Connaissez-vous l’histoire rocambolesque du sauvetage de l’équipage du Kabalo, un cargo belge secouru en 1940 par le sous-marin italien l'ayant coulé
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Connaissez-vous l’histoire rocambolesque du sauvetage de l’équipage du Kabalo, un cargo belge secouru en 1940 par le sous-marin italien l'ayant coulé
Voici l'odyssée mouvementée du "Comandante Cappelini" !
15 octobre 1940, 23 heures 15, dans l’Océan Atlantique, à environ 700 miles au nord-ouest de Madère et 800 miles à l'ouest de Casablanca. Le sous-marin "Comandante Cappellini", de la Regia Marina (la marine de guerre italienne), aperçoit la forme d'un navire que l'obscurité empêche alors d'identifier avec certitude. Le sous-marin italien est alors commandé par le Capitano di corvetta Salvatore Todaro.
Le sous-marin lance une attaque à grande vitesse, parvenant bientôt à identifier la cible : il s'agit en effet du cargo belge "Kabalo". Le navire est alors chargé d'avions et de pièces détachées pour avions, et navigue de Glasgow à Freetown, en Afrique Equatoriale.
Le "Kabalo" remarque qu'il est poursuivi, et tourne sa poupe vers le "Cappellini". Lorsque la distance s'est réduite à 1500 mètres, le cargo ouvre le feu avec un canon (une pièce de 102 mm).
Le Cappellini réduit encore la distance, en gardant la proue sur Kabalo, de manière à offrir une cible aussi restreinte que possible. Arrivé à 1000 mètres, le commandant italien Salvatore Todaro s'arrête et ordonne d'ouvrir le feu. Les canons du Cappellini frappe le Kabalo à l'arrière, déclenchant immédiatement un incendie dans la cale de poupe : le canon du navire belge, qui se trouve à proximité, doit cesser le feu. Pendant ce temps, d'autres coups tirés par les canons du sous-marin frappent le Kabalo sur la passerelle et la ligne de flottaison.
Le cargo reste immobilisé et dérive sur la gauche. Les Italiens tirent une torpille sur le navire immobilisé, pour le couler rapidement et ainsi éviter qu'il ne puisse essayer de reprendre le tir, la torpille passe cependant sous la coque du Kabalo, sans exploser.
Le commandant Todaro fait alors lancer une deuxième torpille de 533 mm puis une troisième de 450 mm, mais sans plus de résultats que la première torpille. Pour ne pas gaspiller plus de torpilles, Todaro décide de finir le Kabalo au canon. Le Cappellini reprend donc le tir, jusqu'à 3 heures du matin le 16 octobre.
Le Kabalo coule alors en position 31 ° 59' N et 31 ° 20 ' O (ou 32° 20 ' N et 31° ; à 720 miles pour 268° du phare de Punta Pardo, sur l'île de Madère). Parmi l'équipage du navire belge figurent une victime, le marin congolais Pierre Essende.
Le navire coulé, le commandant Todaro décide de porter secours aux naufragés. Cinq hommes ayant abandonné le navire au dernier moment sont repérés, leur canot s'était retourné. Les cinq hommes (dont le troisième officier du Kabalo, Reclercq) sont hissés à bord, et Todaro enlève son pull pour le donner à Reclercq, tremblant pour le froid.
Ensuite, les Italiens cherchent les deux canots sur lesquels le reste de l'équipage du Kabalo prend place. Ils trouvent 21 hommes à bord (dont le capitaine du navire, Georges Vogels), dont Todaro s'informe de l'état des occupants, s'assurant qu'ils ont assez de nourriture et d'eau.
Les canots ne peuvent pas tous être secourus par les Italiens, qui promettent de revenir les aider le lendemain. Les Belges seront en fait retrouvés et secourus par le navire marchand Pan American (qui débarquera ensuite les naufragés à Lisbonne).
Le Cappellini remorque le premier canot dans le but de transférer les naufragés sur le premier navire neutre qu'ils rencontreront. En raison de la grosse mer, le câble de remorque se brise trois fois pendant la navigation, mais à chaque fois le sous-marin revient et prend à nouveau le canot avec des manœuvres risquées (un marin tombe à la mer, mais on arrive à le récupérer). Le remorquage est de plus en plus difficile en raison de l'état de la mer qui s'aggrave.
Dans l'après-midi du 17 octobre, la force de la mer provoque l'effondrement du canot. Ses occupants sont alors pris à bord du Cappellini et installés là où il y a de la place, y compris dans les latrines (sauf le commandant belge Vogels, qui est hébergé au carré des officiers).
Mais désormais à l'intérieur du sous-marin, cet hébergement expose les naufragés (le sous- marin peut être la cible d'un navire ou d'un avion allié). Todaro leur fait distribuer des couvertures, de la nourriture et des cigarettes, pour soulager leur situation.
Le sous-marin continue ainsi à naviguer en surface pendant quatre jours et quatre nuits, parcourant en tout 750 miles, et conduit les naufragés jusqu'aux Açores. Le débarquement a lieu à l'aube du 19 octobre, dans une crique de l'île Sainte-Marie.
Au moment du débarquement, l'un des officiers belges, le lieutenant Caudron, demande à connaître le nom du commandant italien. Todaro, homme de grande modestie, s'efface d'abord, puis, quand l'officier belge dituatre enfants, avoir q et qu'il veut savoir à qui ils devront se rappeler dans leurs prières, il leur répond s'appeler Salvatore Bruno (ses deux noms de baptême), en taisant le nom de famille
Le dialogue entre les deux aurait été le suivant :
"Après avoir vu comment vous vous êtes comporté avec les ennemis, je me demande comme vous êtes avec vos amis, et quelle estime ceux-ci doivent avoir de vous. Dites-nous au moins votre nom, commandant."
"À quoi bon ? Je suis un homme de mer comme vous et je pense que vous auriez fait la même chose à ma place."
"J'ai quatre enfants, j'aimerais qu'ils se souviennent du nom de ceux qui ont sauvé leur père."
"Dites à vos enfants de prier pour Salvatore Bruno."
Leurs naufragés étant sauvés, le Cappellini quitte les Açores pour retourner dans sa zone de chasse, où il patrouillera jusqu'au 26 octobre 1940.
L'action humanitaire lors du coulage du Kabalo sera rapporté par plusieurs journaux de pays neutres (et notamment dans une correspondance de Lisbonne par Pierre Goemere), comme une "lueur d'humanité et de chevalerie dans une guerre impitoyable". e au co
En novembre 1940, une lettre parviendra au ministère de la Marine italien, écrite en français par une personne qui s'est tenue anonyme et envoyée de Lisbonne :
"Je souhaite si possible que cette lettre soit remismmandant du sous-marin italien qui a coulé le navire Kabalo. Chanceux le pays qui a des enfants comme vous ! Nos journaux donnent le compte rendu de votre comportement envers l'équipage d'un navire que le devoir vous a forcé à torpiller. Il existe un héroïsme barbare et un autre devant lequel l'âme se met à genoux : c'est le vôtre. Soyez béni pour votre bonté qui fait de vous un héros, pas seulement de l'Italie, mais de l'humanité. Lisbonne, novembre 1940
🧑 D'après certaines sources, l'amiral Karl Dönitz, commandant de la flotte sous-marine allemande, aurait apprécié la valeur de Todaro mais lui reprocha son secours des naufragés, ayant mis en danger le sous-marin pour sauver des ennemis (le Cappellini aurait pu être repéré et attaqué pendant les quatre jours de navigation à la surface), le qualifiant de "Don Quichotte de la mer".
L’auteur italien, Teresio Bosco, dans son livre ′′Di professione uomini", écrivait que Todaro aurait réagi aux critiques en disant ′′Le fait, amiral, est qu'à ce moment-là, je sentais sur mon dos le poids de plusieurs siècles de civilisation. Un officier allemand n'aurait peut-être pas senti ce poids", ce à quoi Dönitz aurait répondu "J'ai mérité cette réponse", en lui serrant la main.
Cependant, il faut noter que l'échange entre Todaro et Dönitz est généralement rapporté par des sources secondaires et qu'il appartient peut-être plus à la légende qui enveloppe la figure extraordinaire de Salvatore Todaro qu'à la réalité.
Un autre élément de cette légende serait la préférence accordée par Todaro au canon par rapport aux torpilles, considérée comme une arme peu fiable : en fait, toutes les attaques qu'il a mené se sont résolues dans des duels d'artillerie acharnés à la surface.
Le naufrage du Kabalo conduira à la déclaration de guerre entre l'Italie et la Belgique, déclaration plus formelle que substantielle, étant donné que la Belgique est alors une nation occupée depuis des mois, avec un gouvernement en exil et plus aucune force armée (sauf quelques troupes dans les colonies africaines, aucunement limitrophe à l'empire colonial italien).
Néanmoins l’attaque de ce navire était alors justifiée, du point de vue italien, puisque le navire transportait des approvisionnements militaires pour les Alliés.
En septembre 1942, le Cappellini, toujours sous le commandement de Todaro, participe à un nouveau sauvetage de naufragés, celui-ci plus célèbre, puisqu’il s’agit du naufrage du Laconia. Dérouté vers le lieu de la catastrophe, les marins italiens participent, aux côtés de leurs alliés allemands au secours portés aux naufragés de ce navire transatlantique, torpillé par le sous-marin allemand U.156.
Le commandant Todaro meurt deux mois plus tard, le 13 décembre 1942. Alors qu’il est affecté à la base de La Galite (île au nord de la Tunisie), une attaque aérienne a lieu et Salvatore Todaro meurt, mitraillé en pleine tête. Il avait 34 ans et fut honoré de la médaille d'or de la vaillance militaire à titre posthume.
L’Histoire de son sous-marin ne s’arrête pas là, puisque le Cappellini continue de servir jusqu’à la fin de la guerre. Au service de la Regia Marina, il sert dans l’Océan Atlantique en 1943, puis se rend en Extrême-Orient afin d’y recevoir une cargaison de caoutchouc à destination de l’Europe.
Lors de l’Armistice de Cassibilie en septembre 1943, l’équipage décide de continuer la lutte aux côtés de ses anciens alliés et rejoint, de fait, la République Sociale Italienne. Néanmoins, le sous-marin est alors intégré à la Kriegsmarine. Le Commandante Cappellini devient alors le U.IT.24, doté d’un équipage italo-allemand.
Le submersible n’a cependant pas l’occasion de véritablement servir. Le 8 mai 1945, suite à la capitulation allemande, le U. IT. 24 est saisi par la Marine impériale japonaise. Rebaptisé I.503, doté cette fois-ci d’un équipage italo-japonais, le sous-marin continue de combattre dans le Pacifique jusqu’à la fin de la guerre. Après la reddition du Japon, les quelques marins italiens survivants sont emprisonnés par les Américains, tandis que le I.503 est amené à couler dans les eaux au large de Kobe.
Le Cappellini, ainsi qu’un autre sous-marin italien, le Torelli, sont les seules unités bâtiments de guerre à avoir servi sous les trois drapeaux de l'Axe.
Merci à vous d'avoir lu jusqu'au bout cet épisode poignant de l'histoire maritime de la Seconde Guerre mondiale.
Vous avez lu l'article en entier ?
Dites-le nous dans les commentaires !
https://www.facebook.com/historateurs/photos/pcb.1049065892486565/1063227317737089/
__________________
Bibliographie :
-Armando Boscolo Anzoletti, Le commandant Salvatore Todaro , Rome, Giovanni Volpe Editore, 1970.
-Antonino Trizzino , L'océan au-dessus de nous , Milan, Longanesi & C., 1968.
-Marco Cuzzi, Andrea Vento , Oubliez aux antipodes. L'odyssée des sous-marins italiens en Extrême-Orient (1943-1945) , Milan, Il Saggiatore, 2007.
15 octobre 1940, 23 heures 15, dans l’Océan Atlantique, à environ 700 miles au nord-ouest de Madère et 800 miles à l'ouest de Casablanca. Le sous-marin "Comandante Cappellini", de la Regia Marina (la marine de guerre italienne), aperçoit la forme d'un navire que l'obscurité empêche alors d'identifier avec certitude. Le sous-marin italien est alors commandé par le Capitano di corvetta Salvatore Todaro.
Le sous-marin lance une attaque à grande vitesse, parvenant bientôt à identifier la cible : il s'agit en effet du cargo belge "Kabalo". Le navire est alors chargé d'avions et de pièces détachées pour avions, et navigue de Glasgow à Freetown, en Afrique Equatoriale.
Le "Kabalo" remarque qu'il est poursuivi, et tourne sa poupe vers le "Cappellini". Lorsque la distance s'est réduite à 1500 mètres, le cargo ouvre le feu avec un canon (une pièce de 102 mm).
Le Cappellini réduit encore la distance, en gardant la proue sur Kabalo, de manière à offrir une cible aussi restreinte que possible. Arrivé à 1000 mètres, le commandant italien Salvatore Todaro s'arrête et ordonne d'ouvrir le feu. Les canons du Cappellini frappe le Kabalo à l'arrière, déclenchant immédiatement un incendie dans la cale de poupe : le canon du navire belge, qui se trouve à proximité, doit cesser le feu. Pendant ce temps, d'autres coups tirés par les canons du sous-marin frappent le Kabalo sur la passerelle et la ligne de flottaison.
Le cargo reste immobilisé et dérive sur la gauche. Les Italiens tirent une torpille sur le navire immobilisé, pour le couler rapidement et ainsi éviter qu'il ne puisse essayer de reprendre le tir, la torpille passe cependant sous la coque du Kabalo, sans exploser.
Le commandant Todaro fait alors lancer une deuxième torpille de 533 mm puis une troisième de 450 mm, mais sans plus de résultats que la première torpille. Pour ne pas gaspiller plus de torpilles, Todaro décide de finir le Kabalo au canon. Le Cappellini reprend donc le tir, jusqu'à 3 heures du matin le 16 octobre.
Le Kabalo coule alors en position 31 ° 59' N et 31 ° 20 ' O (ou 32° 20 ' N et 31° ; à 720 miles pour 268° du phare de Punta Pardo, sur l'île de Madère). Parmi l'équipage du navire belge figurent une victime, le marin congolais Pierre Essende.
Le navire coulé, le commandant Todaro décide de porter secours aux naufragés. Cinq hommes ayant abandonné le navire au dernier moment sont repérés, leur canot s'était retourné. Les cinq hommes (dont le troisième officier du Kabalo, Reclercq) sont hissés à bord, et Todaro enlève son pull pour le donner à Reclercq, tremblant pour le froid.
Ensuite, les Italiens cherchent les deux canots sur lesquels le reste de l'équipage du Kabalo prend place. Ils trouvent 21 hommes à bord (dont le capitaine du navire, Georges Vogels), dont Todaro s'informe de l'état des occupants, s'assurant qu'ils ont assez de nourriture et d'eau.
Les canots ne peuvent pas tous être secourus par les Italiens, qui promettent de revenir les aider le lendemain. Les Belges seront en fait retrouvés et secourus par le navire marchand Pan American (qui débarquera ensuite les naufragés à Lisbonne).
Le Cappellini remorque le premier canot dans le but de transférer les naufragés sur le premier navire neutre qu'ils rencontreront. En raison de la grosse mer, le câble de remorque se brise trois fois pendant la navigation, mais à chaque fois le sous-marin revient et prend à nouveau le canot avec des manœuvres risquées (un marin tombe à la mer, mais on arrive à le récupérer). Le remorquage est de plus en plus difficile en raison de l'état de la mer qui s'aggrave.
Dans l'après-midi du 17 octobre, la force de la mer provoque l'effondrement du canot. Ses occupants sont alors pris à bord du Cappellini et installés là où il y a de la place, y compris dans les latrines (sauf le commandant belge Vogels, qui est hébergé au carré des officiers).
Mais désormais à l'intérieur du sous-marin, cet hébergement expose les naufragés (le sous- marin peut être la cible d'un navire ou d'un avion allié). Todaro leur fait distribuer des couvertures, de la nourriture et des cigarettes, pour soulager leur situation.
Le sous-marin continue ainsi à naviguer en surface pendant quatre jours et quatre nuits, parcourant en tout 750 miles, et conduit les naufragés jusqu'aux Açores. Le débarquement a lieu à l'aube du 19 octobre, dans une crique de l'île Sainte-Marie.
Au moment du débarquement, l'un des officiers belges, le lieutenant Caudron, demande à connaître le nom du commandant italien. Todaro, homme de grande modestie, s'efface d'abord, puis, quand l'officier belge dituatre enfants, avoir q et qu'il veut savoir à qui ils devront se rappeler dans leurs prières, il leur répond s'appeler Salvatore Bruno (ses deux noms de baptême), en taisant le nom de famille
Le dialogue entre les deux aurait été le suivant :
"Après avoir vu comment vous vous êtes comporté avec les ennemis, je me demande comme vous êtes avec vos amis, et quelle estime ceux-ci doivent avoir de vous. Dites-nous au moins votre nom, commandant."
"À quoi bon ? Je suis un homme de mer comme vous et je pense que vous auriez fait la même chose à ma place."
"J'ai quatre enfants, j'aimerais qu'ils se souviennent du nom de ceux qui ont sauvé leur père."
"Dites à vos enfants de prier pour Salvatore Bruno."
Leurs naufragés étant sauvés, le Cappellini quitte les Açores pour retourner dans sa zone de chasse, où il patrouillera jusqu'au 26 octobre 1940.
L'action humanitaire lors du coulage du Kabalo sera rapporté par plusieurs journaux de pays neutres (et notamment dans une correspondance de Lisbonne par Pierre Goemere), comme une "lueur d'humanité et de chevalerie dans une guerre impitoyable". e au co
En novembre 1940, une lettre parviendra au ministère de la Marine italien, écrite en français par une personne qui s'est tenue anonyme et envoyée de Lisbonne :
"Je souhaite si possible que cette lettre soit remismmandant du sous-marin italien qui a coulé le navire Kabalo. Chanceux le pays qui a des enfants comme vous ! Nos journaux donnent le compte rendu de votre comportement envers l'équipage d'un navire que le devoir vous a forcé à torpiller. Il existe un héroïsme barbare et un autre devant lequel l'âme se met à genoux : c'est le vôtre. Soyez béni pour votre bonté qui fait de vous un héros, pas seulement de l'Italie, mais de l'humanité. Lisbonne, novembre 1940
🧑 D'après certaines sources, l'amiral Karl Dönitz, commandant de la flotte sous-marine allemande, aurait apprécié la valeur de Todaro mais lui reprocha son secours des naufragés, ayant mis en danger le sous-marin pour sauver des ennemis (le Cappellini aurait pu être repéré et attaqué pendant les quatre jours de navigation à la surface), le qualifiant de "Don Quichotte de la mer".
L’auteur italien, Teresio Bosco, dans son livre ′′Di professione uomini", écrivait que Todaro aurait réagi aux critiques en disant ′′Le fait, amiral, est qu'à ce moment-là, je sentais sur mon dos le poids de plusieurs siècles de civilisation. Un officier allemand n'aurait peut-être pas senti ce poids", ce à quoi Dönitz aurait répondu "J'ai mérité cette réponse", en lui serrant la main.
Cependant, il faut noter que l'échange entre Todaro et Dönitz est généralement rapporté par des sources secondaires et qu'il appartient peut-être plus à la légende qui enveloppe la figure extraordinaire de Salvatore Todaro qu'à la réalité.
Un autre élément de cette légende serait la préférence accordée par Todaro au canon par rapport aux torpilles, considérée comme une arme peu fiable : en fait, toutes les attaques qu'il a mené se sont résolues dans des duels d'artillerie acharnés à la surface.
Le naufrage du Kabalo conduira à la déclaration de guerre entre l'Italie et la Belgique, déclaration plus formelle que substantielle, étant donné que la Belgique est alors une nation occupée depuis des mois, avec un gouvernement en exil et plus aucune force armée (sauf quelques troupes dans les colonies africaines, aucunement limitrophe à l'empire colonial italien).
Néanmoins l’attaque de ce navire était alors justifiée, du point de vue italien, puisque le navire transportait des approvisionnements militaires pour les Alliés.
En septembre 1942, le Cappellini, toujours sous le commandement de Todaro, participe à un nouveau sauvetage de naufragés, celui-ci plus célèbre, puisqu’il s’agit du naufrage du Laconia. Dérouté vers le lieu de la catastrophe, les marins italiens participent, aux côtés de leurs alliés allemands au secours portés aux naufragés de ce navire transatlantique, torpillé par le sous-marin allemand U.156.
Le commandant Todaro meurt deux mois plus tard, le 13 décembre 1942. Alors qu’il est affecté à la base de La Galite (île au nord de la Tunisie), une attaque aérienne a lieu et Salvatore Todaro meurt, mitraillé en pleine tête. Il avait 34 ans et fut honoré de la médaille d'or de la vaillance militaire à titre posthume.
L’Histoire de son sous-marin ne s’arrête pas là, puisque le Cappellini continue de servir jusqu’à la fin de la guerre. Au service de la Regia Marina, il sert dans l’Océan Atlantique en 1943, puis se rend en Extrême-Orient afin d’y recevoir une cargaison de caoutchouc à destination de l’Europe.
Lors de l’Armistice de Cassibilie en septembre 1943, l’équipage décide de continuer la lutte aux côtés de ses anciens alliés et rejoint, de fait, la République Sociale Italienne. Néanmoins, le sous-marin est alors intégré à la Kriegsmarine. Le Commandante Cappellini devient alors le U.IT.24, doté d’un équipage italo-allemand.
Le submersible n’a cependant pas l’occasion de véritablement servir. Le 8 mai 1945, suite à la capitulation allemande, le U. IT. 24 est saisi par la Marine impériale japonaise. Rebaptisé I.503, doté cette fois-ci d’un équipage italo-japonais, le sous-marin continue de combattre dans le Pacifique jusqu’à la fin de la guerre. Après la reddition du Japon, les quelques marins italiens survivants sont emprisonnés par les Américains, tandis que le I.503 est amené à couler dans les eaux au large de Kobe.
Le Cappellini, ainsi qu’un autre sous-marin italien, le Torelli, sont les seules unités bâtiments de guerre à avoir servi sous les trois drapeaux de l'Axe.
Merci à vous d'avoir lu jusqu'au bout cet épisode poignant de l'histoire maritime de la Seconde Guerre mondiale.
Vous avez lu l'article en entier ?
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Bibliographie :
-Armando Boscolo Anzoletti, Le commandant Salvatore Todaro , Rome, Giovanni Volpe Editore, 1970.
-Antonino Trizzino , L'océan au-dessus de nous , Milan, Longanesi & C., 1968.
-Marco Cuzzi, Andrea Vento , Oubliez aux antipodes. L'odyssée des sous-marins italiens en Extrême-Orient (1943-1945) , Milan, Il Saggiatore, 2007.
Re: Connaissez-vous l’histoire rocambolesque du sauvetage de l’équipage du Kabalo, un cargo belge secouru en 1940 par le sous-marin italien l'ayant coulé
Salvatore Bruno Todaro (1908-1942), commandant le sous-marin Commandante Cappellini en 1940. En octobre de cette année, alors que son bâtiment coule le cargo belge Kabalo, il fait le choix de porter secours aux marins adverses et les conduit jusqu'à un port neutre à Madères.
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A partir du 4 octobre 1935, Todaro est affecté au 146e Escadron d'Hydravions de la Regia Aeronautica en Sardaigne.
En 1936, il embarque sur le sous-marin Marcantonio Colonna comme officier en second (en avril) et le sous-marin Des Geneys toujours comme officier en second (à partir du 14 décembre).
En mai 1939, il prend le commandement du petit sous-marin côtier H.4, opérant au large des côtes espagnoles pendant la guerre civile, il commande également des sous- marins Macallè dans la période 1938-39 et Jalea dans la période 1939-40.
Le 1er juillet 1940, ayant atteint le grade de Capitano di corvetta, et commande le sous-marin Luciano Manara. A partir du 26 septembre, il prend le commandement du tout nouveau sous-marin Atlantique Commandante Cappellini (classe Marcello).
Après la défaite de la France en 1940, la façade atlantique est entièrement occupée par l'Allemagne. Les Italiens installent dès 1940 une base sous-marine dans le port de Bordeaux, constituant une part de leur effort dans la bataille de l'Atlantique. Son nom de code était "BETASOM" : "bêta" pour la lettre grecque initiale de Bordeaux, et "som" pour "sommergibili" ("submersibles" en italien). Elle abrite les sous-marins italiens de la 11e Gruppo del Fero Subacqueo Italiano in Atlantico en 1940. Entre septembre et novembre 1940, 28 sous-marins arrivent à Bordeaux, rapidement rejoints par quatre autres. La base dépend des Forze subacquee italiane in Atlantico, dirigées par le contre-amiral Angelo Parona, sous le commandement de la Marine italienne. Les opérations sont sous le contrôle du commandement allemand des sous-marins.
En octobre 1940, Todaro et et le sous-marin Commandante Cappellini sont affectés à la base océanique de BETASOM à Bordeaux. Les sous-mariniers italiens participent ainsi à l'effort germano-italien lors de la bataille de l'Atlantique, et tentent de bloquer les routes maritimes entre les États-Unis et le Royaume-Uni. C'est dans ce contexte que le Commandante Cappellini coule le cargo belge Kabalo.
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Pour en savoir plus sur l'incroyable sauvetage de l'équipage du Kabalo par le sous-marin Commandante Cappellini, rendez vous sur notre page Les Historateurs pour découvrir l'article en entier !
Re: Connaissez-vous l’histoire rocambolesque du sauvetage de l’équipage du Kabalo, un cargo belge secouru en 1940 par le sous-marin italien l'ayant coulé
Le commandant Salvatore Todaro avec quelques-uns des membres d'équipage du cargo belge Kabalo sur le pont avant du sous-marin Commandante Cappellini, où ils ont été accueillis par les marins italiens.
Source : www.regiamarina.net
Photographie de Erminio Bagnasco et Achille Rastelli.
https://www.facebook.com/historateurs/photos/pcb.1049065892486565/1050712742321880
Re: Connaissez-vous l’histoire rocambolesque du sauvetage de l’équipage du Kabalo, un cargo belge secouru en 1940 par le sous-marin italien l'ayant coulé
Le Comandante Cappellini est un sous-marin italien de la classe Marcello construit entre 1938 et 1939, aux chantiers navals de La Spezia, pour la Regia Marina (la Marine royale italienne).
Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1940, le sous-marin italien attaque et coule le cargo belge Kabalo au large de Madère. Malgré les risques et les intempéries, l'équipage italien porte néanmoins secours aux marins belges afin de ne pas les abandonner en pleine mer et les conduit dans un port neutre.
Le sous-marin Commandante Cappellini en août 1944.
Les sous-marins de la classe Marcello ont été conçus comme des versions améliorées de la précédente classe Glauco. Ils ont un déplacement de 1043 t en surface et 1 290 tonnes en immersion.
Les sous-marins mesuraient 73 m de long, avaient une largeur de 7,19 m et un tirant d'eau de 5,1 m.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, le Cappellini faisait partie du commandement de la flotte de sous-marins du IIe escadron du Ier groupe basé à La Spezia.
Le Commandante Cappellini sert essentiellement dans l'Atlantique, où il coule le cargo belge Kabalo en octobre 1940, avant de secourir les membres d'équipages de ce navire.
En 1943, l'équipage du sous-marin reste fidèle à Mussolini, rejoignant la République Sociale Italienne, et intègre alors la Kriegsmarine (l'équipage devient alors germano-italien).
En 1945, l'Allemagne capitule et le sous-marin intègre la Marine impériale japonaise (avec un équipage italo-japonais), jusqu'à la fin de la guerre, date à laquelle, il est capturé et coulé en 1946.
Source : Histoire de tous les navires de la marine japonaise, 1994.
Le sous-marin IJN I-503, ex-UIT24 (Kriegsmarine), ex-Conmandante Cappellini (Regia Marina), en août 1944, Mer intérieure de Seto (Japon).
Le commandant Salvatore Todaro, commandant du sous-marin Commandante Cappellini de la Regia Marina (Marine royale italienne).
En octobre 1940, après avoir coulé le cargo belge Kabalo, il fait le choix de recueillir à son bord l'équipage du navire marchand, afin de ne pas abandonner les marins belges en haute mer.
Deux bâtiments militaires de la Marina Militare (l'actuelle marine militaire italienne) portent par la suite le nom de l'officier italien, la corvette Salvatore Todaro (F 550), de classe Pietro De Cristofaro, en service de 1966 à 1994 et le sous-marin Salvatore Todaro (S 526), de classe U212A en service depuis 2006.
Source : www.regiamarina.net
Photographie de Elio Ando.
Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1940, le sous-marin italien attaque et coule le cargo belge Kabalo au large de Madère. Malgré les risques et les intempéries, l'équipage italien porte néanmoins secours aux marins belges afin de ne pas les abandonner en pleine mer et les conduit dans un port neutre.
Le sous-marin Commandante Cappellini en août 1944.
Les sous-marins de la classe Marcello ont été conçus comme des versions améliorées de la précédente classe Glauco. Ils ont un déplacement de 1043 t en surface et 1 290 tonnes en immersion.
Les sous-marins mesuraient 73 m de long, avaient une largeur de 7,19 m et un tirant d'eau de 5,1 m.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, le Cappellini faisait partie du commandement de la flotte de sous-marins du IIe escadron du Ier groupe basé à La Spezia.
Le Commandante Cappellini sert essentiellement dans l'Atlantique, où il coule le cargo belge Kabalo en octobre 1940, avant de secourir les membres d'équipages de ce navire.
En 1943, l'équipage du sous-marin reste fidèle à Mussolini, rejoignant la République Sociale Italienne, et intègre alors la Kriegsmarine (l'équipage devient alors germano-italien).
En 1945, l'Allemagne capitule et le sous-marin intègre la Marine impériale japonaise (avec un équipage italo-japonais), jusqu'à la fin de la guerre, date à laquelle, il est capturé et coulé en 1946.
Source : Histoire de tous les navires de la marine japonaise, 1994.
Le sous-marin IJN I-503, ex-UIT24 (Kriegsmarine), ex-Conmandante Cappellini (Regia Marina), en août 1944, Mer intérieure de Seto (Japon).
Le commandant Salvatore Todaro, commandant du sous-marin Commandante Cappellini de la Regia Marina (Marine royale italienne).
En octobre 1940, après avoir coulé le cargo belge Kabalo, il fait le choix de recueillir à son bord l'équipage du navire marchand, afin de ne pas abandonner les marins belges en haute mer.
Deux bâtiments militaires de la Marina Militare (l'actuelle marine militaire italienne) portent par la suite le nom de l'officier italien, la corvette Salvatore Todaro (F 550), de classe Pietro De Cristofaro, en service de 1966 à 1994 et le sous-marin Salvatore Todaro (S 526), de classe U212A en service depuis 2006.
Source : www.regiamarina.net
Photographie de Elio Ando.
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