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L’histoire oubliée de la dernière mission sur la station spatiale Mir

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Message par Admin Mar 27 Aoû - 21:59

L’histoire oubliée de la dernière mission sur la station spatiale Mir Az24
Mir aura passé quinze ans en orbite. (Photo : Nasa / domaine public)


Par Nicolas HASSON-FAURÉ

28 août 1999. Victor Afanassiev et Sergueï Avdeïev, cosmonautes russes, et Jean-Pierre Haigneré, spationaute français, quittent Mir, lors d'une mission censée être la dernière à bord de la station spatiale russe. Mais une ultime mission sera organisée huit mois plus tard. Cet épisode méconnu révèle un projet qui paraissait insensé à l’époque : privatiser Mir.

« Nous quittons la station sans espoir qu’un autre équipage nous remplace. » Le cosmonaute russe Victor Afanassiev prononce cette phrase, à la fin du mois d’août 1999, alors qu'il s’apprête à quitter la station spatiale russe Mir.

Il est avec Sergueï Avdeïev, un autre cosmonaute russe, et leur collègue français Jean-Pierre Haigneré. Il viennent d'effectuer leur dernière mission à bord de ces installations en orbite autour de la Terre. Et le 28 août 1999, il y a vingt ans tout juste, leur capsule atterrit dans les steppes du Kazakhstan

À l’époque, dans l’imaginaire collectif, Mir vit ses derniers mois. La station lancée en 1986 est vieillissante. La Russie s’est investie dans le projet de la Station spatiale internationale (ISS), et n’a pas les fonds pour financer les deux.

« Dans sept mois, la station russe aura cessé d’exister », écrit le quotidien belge Le Soir au moment du retour des trois hommes. « Vide, Mir peut reposer en paix », titre le journal Libération.

Leur mission est présentée comme le dernier des voyages en direction de la station russe.

Retour à bord de Mir


Mais Mir ne mourra pas avant le 23 mars 2001, en se désintégrant dans l’atmosphère au-dessus des eaux du sud de l’océan Pacifique.

Et avant la disparition de la station, deux cosmonautes russes vont retourner à bord. Ils passeront 73 jours à mener des travaux visant à en maintenir les dispositifs fonctionnels, dans le cadre d’une mission privée.

Cette mission méconnue met en lumière un projet qui, à l’époque, est présenté comme totalement fou : « privatiser », en quelque sorte, la station spatiale Mir.

Objectif : maintenir Mir en état de fonctionner


Cette ultime mission démarre vraiment le 4 avril 2000, à nouveau dans les steppes d’Asie Centrale. Deux cosmonautes russes chevronnés décollent du cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan : Sergueï Zaliotine et Alexandre Kaleri.

Leur objectif : « Faire tout ce qu’il fallait pour que la station ne soit pas condamnée à cour terme », explique, au téléphone, Olivier Sanguy, rédacteur en chef de l’actualité spatiale à la Cité de l’Espace de Toulouse (Haute-Garonne).

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Au fil des ans, Mir a changé de visage : de nouveaux modules sont venus se rajouter à la station. (Photo : Nasa / domaine public)

Selon le quotidien américain The New York Times, il s’agit de réparer des fuites, de remplacer des batteries qui se détériorent… Les deux hommes travaillent également sur plusieurs composants à l’extérieur de la station.

Cette mission appelée Soyouz TM-30 doit aussi permettre à Mir de pouvoir toujours être contrôlée depuis la Terre si la station devait être désorbitée.

« Opérationnellement, cela a été un succès, l’objectif a été rempli », relève encore Olivier Sanguy. Même s’« il aurait fallu d’autres missions » de réparation et d’entretien pour maintenir en vie la station à long terme.

Et cette ultime mission, qui s’est achevée avec le retour des cosmonautes en juin 2000, marque un tournant dans l’histoire de la conquête spatiale : « On estime que c’est le premier vol spatial habité financé sur des fonds privés », poursuit Olivier Sanguy

La privatisation de Mir

L’entreprise qui finance ce vol s’appelle MirCorp. Cette structure basée à Amsterdam, aux Pays-Bas, est alors détenue, à 60 %, par Energia, la puissante entreprise publique russe du secteur aérospatial, qui conçoit notamment les vaisseaux Soyouz et… La station Mir.

Les 40 % de l’actionnariat restants sont détenus par des investisseurs, notamment américains.

MirCorp a un objectif
: « Exploiter la station de façon privée », relate encore le journaliste spécialisé.

Et l’entreprise a beaucoup de projets dans les cartons.

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Quatre modules d’entraînement et de tests techniques de Mir sont exposés à la Cité de l’espace de Toulouse (Haute-Garonne). Ils ont servi à réaliser des tests ou à l’entraînement. (Photo : Cité de l’espace / Manuel Huynh)

En juin 2000, le New York Times, toujours, raconte que le millionnaire américain Dennis Tito, un ancien ingénieur de la Nasa, l’agence spatiale américaine, a déboursé 20 millions de dollars de l’époque pour s’offrir un séjour de dix jours à la station Mir.

Selon les informations du quotidien américain, le départ est alors prévu pour le premier semestre 2001.

Téléréalité en orbite

Quelques mois plus tard, le 12 septembre 2000, la chaîne de télévision américaine NBC annonce qu’elle va produire une émission baptisée Destination Mir.

L’idée ? Une quinzaine de candidats suivent le rigoureux entraînement des cosmonautes russes et le gagnant, « un Américain ordinaire », selon NBC, gagnera un voyage en orbite sur Mir, évidemment sous l’œil des caméras de télévision.


Et ce n’est pas tout. « Mon impression, c’est que le tourisme spatial est ce que l’on a mis en avant parce que c’est le plus spectaculaire, reprend Olivier Sanguy. Mais on peut faire beaucoup d’autres choses avec une station spatiale, comme des recherches scientifiques. »

Il est notamment possible de « vendre du temps de laboratoire » pour que des chercheurs puissent mener des expériences en orbite.

Levée de boucliers


À l’époque, l’idée de financer des missions spatiales habitées par des fonds privés rencontre de très vives oppositions. « Certains avaient des réticences presque éthiques », retrace encore Olivier Sanguy.

L’administrateur de la Nasa d’alors, Daniel Goldin, est vent debout contre les projets de MirCorp. Et l’agence spatiale américaine « donne le la sur ce qu’il se fait dans le spatial ».

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1995, Mir vue depuis la navette spatiale américaine Atlantis. (Photo : Nasa / domaine public)

Quand la station spatiale russe se désintègre dans l’atmosphère de la Terre en 2001, aucune émission de télévision n’a été tournée dans Mir, et Dennis Tito n’y a jamais mis le pied. L’idée de « privatiser » l’engin n’a jamais réellement été mise en œuvre.

La station était-elle hors d’état ? La position de la Nasa a-t-elle fait fuir les investisseurs américains ? MirCorp manquait-elle de fonds ?

Des questions sans réponse, vingt ans après

Aujourd’hui, plusieurs interrogations entourent encore les projets de MirCorp.

La principale inconnue est l’état de la station spatiale en elle-même, souligne encore le journaliste spécialisé. Combien de temps Mir aurait-elle pu encore évoluer en orbite autour de la Terre ?

Le devenir de MirCorp après la disparition de la station spatiale n’est pas clair. Selon Olivier Sanguy, l’entreprise a poursuivi ses recherches sur des vols spatiaux, quelque temps avant de fermer ses portes.

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Dennis Tito (à gauche), le premier « touriste spatial ». (Photo : Nasa / domaine public)

En revanche, l’héritage de l’entreprise, lui, est bien présent. MircCorp a, en quelque sorte, ouvert la voie à une autre structure, Space Adventures. C’est cette entreprise spécialisée qui a envoyé le premier « touriste spatial » dans la Station spatiale internationale, un certain… Dennis Tito. C’était en avril 2001, et il a passé sept jours en orbite.

L’héritage de MirCorp


Et ce n’est pas tout. Depuis, d’autres voyageurs ont suivi.

La Nasa, qui fut si opposée aux missions habitées privées, travaille beaucoup avec le secteur privé, aujourd’hui. Ainsi, les entreprises Boeing et SpaceX développent des véhicules pour l’agence spatiale américaine.

En juin 2019, Jeff DeWit, le directeur financier de la Nasa, a annoncé que l’agence « ouvrait la Station spatiale internationale aux opportunités commerciales ». Des touristes et des entreprises privées pourraient, dès l’an prochain, utiliser les installations moyennant finances

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La Station spatiale internationale. (Photo : Handout / Nasa / Reuters)

Tous ces projets, MirCorp les avait déjà imaginés il y a vingt ans. Et même si elle ne les a pas menés à bien, l’entreprise a « amorcé un changement des mentalités », juge Olivier Sanguy.

L’expérience MirCorp n’a « pas servi à rien », conclut-il. Elle a « commencé à infuser l’idée que l’on peut faire une exploitation privée du secteur spatial habité »
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