cela prend un certain temps d’établir qu’une espèce de plante est complètement éteinte. Ce qui veut dire que pour certaines plantes, leur disparition n’est pas encore confirmée. « Comment allez-vous passer au peigne fin toute l’Amazonie pour trouver votre plante perdue ? », demande la Dr Maria S. Vorontsova, des Jardins botaniques royaux de Kew (Royaume-Uni), co-autrice de l’étude, dans The Guardian. Et des espèces végétales auront disparu avant même d’avoir été découvertes. Imaginez, les botanistes découvrent environ 2 000 nouvelles espèces chaque année.
Une plante disparue émeut moins qu’un panda
Plusieurs raisons expliquent l’effondrement des variétés végétales : l’urbanisation, les pratiques agricoles, la disparition de certains environnements (étangs, mares, prairies en bordure de fleuves, etc.), la déforestation… Les zones où l’extinction des espèces de plantes est massive et rapide se trouvent sur les îles, dans les tropiques et dans les endroits où le climat est de type méditerranéen.
Forcément, on s’émeut plus du sort des pandas roux que des plantes, moins mignonnes. (Photo d’illustration : Flickr)
Mais contrairement à la disparition d’une espèce animale, celle d’une plante émeut beaucoup moins. Pourtant le nombre d’espèces végétales qui ont définitivement disparu est deux fois plus important que celui des oiseaux, mammifères et amphibiens éteints combinés [même s’il faut avoir en tête qu’il y a aussi beaucoup plus d’espèces de plantes que d’animaux, NdlR].
« La plupart des gens peuvent nommer un mammifère ou un oiseau qui a disparu lors des siècles précédents, mais peu peuvent donner le nom d’une espèce de plante disparue », indique la Dr Aelys M. Humphreys, co-autrice de l’étude et professeure assistante au sein du département d’Écologie, d’environnement et de botanique à l’université de Stockholm. Nos voisins anglo-saxons ont un terme pour ce phénomène : plant-blindness, qu’on peut traduire par « aveuglement face aux plantes ».
Pourtant, notre vie est intimement liée à la diversité végétale : notre alimentation, nos meubles, nos vêtements, nos médicaments… « Les plantes sont à la base de toute vie sur Terre, elles fournissent l’oxygène que nous respirons et la nourriture que nous mangeons, tout en constituant l’épine dorsale des écosystèmes du monde – donc l’extinction des plantes est une mauvaise nouvelle pour toutes les espèces, insiste auprès du Guardian, la Dr Eimear M. Nic Lughadha, botaniste, co-autrice de l’étude. Des millions d’autres espèces dépendent des plantes pour leur survie, y compris les humains. »
Voici quelques exemples de plantes que l’on ne voit déjà plus ou que l’on ne verra plus :
On ne pourra plus jamais le voir : l’olivier de Sainte-Hélène, Nesiota elliptica. L’espèce est complètement éteinte. (Illustration : domaine public)
L’olivier de Sainte-Hélène, Nesiota elliptica. Le dernier spécimen de cet arbre Nesiota Elliptica qui n’a rien à voir avec le vrai olivier, est mort en 1994 et le dernier en cultivation en décembre 2003, malgré de nombreux efforts pour le conserver. L’espèce était endémique de l’île de Sainte-Hélène, dans l’océan Atlantique sud.
Camellia amplexicaulis. À l’état sauvage, ce buisson natif du Vietnam, qui peut mesurer jusqu’à 3 mètres de hauteur, est considéré comme une espèce éteinte.
Le bouleau nain, Betula nana. Il ne reste que quelques milliers de cette espèce relique de l’ère glaciaire en France – où elle est protégée. On peut le voir uniquement dans le Massif central et dans des tourbières du Jura.
Santalum fernandezianum. L’extinction de cette variété de bois de santal, endémique des îles Juan Fernandez au large des côtes chiliennes, est liée à son exploitation comme bois aromatique.
La pensée de Cry, Viola cryana. La plante, endémique de France, poussait dans des éboulis calcaires sur les coteaux de Cry, dans l’Yonne. Son extinction est due à sa récolte excessive, à l’exploitation de la carrière de pierre où elle s’épanouissait, et au boisement de cet espace. Des graines ont été conservées dans des herbiers laissent un peu d’espoir de faire revivre cette espèce.
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