Ukraine. Dans l’église, un surprenant musée de l’espace
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Ukraine. Dans l’église, un surprenant musée de l’espace
Publié le 19 février 2019 à 07h00 le telegramme
Emmitouflée, la guide attend les visiteurs pour leur faire revivre, sous la voûte céleste de l’église, l’épopée de la conquête spatiale soviétique.
C’est une église orthodoxe centenaire. Les visiteurs s’y recueillent, non pas devant des icônes mais devant une combinaison spatiale ou un casque de Iouri Gagarine. Vestige d’une époque où la conquête spatiale faisait quasiment figure de religion pour les Soviétiques, cet extravagant musée de l’espace, installé dans le centre de l’Ukraine, survit tant bien que mal…
Vue de l’extérieur, la bâtisse en bois n’a rien d’extraordinaire, avec sa coupole couronnée d’une croix dorée et ses murs peints en bleu et gris. Mais à l’intérieur, l’église Sainte-Parascève abrite plus de 450 pièces d’exposition : du matériel technique dont une astromobile ; des objets personnels dont un casque et un parachute du Soviétique Iouri Gagarine, premier homme envoyé dans l’espace en 1961.
Ce musée fait partie d’un complexe ethnographique en plein air à Pereïaslav-Khmelnytskyï, petite ville au riche passé historique, située à 80 kilomètres au sud-est de Kiev. Il a été fondé dans les années 1970, dans un contexte de politique antireligieuse menée par l’URSS et qui a abouti à des milliers de destructions d’églises ou de transformations en locaux utilitaires.
« Les vols dans l’espace étaient alors follement populaires et chaque petit garçon rêvait de devenir cosmonaute », relate Sergui Volkodav, son jeune responsable scientifique. Selon lui, le choix du lieu s’est imposé pour des raisons terre à terre : il permet d’exposer des pièces volumineuses, comme un modèle de fusée long de plusieurs mètres.
Unique vestige d’un village rayé de la carte
Les habitants racontent que cette reconversion a permis de sauver cette église bâtie en 1891, non de la politique antireligieuse de l’URSS mais de l’engloutissement : le village voisin, où était située l’église à l’origine, s’est trouvé sous les eaux à la suite de la construction, dans les années 1950 et 1960, d’un réservoir aussi vaste que le Luxembourg. Promise à devenir un musée, l’église - comme quelques autres bâtiments - a été déplacée, mais le reste de la localité a disparu.
« À une époque où il n’est plus interdit de prier et de croire en Dieu, l’église doit être utilisée comme un lieu de culte »
Né dans ce village rayé de la carte, Borys Stoliarenko, un mécanicien de 60 ans, n’en conserve aucune photo ou tableau : « Tout ce qui me reste, c’est cette église. La création du musée l’a sauvée ». Il se rappelle avoir assisté, gamin, à des liturgies avant le déplacement de l’édifice. « Quand, plus tard, les Soviétiques en ont fait un grenier à blé, on grimpait avec des copains sur les fenêtres et on sautait dans le blé comme dans l’eau », se souvient-il.
La convoitise des églises rivales
La chute de l’URSS et l’indépendance de l’Ukraine, en 1991, ont été accompagnées d’une plus grande liberté religieuse dans ce pays majoritairement orthodoxe. Mais le statut du musée n’a pas été remis en cause, ce qui agace toujours les prêtres locaux. « À une époque où il n’est plus interdit de prier et de croire en Dieu, l’église doit être utilisée comme un lieu de culte », estime le prêtre Mykhaïlo Iourtchenko, affilié à l’Église orthodoxe ukrainienne autocéphale nouvellement créée.
La confession rivale, dépendante du Patriacat de Moscou et généralement à couteaux tirés avec l’Église autocéphale, est, pour une fois, du même avis. « Bien sûr que ce n’est pas bien », lance le père Féodossi, du monastère local, tout en reconnaissant son impuissance : « C’est la propriété de l’État et nous ne sommes pas en position de changer cela ». Mais, philosophe-t-il, « mieux vaut un musée que des schismatiques » de l’Église indépendante.
Froid comme dans l’espace
Les autorités ukrainiennes, elles, semblent montrer peu d’intérêt pour ce musée de l’espace, qui se visite essentiellement en saison chaude, faute de chauffage, et se délabre. Les pièces d’exposition sont fatiguées et la peinture bleu ciel des murs s’écaille. Un thermomètre, à l’intérieur, affiche -10 °C. « Il fait froid comme dans l’espace », plaisante une guide emmitouflée.
Pas découragé, le responsable scientifique, Sergui Volkodav, compte écrire à l’excentrique Elon Musk, patron de la société spatiale américaine SpaceX,https://www.letelegramme.fr/monde/elon-musk-milliardaire-hyperactif-14-10-2018-12105127.php
pour lui demander s’il peut fournir de nouvelles pièces d’exposition et pour l’inviter dans son musée : « C’est l’unique musée d’espace au monde établi dans une église. Et c’est ce qui fait son charme ».
Emmitouflée, la guide attend les visiteurs pour leur faire revivre, sous la voûte céleste de l’église, l’épopée de la conquête spatiale soviétique.
C’est une église orthodoxe centenaire. Les visiteurs s’y recueillent, non pas devant des icônes mais devant une combinaison spatiale ou un casque de Iouri Gagarine. Vestige d’une époque où la conquête spatiale faisait quasiment figure de religion pour les Soviétiques, cet extravagant musée de l’espace, installé dans le centre de l’Ukraine, survit tant bien que mal…
Vue de l’extérieur, la bâtisse en bois n’a rien d’extraordinaire, avec sa coupole couronnée d’une croix dorée et ses murs peints en bleu et gris. Mais à l’intérieur, l’église Sainte-Parascève abrite plus de 450 pièces d’exposition : du matériel technique dont une astromobile ; des objets personnels dont un casque et un parachute du Soviétique Iouri Gagarine, premier homme envoyé dans l’espace en 1961.
Ce musée fait partie d’un complexe ethnographique en plein air à Pereïaslav-Khmelnytskyï, petite ville au riche passé historique, située à 80 kilomètres au sud-est de Kiev. Il a été fondé dans les années 1970, dans un contexte de politique antireligieuse menée par l’URSS et qui a abouti à des milliers de destructions d’églises ou de transformations en locaux utilitaires.
« Les vols dans l’espace étaient alors follement populaires et chaque petit garçon rêvait de devenir cosmonaute », relate Sergui Volkodav, son jeune responsable scientifique. Selon lui, le choix du lieu s’est imposé pour des raisons terre à terre : il permet d’exposer des pièces volumineuses, comme un modèle de fusée long de plusieurs mètres.
Unique vestige d’un village rayé de la carte
Les habitants racontent que cette reconversion a permis de sauver cette église bâtie en 1891, non de la politique antireligieuse de l’URSS mais de l’engloutissement : le village voisin, où était située l’église à l’origine, s’est trouvé sous les eaux à la suite de la construction, dans les années 1950 et 1960, d’un réservoir aussi vaste que le Luxembourg. Promise à devenir un musée, l’église - comme quelques autres bâtiments - a été déplacée, mais le reste de la localité a disparu.
« À une époque où il n’est plus interdit de prier et de croire en Dieu, l’église doit être utilisée comme un lieu de culte »
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La convoitise des églises rivales
La chute de l’URSS et l’indépendance de l’Ukraine, en 1991, ont été accompagnées d’une plus grande liberté religieuse dans ce pays majoritairement orthodoxe. Mais le statut du musée n’a pas été remis en cause, ce qui agace toujours les prêtres locaux. « À une époque où il n’est plus interdit de prier et de croire en Dieu, l’église doit être utilisée comme un lieu de culte », estime le prêtre Mykhaïlo Iourtchenko, affilié à l’Église orthodoxe ukrainienne autocéphale nouvellement créée.
La confession rivale, dépendante du Patriacat de Moscou et généralement à couteaux tirés avec l’Église autocéphale, est, pour une fois, du même avis. « Bien sûr que ce n’est pas bien », lance le père Féodossi, du monastère local, tout en reconnaissant son impuissance : « C’est la propriété de l’État et nous ne sommes pas en position de changer cela ». Mais, philosophe-t-il, « mieux vaut un musée que des schismatiques » de l’Église indépendante.
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