Pourquoi cette montagne américaine pourrait se couvrir d’excréments

66 tonnes de déjections humaines accumulées pourraient finir par décongeler sur les pentes du mont Denali, le plus haut sommet d’Amérique du Nord. Le réchauffement climatique est en cause. Ces déchets, laissés sur place par des alpinistes, représentent un véritable enjeu de santé publique.

C’est un sommet majestueux, perpétuellement enneigé, qui culmine à 6 190 mètres d’altitude. Le mont Denali, en Alaska (États-Unis), est la plus haute montagne d’Amérique du Nord. Et elle attire beaucoup de visiteurs. Quelque 1 200 alpinistes tentent, tous les ans, son ascension.

Le problème, c’est que pendant longtemps, ils ont laissé leurs excréments derrière eux… Au fil du temps, ces déjections se sont accumulées et 66 tonnes d’excréments humains congelés pourraient fondre au cours des décennies à venir. Peut-être même dès cet été, selon les informations du quotidien américain USA Today.

Ce sommet majestueux attire beaucoup : ils sont 1 200 à tenter l’ascension tous les ans. (Photo : Denali National Park and Preserve / Flickr / CC BY 2.0)

La raison ? Le réchauffement climatique. L’augmentation des températures pourrait accélérer la fonte des glaces de l’ex-mont McKinley, et, avec elles, les déjections congelées.

Un problème de santé publique

Au départ, ces déjections étaient laissées dans des crevasses plus ou moins profondes creusées dans la neige. L’idée généralement répandue était que la glace finirait par broyer ces déchets, qui se dissoudraient alors naturellement.

Erreur. Ces déchets ne se désagrègent pas au fond des glaces du Denali. Ils finissent même par réapparaître plus bas dans la montagne, où ils souillent les glaces, expliquait Michael Loso, un glaciologue du Service des parcs nationaux américains, l’an dernier, à l’agence de presse Associated Press

Plusieurs règles ont été mises en place pour que les alpinistes ramènent leurs excréments avec eux, une fois l’ascension finie. (Photo : Arthur T. LaBar / Flickr / CC BY-NC 2.0)

À terme, cela représente un enjeu de santé publique évident. Les alpinistes qui gravissent le mont Denali s’hydratent grâce à de la neige fondue, et ces eaux souillées pourraient donc propager des bactéries et causer des problèmes intestinaux qui peuvent avoir des conséquences dramatiques à haute altitude.

Des corps ressurgissent des pentes de l’Everest

Pour tenter d’enrayer cette tendance, depuis 2007, les alpinistes doivent emporter leurs déjections dans des contenants spécialement conçus à cet effet, au-dessus de 4 300 mètres d’altitude et du côté du camp de base, à 2 200 mètres d’altitude.

Selon USA Today, les guides de haute montagne comme les alpinistes sont plutôt sensibilisés au problème et les expéditions qui tentent l’ascension ont tendance à redescendre avec leurs excréments.


L’Everest, plus haut sommet du monde, est également confronté à la fonte de ses glaces : des dépouilles d’alpinistes décédés lors de l’ascension ressurgissent sur les pentes de la montagne. (Photo : Luca Galuzzi / Wikimédia Commons / CC BY-SA 2.5)

Mais le mont Denali n’est pas le seul sommet de la planète à faire face aux impacts du réchauffement climatique sur ses glaces. Sur les pentes de l’Everest, le plus haut sommet du monde, ce problème a pris une autre dimension.

Avec l’augmentation des températures, les glaces fondent et libèrent les corps d’alpinistes décédés alors qu’ils tentaient l’ascension, rapportait la BBC, la radiotélévision britannique, voilà une quinzaine de jours. Leurs dépouilles ressurgissent alors sur les pentes de l’Everest.

Toujours selon les informations de la BBC, 300 alpinistes sont décédés en tentant la difficile ascension et les deux tiers de leurs dépouilles seraient toujours emprisonnées dans les glaces de l’Himalaya

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