Combien de Terriens faudrait-il envoyer sur Mars pour créer une colonie viable ?

Par Alexandre CHAUVEL
Coronavirus, manifestations, réchauffement climatique… 2020 n’est pas la meilleure année pour vivre sur Terre. Et si Mars était la planète du futur ? Bonne nouvelle, à seulement 110 personnes, il serait possible d’y survivre.


Non, ce n’est pas de la science-fiction. De nombreux projets, dont la fameuse mission Mars de la société SpaceX, https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/94522/reader/reader.html#!preferred/1/package/94522/pub/136923/page/6

ont pour but d’effectuer une mission habitée vers Mars. Elon Musk, le milliardaire américain patron de SpaceX compte même coloniser la planète rouge, et y amener un million de personnes d’ici à 2060.

Et dans l’hypothèse où l’idée se réalise, il faut tout prévoir. Après avoir terminé dans le top 20 du concours pour créer la future ville de Mars,https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/82927/reader/reader.html#!preferred/1/package/82927/pub/117245/page/9

Jean-Marc Salotti, professeur à l’École nationale supérieure de cognitique (ENSC) de Bordeaux, s’est lancé dans une étude sur la façon dont l’humain pourrait survivre sur Mars : « Le concours auquel j’ai participé avec des élèves m’a fait me poser de nombreuses questions. Dont celle des débuts de la colonisation, car il ne sera pas possible de tout faire venir de la Terre… »

110 personnes seulement ?

Car dans ce concours, très complet, les participants devaient tout prévoir : production des denrées, des matériaux, tout pour créer une ville autosuffisante. « La question se pose alors du nombre de personnes à faire venir pour survivre sur la planète. De nombreuses études ont été faites, mais pas sur ce sujet. J’ai alors cherché à comprendre les besoins en ressources humaines pour que la colonie puisse continuer à vivre. »

Et selon cette étude, publiée le 16 juin dans la revue spécialisée Scientific Reports, le nombre de personnes nécessaires est de 110.

Si les données à prendre en compte sont complexes, le raisonnement est, lui, plutôt simple, explique Jean-Marc Salotti : « S’il y a une seule personne dans une colonie, elle aura besoin d’une voiture, d’une combinaison spatiale, il faudra tout ce qui est nécessaire pour une seule personne. Mais pour 100 personnes par exemple, il ne faudra pas 100 voitures. On prend en compte la question du partage, et avec seulement quelques voitures, c’est tout à fait possible de vivre. »

Et pour l’exemple de l’oxygène, indispensable sur Mars, le raisonnement est le même : « Pour une personne il faudra une machine à oxygène, mais pour 100 il n’en faudra peut-être qu’une dizaine. »

Un taux de natalité pas trop élevé

Pour obtenir le nombre minimum de personnes nécessaires pour la survie d’une colonie humaine sur Mars, il fallait donc seulement croiser le temps de travail disponible pour chaque habitant, sur une année martienne, comparé au temps nécessaire pour répondre aux besoins.

« Dans ces besoins, il y a cinq catégories : l’énergie, l’écosystème, l’industrie, la chimie et le bâtiment. Bien sûr, la civilisation ne pourra pas rester indéfiniment à 110, il faudra un certain taux de natalité pour la pérenniser, mais pas trop élevé non plus, sinon les besoins augmenteront », détaille Jean-Marc Salotti.

Il est bien question de survie, n’imaginez pas de voitures futuristes : « Les voitures pensées seraient fabriquées avec le moins d’électronique possible. Il faut plutôt penser à des voitures comme celles des années 1960, sans ordinateur de bord par exemple. Ça ne serait pas le grand confort. »

Et comme tout doit être imaginé, l’étude prend aussi en compte certaines situations extrêmes, comme une coupure avec la Terre en cas de guerre, ou si par exemple la colonie décidait de devenir une république extraterrestre indépendante.

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