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Il a plongé 35 fois sur les vestiges du Titanic, Paul-Henri Nargeolet nous livre ses secrets

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Message par Admin Jeu 28 Avr - 19:47



Propos recueillis Sylvain DELAGE

Paul-Henri Nargeolet est l’un des plus grands experts français de l’épave du Titanic. Depuis 1987, à bord de petits sous-marins, il a plongé une trentaine de fois sur les vestiges du plus célèbre paquebot du monde. Son équipe a été la première à remonter des objets qui sommeillaient au fond de l’eau depuis 1912. À l’occasion des 110 ans du naufrage, il a confié à l’édition du soir ses secrets sur le palace englouti.

Le monstre d’acier et de rouille surgit des profondeurs de l’océan. Une vision dont rêvaient Paul-Henri Nargeolet et ses deux équipiers. Ce 25 juillet 1987, devant les hublots du petit sous-marin Nautile, l’épave la plus célèbre du monde https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-04-08/douze-histoires-etonnantes-sur-le-titanic-110-ans-apres-son-naufrage-15a0f099-2c1e-41a7-a33b-5171bb2942aa

vient d’apparaître dans toute sa splendeur, posée à 3 843 mètres de profondeur. Les vestiges du Titanic ont été découverts deux ans plus tôt par une expédition franco-américaine. En 1986, Paul-Henri Nargeolet, qui était jusqu’alors commandant dans la Marine nationale, a été choisi par l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) afin de diriger les recherches sous-marines sur l’épave.

Un an plus tard, son équipe est la toute première à remonter à la surface un objet prélevé dans le champ de débris qui jonchent le site. Dès lors, il va enchaîner les plongées – il en a réalisé 35 au total – pour le compte de la société RMS Titanic, qui possède l’exclusivité des droits sur l’épave, et dont il est le directeur du programme des recherches sous-marines. En 35 ans, ce natif de Chamonix (Haute-Savoie), désormais installé aux États-Unis, a suivi la plupart des expéditions qui ont permis de remonter plus de 5 800 objets du Titanic. Des trésors qui sont aujourd’hui exposés dans le monde entier.

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Paul-Henri Nargeolet, expert de l’histoire du Titanic, à la Cité de la Mer de Cherbourg, le 7 avril 2022. (Photo : Vincent Michel / Ouest-France)

Pour marquer les 110 ans du naufrage du Titanic, Paul-Henri Nargeolet sort en ce mois d’avril 2022 son tout premier livre, intitulé Dans les profondeurs du Titanic (éditions HarperCollins, 144 pages, 18 €). À cette occasion, il a accordé à l’édition du soir une interview passionnante, dans laquelle il livre tous ses secrets sur l’épave. Son récit agrémente également le troisième épisode de notre série de podcasts intitulée « Titanic, 110 ans : quand l’histoire resurgit des abysses »,

Que reste-t-il de l’épave du Titanic, 110 ans après son naufrage ?

Comme toute épave, elle se dégrade de plus en plus. Les deux parties du Titanic, qui sont distantes d’environ 800 mètres, ne sont pas dans le même état. La partie avant est assez bien préservée, en particulier l’étrave et la plage avant. La partie arrière, qui est située plus au sud et qui laisse encore apparaître les machines et les hélices, est beaucoup plus endommagée. Ça s’explique par le fait qu’au moment du naufrage, elle contenait des quantités d’air assez importantes. La descente a entraîné une implosion, suivie d’une explosion. En plus de ça, depuis 1985, on a constaté que les ponts commençaient à s’affaisser. Au niveau du grand escalier, qui se situe juste derrière la passerelle, l’espacement entre les ponts était initialement de 3 mètres, il est de l’ordre de 2 mètres aujourd’hui.

Ces dégradations sont-elles dues à la rouille et aux bactéries qui rongent l’épave ?

Plusieurs types de dégradations sont observés. Il y a d’abord le phénomène des bactéries, qui mangent l’épave, car elles utilisent l’oxyde de fer pour leur métabolisme. Il y a aussi l’oxydation normale, même si l’oxygène est plus rare qu’à la surface. Sans oublier l’effet des courants, qui sont assez importants à cette profondeur, et qui changent de direction régulièrement. Ils entraînent des poussées sur la structure de l’épave dans un sens comme dans l’autre. On les ressent bien en plongée.


« Il faudra très longtemps pour que la mer avale le Titanic »


Quand l’épave du Titanic aura-t-elle totalement disparu ?

Certaines informations reprises par les médias sont fantaisistes. Depuis 35 ans, j’entends que dans 20 ans, l’épave aura disparu (rires). Or, on dit que les bactéries mangent entre 250 et 350 kg de métal par jour. Mais sachant que le Titanic pesait 50 000 tonnes, ça peut encore durer plus de 1 000 ans ! Ce qui est vrai, c’est que le bateau s’ouvre et que les ponts s’effondrent. Après, avec des pièces comme les machines alternatives qui mesurent 4 étages de haut et pèsent des milliers de tonnes, il y en a encore pour des centaines d’années. Le Titanic était un gros morceau, il faudra très longtemps pour que la mer l’avale.

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Sur le pont des embarcations, les fenêtres du « Titanic » sont restées ouvertes, comme si le naufrage venait de se produire. (Photo : Paul-Henri Nargeolet)

Que peut-on encore explorer dans l’épave avec un robot muni d’une caméra ?


Tout d’abord les cales, dans la partie avant. On y voit encore de grosses malles en bois ouvertes. La fameuse Renault 25 CV [la seule voiture à bord, qui appartenait au passager américain William Carter, mise en avant dans le film de James Cameron, NdlR] se trouvait dans cette zone. Elle était transportée dans une caisse de protection en bois. Mais au mieux, il ne doit en rester que le moteur. La salle de tri postal doit encore être visible. La dernière fois que je l’ai vue, on devinait encore les sacs qui contenaient le courrier. C’était comme une mare de tissu, avec des filaments qui se soulevaient. Dans la salle à manger de première classe, le plafond s’est effondré. On peut encore faire passer le robot par les sabords, comme l’a fait James Cameron pour son film.

Les cabines des passagers sont-elles encore accessibles ?


Oui, notamment dans celles situées près de la passerelle. La chambre du commandant, située à tribord, est très abîmée. On peut supposer que l’une des cheminées s’est effondrée dessus, le toit était enfoncé et les cloisons ouvertes, ce qui nous a permis d’aller à l’intérieur. Je me souviens avoir vu le lit du commandant. Contrairement à ce que j’ai lu, sa baignoire n’a pas disparu, mais elle s’est remplie de débris, donc il faut vraiment avoir l’habitude pour distinguer le bord de cette baignoire. Elle avait d’ailleurs une particularité : elle pouvait recevoir de l’eau chaude, froide, douce et salée. Le commandant pouvait donc choisir de prendre des bains de mer chauds. C’était assez étonnant pour l’époque.

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La baignoire du capitaine Edward Smith, avec son système complexe de tuyauterie. Au fil des années, elle se remplit de débris. (Photo : Paul-Henri Nargeolet)

Pourquoi a-t-il fallu attendre 73 ans pour retrouver le Titanic ?

Juste après le naufrage, des projets assez farfelus sont nés pour trouver l’épave et la remonter, notamment à l’aide d’explosifs. Mais il est évident qu’en 1912, on manquait de moyens de localisation et d’intervention. Il a fallu attendre une soixantaine d’années pour voir apparaître des sonars capables de travailler à cette profondeur et de détecter des objets, même de grande dimension comme le Titanic. Le temps que ça germe dans l’esprit de certains explorateurs et investisseurs, les premières tentatives n’ont eu lieu qu’à la fin des années 1970, qui n’ont abouti qu’en 1985. Depuis, la technologie a d’ailleurs encore énormément évolué.

LIRE AUSSI : PORTRAIT. Paul-Henri Nargeolet, l’amoureux du Titanic, sort son premier livre
https://www.ouest-france.fr/normandie/cherbourg-en-cotentin-50100/portrait-paul-henri-nargeolet-l-amoureux-du-titanic-sort-son-premier-livre-d147ed8e-b8e1-11ec-bd14-a849d20f46a4


Qu’est-ce que l’épave a permis d’apprendre sur les circonstances du naufrage ?

Après le naufrage, les deux commissions d’enquête américaine et britannique ont estimé que l’iceberg avait ouvert une brèche de 100 mètres de long dans la coque. Pour moi, ça n’avait aucun sens, car avec une telle entaille, le bateau aurait coulé en 10 minutes, et pas en 2 h 30. Évidemment, lorsqu’on a visité l’épave, on a tout de suite voulu constater les dommages sur la coque, mais il n’y avait rien de visible, même en passant par les cales. En fait, l’étrave s’est enfoncée d’une dizaine de mètres dans les sédiments, ce qui empêche de voir cette déchirure. En 1996, on a donc utilisé un sondeur pénétrateur de sédiments, pour voir ce qui se cachait dessous. On a alors pu observer cinq entailles très fines dans la coque. La surface totale représente un peu moins d’un mètre carré. Les calculs ont confirmé que la quantité d’eau qui était entrée par ces entailles a rempli le bateau de moitié en deux heures, ce qui a entraîné son naufrage.

« On était chacun collés à un hublot, on était ébahis »


Vous souvenez-vous de votre toute première plongée sur le Titanic ?

Oui, très bien. On était trois dans le sous-marin. On a d’abord repéré l’épave au sonar à 200 mètres, on s’est approchés et on est arrivés sur l’étrave. On est monté le long de la coque et on a découvert la partie avant, qui était la mieux conservée. On a pu admirer les ancres, les treuils en bronze brillant, polis par le courant et les sédiments… C’était extraordinaire. Normalement, dans le sous-marin, on est toujours en train de parler de technique, de ce qu’on voit… Mais là, ça a été le grand silence pendant 10 minutes. On était chacun collés à un hublot, on était ébahis.

À chaque fois que vous plongez, c’est toujours un moment riche en émotions ?

Oui, pour moi, chaque plongée a toujours été une nouvelle aventure. Aucune n’a ressemblé à une autre, je n’ai jamais eu une impression de routine. À chaque fois que je vois de nouvelles choses, j’apprends quelque chose. C’est vraiment une épave fantastique.

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L’étrave du « Titanic » fut la première image de l’épave pour l’équipe de Paul-Henri Nargeolet, le 25 juillet 1987. (Photo : Paul-Henri Nargeolet)

Que ressent-on quand on contemple un tel monument ?


On pense qu’on a beaucoup de chance, que l’on fait quelque chose d’extraordinaire et unique. Ça fait du bien à l’ego (rires). En même temps, on a un travail à faire, donc la mission reprend toujours le dessus. Mais on arrive toujours à prendre du plaisir. Avant de plonger la première fois, j’avais envie de voir les hélices du bateau, donc j’ai fait tout ce qu’il fallait pour les apercevoir, quitte à plonger en dessous de l’épave alors qu’on m’avait dit que ce n’était pas possible. J’ai fini par en voir deux, la troisième étant enfouie dans le sable. Et au fil du temps on a énormément appris sur l’épave. On a redécouvert des parties qu’on ne connaissait pas du tout. Ça nous a permis de comprendre certaines choses et surtout de barrer des mythes, dont le Titanic regorge.

Votre équipe a été la première à remonter des objets du Titanic à la surface. Vous souvenez-vous du tout premier ?

Oui, c’était une simple assiette en métal argenté. Elle était posée à l’intérieur d’une cabine qui était totalement ouverte, près de l’arrière. Dans la collection, elle porte le numéro un. Aujourd’hui, il y en a 5 842. Certains objets m’ont marqué plus que d’autres. Comme la première bouteille de champagne que nous avons trouvée, parmi les nombreuses caisses que contenait l’épave. Elle avait gardé son bouchon. On se doutait bien qu’au bout de toutes ces années, ce bouchon était un peu perméable. Lorsque le Nautile est arrivé en surface, dans le panier qui contenait tous les objets, la bouteille s’est mise à faire des bulles. Forcément, le champagne étant sous pression au fond de la mer, le gaz n’était pas sorti depuis plus de 70 ans, même si de l’eau de mer était rentrée. À ce moment-là, une odeur de champagne a envahi le bateau. Ça changeait du gasoil qu’on sent habituellement à bord ! Et surtout, c’était une odeur qui venait du Titanic. Ça m’a beaucoup marqué, j’ai trouvé ça fabuleux. Immédiatement, j’ai demandé qu’on me donne du ruban adhésif pour préserver le gaz, qui a fini par partir. Évidemment, quand on a essayé de goûter cette bouteille, c’était de l’eau de mer, mais l’odeur était là. Plus tard, des fioles de parfum ont été retrouvées, dans la sacoche d’un marchand qui transportait beaucoup d’échantillons, et là aussi, on a retrouvé des odeurs qui venaient du Titanic.

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Paul-Henri Nargeolet à bord du sous-marin Triton. À bord d’un tel appareil, il faut plus de 2 heures pour atteindre l’épave du « Titanic », située à plus de 3 800 mètres de profondeur. (Photo : Paul-Henri Nargeolet)

C’est émouvant pour vous de reconstituer la vie des objets que vous remontez ?

Tout à fait, et c’est d’ailleurs une des missions de la société RMS Titanic. C’est assez extraordinaire de reconstituer l’histoire de ces objets. Un jour, on a remonté un sac qui contenait des instruments de musique et des lettres. En analysant ces lettres, on a retrouvé le nom de quelqu’un, mais on ne le trouvait pas dans la liste des passagers. Et un jour, tout à fait par hasard, sa famille a vu son nom apparaître dans un documentaire à la télévision. Elle a pris contact avec la société. Ce qui s’est passé, c’est que le propriétaire du sac, nommé Howard Irwin, devait embarquer sur le Titanic à Southampton après avoir fait un tour du monde avec un copain. Mais la veille, il a passé la soirée dans les pubs, il a dû boire un peu trop, et le lendemain, il s’est réveillé sur un autre bateau, sur lequel on l’avait enrôlé de force, comme ça se faisait à l’époque. Et quand son copain, qui dormait à l’hôtel, ne l’a pas vu le matin, il est parti avec son sac en se disant qu’ils se retrouveraient à l’embarquement. Lui est mort dans le naufrage, mais son ami a survécu. Et c’est donc son sac qu’on a retrouvé !

« Un jour, on a voulu remonter un vestige beaucoup imposant »


Que dites-vous à ceux qui estiment que vous avez profané une tombe en prélevant des objets sur le site de l’épave ?

Je leur réponds que nous n’avons jamais récupéré des objets directement dans l’épave, seulement dans le champ de débris. On se refuse à le faire. Et puis c’est très difficile, il faudrait construire des équipements très particuliers.

Avez-vous déjà vu des restes humains en plongeant ?

C’est impossible. À cette profondeur, le sédiment est si acide que toutes les matières organiques disparaissent très rapidement. C’est pour cela que les objets fragiles comme le papier ou les tissus n’ont été conservés que lorsqu’ils se trouvent dans des sacoches ou des valises. Ils ont été protégés pendant toutes ces années grâce aux produits chimiques utilisés pour traiter le cuir

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La plus grande pièce du « Titanic » jamais récupérée est désormais exposée à Las Vegas. (Photo : Ethan Miller / Getty Images via AFP)

Quel est l’objet le plus gros que vous ayez remonté à la surface ?

C’est une tôle de 20 tonnes que nous avons remontée en 1998, après une tentative infructueuse deux plus tôt et au terme de beaucoup d’efforts. Dans nos échanges avec le président de la compagnie RMS Titanic, on s’était dit qu’il faudra présenter au public autre chose que des petits objets. On a d’abord remonté un bossoir d’embarcation, des bites d’amarrage… Et un jour, on a voulu remonter un vestige beaucoup imposant qui provienne du bateau, qui permette d’expliquer sa construction. Ça a été difficile de trouver un petit morceau de coque, on en avait plutôt qui pesaient 200 tonnes, c’était beaucoup trop lourd. On a fini par trouver un morceau de 7 mètres de long sur 5-6 mètres de haut, que l’on a ensuite découpé en deux parties. C’est ce qu’on appelle la « big piece » et la « small big piece », qui sont aujourd’hui présentées dans deux expositions différentes. La plus grosse est exposée à La Vegas (États-Unis) et elle est très impressionnante.

Où peut-on voir les objets du Titanic aujourd’hui ?


Avant la pandémie, entre cinq et six collections circulaient dans le monde, en plus des expositions permanentes à Las Vegas et Orlando. Elles ont déjà été présentées à Paris, à Londres, en Australie, au Japon, en Thaïlande, en Amérique du Sud, dans différentes villes des États-Unis… Entre 25 et 30 millions de personnes ont pu les voir. En général, environ 300 objets sont sélectionnés, avec différentes thématiques en lien avec l’histoire des villes. Après une interruption pendant la pandémie, les expositions itinérantes commencent à reprendre…

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Paul-Henri Nargeolet (à droite) avec James Cameron et son équipe, lors d’une expédition du réalisateur sur l’épave. Les deux hommes se connaissent bien : ils partagent la même passion pour le « Titanic ». (Photo : Paul-Henri Nargeolet)

À quand remonte votre dernière plongée sur l’épave ?

C’était pendant l’été 2021. J’ai été contacté par la société Ocean Gate, qui organise des plongées sur l’épave pour des gens fortunés. Initialement, elle m’avait contacté pour avoir des conseils en matière de sécurité, de matériel… Finalement, on m’a proposé de participer aux plongées avec le pilote du sous-marin et les trois passagers. Ça ne devait durer qu’une semaine, je suis resté six semaines. J’ai effectué cinq plongées au total, durant lesquelles j’ai souvent pris les commandes. C’est très intéressant de partager cette expérience avec des gens qui sont eux-mêmes passionnés par l’épave. Les conditions étaient très bonnes, sans courant, ce qui m’a permis de voir des choses pour la première fois. D’autant plus que, depuis ma précédente expédition en 2019, des tôles étaient tombées à certains endroits, ce qui rendait l’intérieur de l’épave encore plus visible.

« On est certain que les sacs de courrier contenaient des objets de valeur »


Quel est le prix du billet pour une plongée sur l’épave du Titanic à titre privé ?

Ça coûte 250 000 dollars [231 000 €, NdlR], pour une plongée d’une dizaine d’heures. L’année dernière, un Canadien a même payé le double pour éviter que l’expédition soit annulée, car les autres clients n’avaient pas pu venir d’Australie à cause du Covid ! Pour ce prix, on passe environ 4 à 5 heures sur l’épave, en dehors du temps de descente et de montée. Ce sont des plongées proposées par la société Ocean Gate, basée à Seattle, sur la côte ouest des États-Unis. Ce type de sorties privées avait été lancé il y a quelques années. C’est une bonne idée car ces expéditions sont très coûteuses, et ces sorties privées permettent de financer le volet scientifique. En plus, les clients aident à la maintenance du sous-marin et du matériel, ils sont inclus dans l’équipe et participent à toutes les réunions, ainsi qu’à des conférences avec des spécialistes et des historiens.

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Un des vitraux provenant du « Titanic », parmi les vestiges dont l’état de conservation est toujours surprenant, plus d’un siècle après le naufrage. (Photo : Paul-Henri Nargeolet)

Quels trésors le Titanic peut-il encore renfermer ?

C’est très difficile à dire. Il y a certainement des objets de valeur qui ont été transportés, ne serait-ce que parce que le Titanic était un RMS, « Royal Mail Ship ». À ce titre, il transportait 3 500 sacs de courrier, plus quelques-uns en recommandé, et on est certains qu’ils contenaient des objets de valeur. Quoi exactement ? On n’en sait rien car il n’y a pas eu d’inventaire. On sait aussi que les passagères de première classe voyageaient avec des bijoux. Comme cette dame de compagnie d’une riche Américaine qui lui a demandé au dernier moment d’aller chercher ses bijoux dans sa cabine. Mais elle n’a pas réussi à retrouver la cabine, elle s’est perdue et a fini par faire demi-tour, juste à temps pour monter dans un bateau de sauvetage. On a retrouvé quelques bijoux dans un sac, avec différentes initiales qui laissent supposer qu’ils avaient plusieurs propriétaires. Et qu’ils pouvaient donc provenir d’un coffre, qui aurait été vidé, parce que quelqu’un aurait essayé de sortir, sans pouvoir le charger dans un canot, puisque les bagages y étaient interdits. Il existe aussi une chambre forte, on sait exactement où elle se trouve, mais la porte est fermée. Et ce n’est pas avec notre petit robot qui peut à peine soulever 1,5 kg qu’on va arriver à y entrer ! On a également parlé de ce livre écrit par un po��te perse, baptisé le Rubaiyat, et qui venait juste être relié à Londres, serti de pierres précieuses, mais on ne l’a jamais retrouvé.

Et quel objet rêvez-vous de remonter à la surface ?


En 2020, nous avons obtenu l’autorisation de récupérer des appareils radio, la juge ayant estimé qu’ils ne se trouvaient pas à l’intérieur mais sur l’épave. Ce sont des équipements uniques, car c’est quand même grâce à la TSF que les SOS ont été émis et que 700 passagers et membres d’équipage ont pu être sauvés. Nous n’avons pas pu procéder à la récupération de ces appareils l’an dernier à cause du Covid, mais j’ai pu constater lors de ma dernière plongée que le toit du PC radio était toujours accessible, donc nous y retournerons dès que la compagnie aura les moyens de le faire.

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Pour aller plus loin :


Douze histoires étonnantes sur le Titanic, 110 ans après son naufrage

Rescapés, héros ou parias : comment le naufrage du Titanic a changé leur vie

Le premier épisode de notre podcast sur le Titanic :

PODCAST. « J’étais folle de joie d’aller sur le Titanic » : revivez le départ du géant il y a 110 ans

https://www.ouest-france.fr/culture/histoire/podcast-j-etais-folle-de-joie-d-aller-sur-le-titanic-revivez-le-depart-du-geant-il-y-a-110-ans-cdf72804-b65a-11ec-844d-c3466274d131

Le deuxième épisode de notre podcast :

PODCAST. « J’ai senti que je coulais » : le naufrage du Titanic raconté par ceux qui l’ont vécu

https://www.ouest-france.fr/culture/histoire/podcast-j-ai-senti-que-je-coulais-le-naufrage-du-titanic-raconte-par-ceux-qui-l-ont-vecu-cf2e9e80-b670-11ec-b116-e879225002a2
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