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Destin d'un bateau de guerre aussi héroïque que tragique, le Dugay Trouin.

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Message par Admin Lun 2 Mar - 11:13

De Larziz Roland Jr Jr

Destin d'un bateau de guerre aussi héroïque que tragique, le Dugay Trouin.

Le bateau que vous voyez en photo est bien un Trois-Mats, avec les deux pavillons anglais et français , remorqué en...1949 !

Mis en service dans la Marine française en 1800, L’escadre dont il fait partie est envoyée le 13 novembre 1801 en station à Saint Domingue, suivant l’ordre de l’amiral Decrès pour mater la révolte des esclaves menée par Toussaint Louverture.

Mais les Anglais rompent la paix d’Amiens et déclarent la guerre à la France, impliquant un rapatriement des principaux vaisseaux vers la métropole. Le Dugay-Trouin, sur le chemin du retour, met en déroute toute une escadre anglaise.
Aligné lors de la bataille de Traflagar, Le Duguay-Trouin se retrouve à l’arrière-garde,et fera partie des quatre vaisseaux presque intacts qui vont éviter le combat et quitter le champ de bataille en s’éloignant vers Cadix après la déroute de nos armes.
Quelques mois plus tard il sera capturé par une escadre anglaise après avoir mis hors de combat l'un de se assaillants, le pavillon étant tombé pendant le combat avec la mâture, Le Duguay-TQuerouin se rend sans amener son pavillion.

Le Duguay-Trouin pris, est alors conduit à Plymouth. Dans les semaines qui vont suivre, l’arsenal va le réparer, faire des essais en mer et apprécier ses bonnes qualités. On remplace la figure de proue - le Corsaire malouin Duguay-Trouin brandissant un sabre - par un buste de Méduse.

Il est intégré à la Royal Navy et renommé HMS Implacable. Il se fait remarquer en Baltique en 1808, participant au soutien anglais à la Suède face aux forces russo-danoises. Il prend le vaisseau de 74 canons de la marine russe Vsevolod en août, mais ce dernier prend feu et explose. En juillet 1809 on le retrouve en Finlande lors de la même campagne, prenant 8 canonnières et 12 vaisseaux marchands. Il est de retour à Plymouth en 1813.

Il s'ensuit alors une longue période d’inactivité jusqu'en 1840 lorsqu'il participe en Méditerranée au blocus des côtes syriennes, puis prend part à la libération de Beyrouth occupé par les troupes égyptiennes et au bombardement des côtes de Syrie et de la ville d’Alexandrie.

Le HMS Implacable rentre une fois de plus à Plymouth en 1841 auréolé du titre de vaisseau le plus beau de la Méditerranée et le meilleur en évolution, titre récompensé par un coq doré perché en haut de son grand mât. Le plus beau certes, mais surclassé par les constructions plus récentes puisqu'il avait alors près de 50 ans.

Il est alors mis en réserve en 1842 et en 1855, il devient le premier bâtiment d’entraînement à Devonport. En 1871, il est absorbé par la structure HMS Lion, regroupement de centres d’entraînement. Il ne subit quasiment pas d’entretien et on ne s’inquiète pas de savoir comment vieillit la coque, elle flotte…

En 1908, l’Implacable, qui a 108 ans, entre dans la liste des vaisseaux à vendre aux démolisseurs mais le roi Edward VII intervient. Un millionnaire, Goeffrey Cobb, industriel du charbon, dont le père avait déjà sauvé le HMS Foudroyant de Nelson, s’associe à plusieurs hommes influents du pays afin d’obtenir un peu de répit pour le vaisseau. Finalement il n’est pas vendu aux démolisseurs mais « prêté » à Cobb en 1911. Remis en état à minima en 1912 aux frais de Cobb, il sert de base aux adolescents et des scouts marins.

Mais l’argent manque et en 1930, le maire de Londres lance un appel de fond suivi d’un second par le duc d’York en 1931. On avait besoin de 10 000 £ pour les grosses réparations et 20 000 £ pour l’entretien. On ne reçoit que 11 000 £ mais le comité créé par Cobb continue son travail d’éducation. Cobb meurt en 1931 bouleversant le projet car il en était l’animateur mais aussi le principal donateur. En juin 1932, l’Implacable est remorqué vers Portsmouth et on le mouille près du HMS Victory, son vieux compagnon de combat tout juste restauré dans son dock, sauvé de justesse en 1816 de la démolition/ Mais les experts se rendent compte que de profondes réparations sont nécessaire
Le temps passe et on oublie peu à peu le vaisseau au point de donner son nom à un porte-avions en 1939.

La 2e guerre mondiale arrive, les fonds sont employés ailleurs, les jeunes gens aussi. La guerre se termine, il est alors le plus ancien vaisseau du monde encore à flot, même si mal en point. En janvier 1947, on le désarme définitivement car il ne sert plus à rien.

La guerre a provoqué d’immenses dommages en Angleterre comme ailleurs et un formidable effort est nécessaire pour la reconstruction des pays. La Royal Navy consent des sacrifices financiers pour l’entretien du Victory (le bateau de Nelson) mais n’ignore pas l’état de l’Implacable : une expertise annonce une somme de 300 000 £ pour sa remise en état. Le comité essaie de donner un nouveau souffle à son activité et on proposera même de remettre le vaisseau en état et de le regréer puis de l’amarrer à Greenwich à l’emplacement de la « Ship Tavern » détruit lors des bombardements de Londres. Mais le coût est bien trop important et le projet est abandonné.
Que faire du vaisseau ? S’il ne s’agissait que d’un vaisseau anglais, la question ne se poserait pas, on le démolirait ou on l’enverrait par le fond mais c’est un vaisseau qu’on a pris aux Français il y a presque 150 ans. Ne faudrait-il pas rendre le vaisseau à la France, sa mère-patrie ?

En mars, un parlementaire français pose la question au secrétaire d’état à la marine et, parallèlement, la CCI de Cherbourg visite le vaisseau et le déclare capable de rejoindre la France bien qu’une grande partie de sa charpente ne soit plus d’origine. On estime à 40 % les pièces de charpente françaises restant dans le vaisseau.En mai, le Times propose officiellement de remettre le vaisseau à la France plutôt que de le détruire. Un comité est créé en France pour le retour du vaisseau à Rochefort et le musée Salorgues de Nantes se propose également de l’accueillir.

En juin, la réponse officielle du secrétaire d’état à la marine parait au journal officiel : « Il n’est pas question d’un retour en France du vaisseau Le Duguay-Trouin. La réalisation d’un tel projet nécessiterait des frais de premières réparations et de remorquages évalués à 225 millions de francs sans compter les frais d’entretien du bâtiment dans le port où il sera ancré. Il ne s’agit donc là d’une opération qui ne peut être envisagée en l’état actuel des crédits militaires ». À décharge, les crédits sont rares, la nécessité de reconstruire la Marine Nationale dans le contexte de la guerre d’Indochine et la notion de patrimoine qui n’est pas encore à l’ordre du jour dans la Marine (ni ailleurs).

Destin d'un bateau de guerre aussi héroïque que tragique, le Dugay Trouin. Descha89
https://fr.wikipedia.org/wiki/Duguay-Trouin_(1900)

Luc-Marie Bayle, directeur du musée de la Marine, officier et peintre va tenter de convaincre la marine en proposant l’apport de fonds privés, de dons, de bonnes volontés mais rien n’y fait et lors de la dernière entrevue avec l’amiral, chef de cabinet, il lui est répondu avec agacement : « Écoutez Bayle, un bateau vaincu n’a aucun titre à revenir dans son pays ! » On se souviendra que le vaisseau vaincu n’avait pourtant pas amené son pavillon a pr!s s'être battu comme un lion.

Devant la réponse officielle, la Royal Navy décide de saborder le vaisseau en Manche.
La Royal Navy organise alors une cérémonie nommée « Main-Sail operation » en invitant une centaine de journalistes et d’officiels mais aucun officiel français ne fait le déplacement et seuls, l’attaché naval à Londres (CA Adam) et le consul (M. Blot) représentent la France. Il y a pourtant là le premier lord de l’Amirauté et le commandant en chef de Portsmouth. Il va sans dire qu’il n’y a pas non plus de navire de la Marine française...

Démâté, dépouillé, l'Implacable est chargé de 450 tonnes de lest en vieilles ferrailles et les artificiers de la Royal Navy installent des explosifs à double charge pour abréger le sabordage. On installe également un mât de pavillon double à l’arrière du navire, on y arborera l’enseigne de la Royal Navy à bâbord et, à tribord, côté noble dans la vieille marine, le pavillon tricolore français.

Le 2 décembre 1949 arrive. À 10 h 0, le remorqueur de haute mer HMS Alligator vient passer une remorque au vaisseau amarré à son coffre et le dernier voyage commence alors par la traversée la rade de Portsmouth. Il passe près de son vieux compagnon de combat, le Victory, au sec dans son dock depuis 1922. Quand il va longer le porte-avions HMS Implacable, son homonyme, les Royal Marines vont interpréter l’hymne anglais et la Marseillaise tandis que 38 vétérans vont le saluer longuement.

Il passe ensuite près du TS Foudroyant, son compagnon des dernières années qui va hisser les couleurs françaises au grand mât et les signaux de séparation au mât de misaine comme il l’aurait fait en mer 100 ans plus tôt. On va alors faire route dans l’est de l’île de Wight vers la fosse Sainte Catherine en convoi qui comprend trois autres bâtiments de la Royal Navy où sont embarqués les officiels et les journalistes. On arrive sur zone et l’ordre de faire exploser les charges est donné.
Les charges explosent mais les fonds sont tellement pourris que toute la partie inférieure du navire se détache, entraînée par les 450 tonnes de lest et le vaisseau s’enfonce alors très lentement puis s’obstine à flotter. Les deux pavillons, surnageant longuement et côte à côte juste au-dessus de l’eau font une très grosse impression aux spectateurs présents.Finalement la houle, assez importante ce jour là, finit par disloquer le vieux navire et deux heures plus tard, il disparait sous les eaux mais de nombreux fragments continuent à flotter, surveillés par le remorqueur qui ne rentrera à Portsmouth qu’à la nuit tombée. Quelques jours plus tard, ces fragments arriveront sur la côte française du côté de Calais et Dunkerque, symbolique retour du vaisseau à la mère-patrie 150 ans après sa construction.

Cette destruction ne fut pas inutile car elle attira l’attention du monde et des acteurs de la mer sur le sort des navires historiques et leur préservation.
Enfin, le patrimoine maritime mondial était reconnu et le World Ship Trust, qui s’occupe de la gestion de ce patrimoine, a choisi comme emblème une représentation symbolique du Duguay-Trouin avec cette devise : « Implacable, never again » (Implacable, plus jamais). La disparition du Duguay-Trouin n'a pas été inutile, elle a permis de sauver bon nombre de navires qui, sans lui, seraient simplement partis à la démolition.Sa figure de proue, changée par les Anglais et son tableau de poupe sont exposés au National Maritime Museum à Greenwich.

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Destin d'un bateau de guerre aussi héroïque que tragique, le Dugay Trouin. Descha88

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