Série. 5. Saint Brieuc, fondateur de monastères
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Série. 5. Saint Brieuc, fondateur de monastères
Publié le 05 août 2018 à 09h00 LE TELEGRAMME
Saint Brieuc est généralement représenté avec un loup à ses pieds. La légende raconte que lors de l’un de ses périples, le saint et ses disciples furent attaqués par des loups. Il suffit à Brieuc de tendre la main pour les apprivoiser... Sa statue dans la Vallée des Saints à Carnoët, a été sculptée par Fabrice Lentz.
Né au pays de Galles comme de nombreux autres saints bretons, Brieuc, considéré comme le fondateur de la ville qui porte son nom, passe sa vie entre les îles britanniques et l’Armorique, qu’il est en charge d’évangéliser. Sa vie témoigne des liens qui existaient entre les populations des deux côtés de la Manche.
La vie de saint Brieuc est comme celle de nombreux saints, faite de miracles et d’interventions divines. La légende raconte que c’est un ange qui est venu annoncer la naissance du futur prélat breton. Ses parents, Cerpus et Eldrude, deux nobles gallois du comté de Cardigan, sont de religion païenne : « Une nuit, l’ange du Seigneur se montra à Eldrude dans une vision : "Femme, lui dit-il, sors des ténèbres de l’idolâtrie, adore le Dieu du ciel, Créateur de toutes choses, et dans tes supplications, demande-lui de faire briller sur ton âme et celle de ton époux la lumière de la vérité. […] Tu l’appelleras Brieuc, c’est-à-dire béni du Seigneur" », raconte l’hagiographie du saint, écrit au XIe siècle en Armorique. Craignant la colère divine, les parents s’exécutent, et après la naissance de l’enfant, vers 409, l’envoient dans l’école du monastère de Caldey (dans laquelle passera un autre saint breton célèbre, Samson de Dole), puis il ira en pension auprès de saint Germain. Selon certains biographes, il s’agit du saint d’Auxerre, pour d’autres, celui de Paris.
Quoi qu’il en soit, Brieuc quitte sa Cornouailles natale pour traverser la Manche, à l’âge de 10 ans, et poursuivre sa formation. C’est là qu’il se fait remarquer, en offrant une cruche d’eau à un mendiant. Se faisant sermonner à son retour au monastère par son abbé, Dieu lui envoie un vase en airain pour compenser la perte. Premier miracle qui en annonce de nombreux autres ! Entré dans les ordres en 447, Brieuc est reconnu pour sa charité envers les plus pauvres, il ne peut s’empêcher de donner ce qu’il possède lorsqu’il en rencontre. L’imagerie populaire le représente d’ailleurs régulièrement avec trois bourses à sa ceinture.
Fondateur de plusieurs monastères
Saint Germain le missionne ensuite en Cornouailles pour convertir ses parents et ses compatriotes. Le moine transforme les temples païens en églises et fonde des monastères où il transmet ce qu’on lui a appris. Il est temps pour lui de se rendre en Bretagne, une nouvelle fois à l’appel du divin : « Il vit, dit-on, un ange qui lui commanda d’aller sans délai dans l’Armorique, où Dieu l’envoyait pour le salut d’un grand nombre de personnes », explique Dom Lobineau dans sa « Vie des saints de Bretagne au XVIIIe siècle ».
S’embarquant avec 175 de ses disciples, vers l’an 480, il vint descendre à un port […] que l’on croit être l’un de ceux du pays d’Achk dans l’ancien diocèse du Léon, d’où il s’avança par terre jusqu’à la rivière de Jaudy dans le pays de Tréguier. On dit qu’il y convertit à la foi chrétienne le comte du pays, nommé Conan ». Saint Brieuc en profite pour construire un nouveau monastère, celui de Landebaëron, qu’il confie rapidement à son neveu, saint Tugdual.
En effet, Brieuc est une nouvelle fois rappelé au pays de Galles. Ce territoire est touché par la peste, et ses concitoyens réclament le retour de leur moine.
La fondation de la ville
Après cet épisode, saint Brieuc retourne sur le continent, en compagnie de 80 religieux. En bateau, il remonte la côte pour arriver à l’embouchure du Gouët en 485. Il y est accueilli par son cousin, le prince Riwall, qu’il convertit avec l’ensemble de ses sujets du royaume de Domnonée. En remerciement, le souverain lui lègue un terrain, le Champ-du-Rouvre, pour y construire un nouveau monastère, où il sera enterré à sa mort en 502. C’est sur sa tombe que seront posées les futures fondations de la cathédrale et de la ville éponyme. Cependant, rien dans son hagiographie, ni même dans sa légende, ne laisse entendre que Brieuc était évêque. La ville de Saint-Brieuc (dont le nom de la localité apparaît pour la première fois en 1032) n’est érigée en évêché que sous le règne de Nominoé, en 844. « Il ne fut peut-être ordonné qu’en tant qu’évêque régionnaire, sans titre particulier et sans siège », poursuit Dom Lobineau.
Une pratique courante dans les îles britanniques : « Sur le territoire continental de l’ancien empire romain, le christianisme se structure autour des anciennes capitales administratives de territoires importants, qui deviendront par la suite des diocèses sous l’autorité d’évêques, explique l’historienne Magali Coumert. À l’ouest de la Grande-Bretagne, ce n’est pas le cas car il n’existe quasiment pas de grandes cités romaines. Il est donc probable que ce christianisme, bien que d’origine latine, se soit diffusé en dehors de l’autorité des évêques, mais se structure autour de l’autorité d’un moine ou d’un abbé ». C’est sur ce modèle que se serait construit le christianisme en Bretagne. « La vie de saint Brieuc prouve l’existence insoupçonnée jusqu’à nos jours d’un grand mouvement religieux dans le Ceredigion (actuellement les comtés de Cardigan et Pembroke au sud-ouest de la Cambrie) qui eut une large influence en Cornouailles et en Bretagne », concluent les historiens Doble et Kerbiriou.
Pour en savoir plus
« Les saints bretons », de G.H. Doble et L. Kerbiriou, éditions Imprimerie Nouvelle, 1933.
« Vies des saints de Bretagne », de Guy-Alexis Lobireau, édition de la Compagnie des Imprimeurs Libraires, 1725.
« Les premiers Bretons - La Bretagne du Ve siècle à l’an mil », de Giot, Bernier et Fleuriot, éditions Jos,1985.
Le Télégramme https://www.letelegramme.fr/histoire/serie-5-saint-brieuc-fondateur-de-monasteres-05-08-2018-12040563.php#CMI8hPdFmIRjdjfF.99
Saint Brieuc est généralement représenté avec un loup à ses pieds. La légende raconte que lors de l’un de ses périples, le saint et ses disciples furent attaqués par des loups. Il suffit à Brieuc de tendre la main pour les apprivoiser... Sa statue dans la Vallée des Saints à Carnoët, a été sculptée par Fabrice Lentz.
Né au pays de Galles comme de nombreux autres saints bretons, Brieuc, considéré comme le fondateur de la ville qui porte son nom, passe sa vie entre les îles britanniques et l’Armorique, qu’il est en charge d’évangéliser. Sa vie témoigne des liens qui existaient entre les populations des deux côtés de la Manche.
La vie de saint Brieuc est comme celle de nombreux saints, faite de miracles et d’interventions divines. La légende raconte que c’est un ange qui est venu annoncer la naissance du futur prélat breton. Ses parents, Cerpus et Eldrude, deux nobles gallois du comté de Cardigan, sont de religion païenne : « Une nuit, l’ange du Seigneur se montra à Eldrude dans une vision : "Femme, lui dit-il, sors des ténèbres de l’idolâtrie, adore le Dieu du ciel, Créateur de toutes choses, et dans tes supplications, demande-lui de faire briller sur ton âme et celle de ton époux la lumière de la vérité. […] Tu l’appelleras Brieuc, c’est-à-dire béni du Seigneur" », raconte l’hagiographie du saint, écrit au XIe siècle en Armorique. Craignant la colère divine, les parents s’exécutent, et après la naissance de l’enfant, vers 409, l’envoient dans l’école du monastère de Caldey (dans laquelle passera un autre saint breton célèbre, Samson de Dole), puis il ira en pension auprès de saint Germain. Selon certains biographes, il s’agit du saint d’Auxerre, pour d’autres, celui de Paris.
Quoi qu’il en soit, Brieuc quitte sa Cornouailles natale pour traverser la Manche, à l’âge de 10 ans, et poursuivre sa formation. C’est là qu’il se fait remarquer, en offrant une cruche d’eau à un mendiant. Se faisant sermonner à son retour au monastère par son abbé, Dieu lui envoie un vase en airain pour compenser la perte. Premier miracle qui en annonce de nombreux autres ! Entré dans les ordres en 447, Brieuc est reconnu pour sa charité envers les plus pauvres, il ne peut s’empêcher de donner ce qu’il possède lorsqu’il en rencontre. L’imagerie populaire le représente d’ailleurs régulièrement avec trois bourses à sa ceinture.
Fondateur de plusieurs monastères
Saint Germain le missionne ensuite en Cornouailles pour convertir ses parents et ses compatriotes. Le moine transforme les temples païens en églises et fonde des monastères où il transmet ce qu’on lui a appris. Il est temps pour lui de se rendre en Bretagne, une nouvelle fois à l’appel du divin : « Il vit, dit-on, un ange qui lui commanda d’aller sans délai dans l’Armorique, où Dieu l’envoyait pour le salut d’un grand nombre de personnes », explique Dom Lobineau dans sa « Vie des saints de Bretagne au XVIIIe siècle ».
S’embarquant avec 175 de ses disciples, vers l’an 480, il vint descendre à un port […] que l’on croit être l’un de ceux du pays d’Achk dans l’ancien diocèse du Léon, d’où il s’avança par terre jusqu’à la rivière de Jaudy dans le pays de Tréguier. On dit qu’il y convertit à la foi chrétienne le comte du pays, nommé Conan ». Saint Brieuc en profite pour construire un nouveau monastère, celui de Landebaëron, qu’il confie rapidement à son neveu, saint Tugdual.
En effet, Brieuc est une nouvelle fois rappelé au pays de Galles. Ce territoire est touché par la peste, et ses concitoyens réclament le retour de leur moine.
La fondation de la ville
Après cet épisode, saint Brieuc retourne sur le continent, en compagnie de 80 religieux. En bateau, il remonte la côte pour arriver à l’embouchure du Gouët en 485. Il y est accueilli par son cousin, le prince Riwall, qu’il convertit avec l’ensemble de ses sujets du royaume de Domnonée. En remerciement, le souverain lui lègue un terrain, le Champ-du-Rouvre, pour y construire un nouveau monastère, où il sera enterré à sa mort en 502. C’est sur sa tombe que seront posées les futures fondations de la cathédrale et de la ville éponyme. Cependant, rien dans son hagiographie, ni même dans sa légende, ne laisse entendre que Brieuc était évêque. La ville de Saint-Brieuc (dont le nom de la localité apparaît pour la première fois en 1032) n’est érigée en évêché que sous le règne de Nominoé, en 844. « Il ne fut peut-être ordonné qu’en tant qu’évêque régionnaire, sans titre particulier et sans siège », poursuit Dom Lobineau.
Une pratique courante dans les îles britanniques : « Sur le territoire continental de l’ancien empire romain, le christianisme se structure autour des anciennes capitales administratives de territoires importants, qui deviendront par la suite des diocèses sous l’autorité d’évêques, explique l’historienne Magali Coumert. À l’ouest de la Grande-Bretagne, ce n’est pas le cas car il n’existe quasiment pas de grandes cités romaines. Il est donc probable que ce christianisme, bien que d’origine latine, se soit diffusé en dehors de l’autorité des évêques, mais se structure autour de l’autorité d’un moine ou d’un abbé ». C’est sur ce modèle que se serait construit le christianisme en Bretagne. « La vie de saint Brieuc prouve l’existence insoupçonnée jusqu’à nos jours d’un grand mouvement religieux dans le Ceredigion (actuellement les comtés de Cardigan et Pembroke au sud-ouest de la Cambrie) qui eut une large influence en Cornouailles et en Bretagne », concluent les historiens Doble et Kerbiriou.
Pour en savoir plus
« Les saints bretons », de G.H. Doble et L. Kerbiriou, éditions Imprimerie Nouvelle, 1933.
« Vies des saints de Bretagne », de Guy-Alexis Lobireau, édition de la Compagnie des Imprimeurs Libraires, 1725.
« Les premiers Bretons - La Bretagne du Ve siècle à l’an mil », de Giot, Bernier et Fleuriot, éditions Jos,1985.
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